PSA remonte spectaculairement la pente avec Carlos Tavares

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  793  mots
Carlos Tavares, le nouveau dirigeant, est en avance sur son plan de marche
PSA devrait enregistrer un flux de trésorerie positif sur l'année 2014 et peut-être même... un bénéfice opérationnel. Les ventes ont augmenté de 5,5% au premier semestre, essentiellement en Europe et en Chine. Au bord du gouffre l'an dernier, PSA sort enfin la tête hors de l'eau.

PSA Peugeot Citroën était au bord du gouffre. Mais, recapitalisé en début d'année, le groupe automobile français amorce un remarquable redressement. "Nous avons mis fin à la consommation de cash chez PSA", souligne fièrement Carlos Tavares ce mercredi, en présentant les résultats semestriels du constructeur français dont il est le nouveau président.

"C'est encourageant", mais "nous avons encore beaucoup à faire", ajoute le dirigeant, qui, il y a un an encore, était le numéro deux  de Renault. Le constructeur en crise, dont l'Etat et le chinois Dongfeng détiennent désormais 14% du capital chacun,  affiche au premier semestre un flux de trésorerie libre ("free cash flow") positif de 1,51 milliard d'euros ! Pas mal pour une groupe qui enregistrait plus d'un milliard de flux de trésorerie négatif sur l'année 2013.

Une marge semestrielle de 1,7%

PSA affiche un bénéfice opérationnel courant sur les six premiers mois de l'année. Et ce, pour la première fois depuis 2010, à 477 millions d'euros. Avec une marge de 1,7%. Malgré une légère contraction du chiffre d'affaires à cause des effets de change. Les seules activités automobiles affichent un profit opérationnel de 128 millions, avec une marge de 0,6%, très faible certes mais positive néanmoins. Le résultat net demeure toutefois négatif avec une perte de 114 millions d'euros.

PSA affirme avoir amélioré le prix de vente moyen de ses véhicules (avec un gain semestriel de 230 millions) avec une réduction des ventes à pertes en Amérique du sud et en Russie notamment. Dans ces deux régions, PSA compte réduire ses déficits de 50% sur l'année. Le groupe affirme avoir aussi réduit ses coûts de production et d'achats.

Pour améliorer ses résultats, PSA a aussi été bien aidé par une reprise du marché en Europe. Même si, hélas, la reprise en France est plus fragile qu'ailleurs. Le constructeur a accru de 11,7% ses ventes au premier semestre sur le Vieux continent et de 27,7% en Chine. En Europe, la pénétration atteint 12,1%, utilitaires compris (12,2% il y a un an), en Chine elle frise les 4,2% (3,8% un an auparavant). Les hausses dans ces deux régions compensent les reculs ailleurs avec des ventes en dégringolade (-37,2% en Afrique-Moyen-Orient, -26,8% en Amérique latine, -26,5% en Eurasie - Russie essentiellement).

Un prix de revient en fabrication qui baisse

"Nous sommes passés à un taux d'utilisation de nos capacités de production en Europe de 84%, contre 72% en 2013. Sur la seule France, le taux d'utilisation atteint 66%, contre 61% en 2013", souligne Carlos Tavares. Le site de Sochaux est bien chargé grâce à la percée de la nouvelle compacte Peugeot 308, élue "voiture de l'année", Mulhouse aussi grâce à la 2008.  Mais, Poissy et surtout Rennes souffrent. En Europe, PSA retrouve les taux de saturation de ses capacités industrielles de 2011...

"Nous avons réduit nos prix de revient en fabrication de 446 euros par véhicule entre 2013 et 2014", ajoute le président du directoire. "Un tiers de cette réduction s'explique par la hausse des volumes, les deux-tiers par une réduction des coûts". Carlos Tavares indique par ailleurs : "les usines françaises ont un réel potentiel d'amélioration".

Une grande prudence de mise sur l'année

Carlos Tavares reste toutefois très prudent sur l'année. Le second semestre est moins bon, structurellement, que le premier à cause de la fermeture des usines en août et des perturbations des congés de Noël en décembre. Il n'empêche. Vu l'avance prise sur les six premiers mois, PSA devrait logiquement enregistrer un flux de trésorerie positif sur l'année. La firme automobile pourrait aussi finir l'exercice avec un résultat opérationnel à l'équilibre, même si c'est loin d'être certain et que le dirigeant du groupe refuse de prendre le moindre engagement sur ce plan eu égard aux incertitudes  générales.

Carlos Tavares cite parmi ces incertitudes des marchés européens encore faibles, notamment dans l'Hexagone, des marchés émergents qui ne parviennent pas à décoller (sauf la Chine), des effets de change toujours négatifs en Amérique latine et Russie... ainsi que le coût du passage des moteurs aux très sévères normes d'antipollution Euro 6, estimé à plusieurs centaines d'euros par véhicule sur les diesels. Or, PSA n'est pas sûr du tout de pouvoir répercuter ces surcoûts sur le prix de vente final au client...

Le dirigeant préfère réitérer officiellement ses objectifs d'un flux de trésorerie libre du groupe positif au plus tard en 2016 et une marge opérationnelle de 2% pour les activités automobiles en 2018. Des buts très prudents...