Pékin s'en prend aux prix des voitures allemandes et américaines

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  510  mots
Audi est attaqué par les autorités chinoises
Audi, Mercedes et Chrysler (groupe Fiat Chrysler) sont dans le collimateur des autorités chinoises. Pékin leur reproche des prix trop élevés, notamment sur les pièces détachées.

Audi (groupe Volkswagen), Mercedes (groupe Daimler) et Chrysler (groupe Fiat Chrysler) sont dans le collimateur des autorités chinoises. Audi et Chrysler sont accusés en Chine de pratiques "monopolistiques", a annoncé ce mercredi une autorité chinoise de la concurrence, résolue à s'attaquer aux constructeurs étrangers. "Il a été constaté que les deux constructeurs avaient des comportements monopolistiques et ils seront sanctionnées conformément à la loi", a indiqué Li Pumin, porte-parole de la Commission nationale pour la réforme et le développement (NDRC).

Les enquêtes visant Audi et Chrysler sont "pratiquement achevées". En Chine, premier marché d'Audi qui y est implanté depuis 25 ans, les ventes du constructeur aux quatre anneaux ont bondi de 17,8% sur six mois à 268.666 exemplaires. En revanche, les volumes de Chrysler y demeurent assez marginaux.

Perquisition chez Mercedes

Le porte-parole a par ailleurs confirmé qu'une enquête visait Mercedes-Benz, dont les ventes en Chine ont crû de 37,5% à 135.972  unités sur les six premiers mois. Un média chinois affirme que neuf inspecteurs de la NDRC ont perquisitionné lundi dans des locaux de Mercedes-Benz, dans l'ouest de Shanghai, interrogeant des responsables et examinant des ordinateurs. Selon une source anonyme citée par Jiemian, site d'informations d'un groupe d'Etat de Shanghai, l'enquête "se concentre sur les prix pratiqués par Mercedes-Benz pour les véhicules" et "sa stratégie (commerciale) consistant à maintenir des prix minimum chez ses distributeurs".

Après une série d'enquêtes sur de grands groupes étrangers dans les secteurs de la pharmacie et de l'agroalimentaire, Pékin veut s'attaquer aux pratiques commerciales des constructeurs automobiles étrangers. L'enquête contre Daimler constitue "une véritable escalade", affirme, citée par l'AFP, Namrita Chow, principal analyste du cabinet IHS Automotive à Londres. Selon elle, l'enquête ne semble pas viser une éventuelle "entente de prix" entre plusieurs entreprises, mais plutôt les prix de pièces détachées en Chine, que Pékin estime exagérément élevés par rapport à d'autres marchés.

Prix de pièces vont baisser

Les autorités chinoises affirment avoir par ailleurs achevé une enquête sur douze équipementiers japonais, dont les résultats seront rendus publics sous peu et les noms ne sont pas connus. La Chine impose de lourdes taxes douanières sur l'importation de véhicules et de pièces détachées, ce qui explique le prix de vente très élevé des pièces dans le pays, selon ce qu'expliquent les constructeurs.

Daimler a toutefois annoncé dimanche qu'il va baisser les prix de plus de 10.000 pièces détachées pour ses voitures Mercedes-Benz en Chine, à partir du 1er septembre, en moyenne de 15%. Audi compte les diminuer également, allant jusqu'à 38% de rabais, à partir du 1er août.

En plus des véhicules produits sur place, les marques de haut de gamme importent d'Europe leurs modèles les plus huppés. En revanche, les constructeurs généralistes comme PSA vendent essentiellement ce qu'ils fabriquent sur place et importent très peu de modèles, les droits de douane les rendant quasiment invendables.