Maserati veut quintupler ses ventes mais rester une marque élitiste

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  649  mots
La Maserati Ghibli
Maserati compte vendre 35.000 voitures cette année, soit plus du double de 2013, 50.000 en 2015, 75.000 en 2018. Mais la marque sportive et luxueuse de Fiat veut rester élitiste et exclusive. Pas question de démocratisation.

Maserati est en pleine offensive. La marque italienne de voitures sportives et luxueuses, qui avait quasiment disparu du paysage automobile malgré son image forte, a les faveurs du grand patron de Fiat Chrysler (FCA), Sergio Marchionne. Elle compte carrément quintupler ses volumes en cinq ans.  Mais la marque de Modène n'en veut pas moins rester exclusive et élitiste. Pas question de vraie démocratisation. Les prix vont de 68.700 à 153.700 euros (en France) aujourd'hui.

Ne pas rivaliser avec Porsche

Si elle semble a priori bien partie pour atteindre son objectif de ventes annuelles de 50.000 véhicules en 2015 et de 75.000 en 2018, contre 15.400 en 2013 et 35.000 environ prévus cette année, elle compte en rester là, selon Umberto Maria Cini, Directeur des ventes pour les marchés d'outre-mer. Pas question donc de rattrapper l'allemand Porsche et son objectif des 200.000 unités par an... Il est vrai que Porsche (groupe Volkswagen) a une assise industrielle et commerciale mondiale d'une toute autre ampleur.

Maserati s'apprête à lancer un très attendu "SUV", baptisé Levante, qui arrivera sur le marché fin 2015 ou en 2016, avec un certain retard sur les plans initiaux. Le 4x4 Levante, sur la même plate-forme que les autres modèles de la marque, sera in fine assemblé en Italie, alors qu'une industrialisation aux Etats-Unis avait été initialement envisagée sur une base proche du Jeep Grand Cherokee. D'où les retards. "20 à 25.000 unités annuelles" sont envisagées, nous précisait Harald Wester, patron de la firme au trident, au dernier salon de Genève début mars.

Plein de nouveautés, comme jamais

"Entre 2010 et 2014, on aura investi 1,5 milliard d'euros", précisait alors à La Tribune le patron de Maserati. Jamais, cette marque emblématique à l'histoire cahotique, longtemps moribonde, n'a lancé autant de nouveaux modèles. Elle a commercialisé en mars 2013 la longue et sculpturale limousine Quattroporte, puis en octobre 2013 la grande berline Ghibli (4,90 mètres de long), des rivales pour les versions de pointe des Mercedes S et E respectivement ou des BMW 7 et 5.

Ces deux italiennes, qui ont pour lourde mission de rétablir la crédibilité d'une marque aux produits marquants mais historiquement fort capricieux et très peu fiables, sont produites dans l'usine de Grugliasco, près de Turin, un ancien site du carrossier Bertone.

La Quattroporte la plus puissante arbore un V8 bi-turbo emprunté au sein de la marque-sœur Ferrari de 530 chevaux. La Ghibli propose des V6 de 330 et 441 chevaux en essence. Elle a aussi réalisé une première, en inaugurant le premier diesel de la marque, de 275 chevaux, qui est désormais monté également sur la Quattroporte.

Partage avec l'américain Chrysler

Toutes ces voitures comme le futur Levante partagent des éléments de plate-forme ainsi que le diesel avec la Chrysler 300 - alias Lancia Thema en Europe.  Logique: Fiat a racheté l'américain Chrysler et les deux groupes ont fusionné en début d'année.

Au salon de Genève, la firme au trident a présenté par ailleurs le concept de l'Alfieri, un magnifique coupé sportif à hautes performances, qui devrait arriver ultérieurement sur le marché. La  marque italienne vend aujourd'hui 40% des voitures aux Etats-Unis, 27% en Chine. Et, clairement, le  "SUV" Levante vise l'Amérique du nord et l'Asie-Pacifique.

Maserati a connu son heure de gloire avec les victoires en course du pilote argentin Juan Manuel Fangio dans les années 50. En 1968, elle passa sous le contrôle de Citroën à qui elle fournira le moteur six cylindres de la SM. Au milieu des années 70, Citroën l'abandonnera. Le label transalpin vivotera, passant même une première fois sous le contrôle de Chrysler, avant que Fiat ne reprenne son destin en mains en 1993. La firme est  regroupée en 2006 avec Alfa Romeo, elle-même reprise par Fiat en 1986. Mais il faut attendre le début des années 2010 pour que Fiat s'occupe vraiment enfin de Maserati. Une longue attente.