Les constructeurs auto allemands investissent chez eux... avec des contreparties

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  754  mots
La nouvelle Classe C de Mercedes est produite en Allemagne pour l'Europe.
L'industrie automobile germanique investit en Allemagne. Mais sous condition d'économies acceptées par les salariés. Daimler promet ainsi 1,5 milliards d'investissements à Stuttgart. Mais il faut que le coût de revient des voitures baisse....

L'industrie automobile germanique investit en Allemagne. Mais sous condition d'économies acceptées par les salariés. Daimler, maison-mère de Mercedes, annonce ainsi qu'il compte investir 1,5 milliard d'euros d'ici à 2020 dans l'usine historique de Sindelfingen, près de Stuttgart. Mais, c'est donnant-donnant. Ces investissements majeurs ont été négociés avec le comité d'entreprise, moyennant d'importantes réductions de coûts "de plusieurs centaines de millions d'euros sur plusieurs années", annonce le communiqué du constructeur à l'étoile.

Trois milliards d'euros promis

Car, s'il investit chez lui, Daimler exige une meilleure productivité avec davantage de flexibilité. Le coût de production d'un véhicule pourrait être réduit d'un cinquième. Première usine du groupe à fêter son centenaire l'an prochain, Sindelfingen emploie plus de 22.000 personnes.

Daimler prévoit d'investir au total trois milliards d'euros dans ses trois plus anciennes usines d'Allemagne, afin de les moderniser, en échange de quoi il réclame des horaires de travail rallongés. Ces contreparties permettraient des économies de 2 milliards d'euros dans la division automobile de Mercedes-Benz d'ici à 2015.

Réductions de coûts dans le groupe Volkswagen

Audi (groupe Volkswagen) a pour sa part un projet d'investir 22 milliards d'euros dans ses usines notamment allemandes d'ici à 2018. Mais la firme aux anneaux va mettre dans le même temps en place le programme "Business 2.0",  afin de réduire ses coûts. Dans une lettre adressée aux 50 000 salariés allemands de la marque, le président Rupert Stadler a récemment indiqué qu'Audi avait besoin de mieux contrôler ses coûts afin de pérenniser sa croissance future.

La marque Volkswagen doit  pour sa part améliorer grandement sa rentabilité, a souligné dernièrement, pour sa part, le président du directoire du groupe éponyme, Martin Winterkorn. "A court terme, nous avons de toute urgence besoin de plus d'efficacité et de profits plus élevés", avait précisé le patron devant plus de 20.000 salariés rassemblés au siège du consortium à Wolfsburg (Basse-Saxe).

BMW s'engage de son côté à produire la prochaine génération de la Série 6 dans son usine de Dingolfing. La production de ce modèle devrait débuter en 2017-2018. Mais, en guise de contrepartie, les salariés ont accepté de... réduire leur pause qui passera de quinze minutes actuellement à cinq . Cela permettrait à BMW de réaliser une économie de 35 millions d'euros par an. Un porte-parole du groupe munichois a précisé que le programme de réduction des coûts prévoyait des économies de "quelques centaines de millions d'euros par an".

Usines en concurrence mondiale

Pourtant, au vu de leurs résultats semestriels qui font état de ventes record et de profits substantiels, on aurait pu penser que les constructeurs germaniques ne seraient pas aussi obsédés par les gains de productivité. Mais, si elles veulent conserver la compétitivité de leurs produits, les usines allemandes doivent faire des efforts dans la compétition mondiale.

Surtout qu'elles sont de plus en plus en concurrence avec des sites en Europe de l'est ou en Amérique du nord. Même si les prix relativement élevés des Mercedes, Audi, BMW, voire de certaines Volkswagen, rend la pression des coûts moins contraignante que sur les véhicules petits ou compacts de Renault et PSA.

L'enjeu est de taille. En 2013, BMW a ainsi fabriqué pour la troisième année consécutive plus d'un million de véhicules en Allemagne, soit 50% de ses volumes de production mondiaux (contre moins de 20% en France pour Renault). Porsche produit encore la totalité de ses véhicules en Allemagne

Devenu au premier semestre le premier constructeur auto mondial avec 5,2 millions de véhicules vendus, le groupe Volkswagen a  affiché un profit opérationnel en hausse de 7% à 6,18 milliards sur la période. Soit une marge honorable de 6,3%. Le bénéfice net a crû de 15% sur le semestre à 5,58 milliards. Le groupe avait au 30 juin 14 milliards de liquidités nettes. Le constructeur de voitures haut de gamme Mercedes-Benz améliore de 68% son profit opérationnel (EBIT) au premier semestre à 2,59 milliards d'euros. Soit une marge opérationnelle de 7,5%. Voire 7,9% sur le seul deuxième trimestre.

Les constructeurs allemands, qui ont globalement maintenu les mêmes niveaux de production outre-Rhin qu'il y a dix ans, ont de fortes ambitions. Volkswagen veut rester définitivement le premier groupe automobile mondial. Mercedes compte détrôner ses rivaux pour devenir le premier constructeur de modèles haut de gamme. Et Audi comme BMW n'ont pas l'intention de se laisser faire.