Avtovaz, le fabricant russe des Lada contrôlé par Renault, plonge

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  752  mots
Pas chère, la Lada Granta reste la voiture la plus vendue en Russie.
Les ventes de voitures en Russie plongent, avec peu de perspectives de reprise à l'horizon. Le premier constructeur russe Avtovaz, le fabricant des Lada contrôlé par l'Alliance Renault-Nissan, dégringole, alors qu'il n'exporte quasiment pas.

Les ventes automobiles en Russie, deuxième marché en Europe après l'Allemagne, ont plongé en juillet, avec peu de perspectives de reprise à l'horizon. Et ce, au grand dam d'Avtovaz, le premier constructeur russe désormais contrôlé par l'Alliance Renault-Nissan, mais aussi de Renault lui-même, très implanté historiquement sur place.

Ventes en chute libre

Selon les chiffres officiels de l'AEB, les ventes de véhicules particuliers et d'utilitaires neufs ont chuté de 23% le mois dernier - par rapport à juillet 2013 - à 180.767 unités en Russie, après une baisse de 17,3% en juin. Sur l'ensemble des sept premiers mois de 2014, les immatriculations s'affichent en baisse de 9,9% à 1,41 million d'exemplaires. "La contraction du marché se poursuit et prend de la vitesse en juillet. La tendance globale est inquiétante et ne risque pas de s'améliorer à court terme", souligne Joerg Schreiber, président du comité automobile de l'AEB.

Après plusieurs années de croissance spectaculaire, les immatriculations ont connu en Russie une chute quasi-ininterrompue depuis plus d'un an. De l'avis des experts, elles subissent les conséquences du ralentissement économique, qui s'est brusquement accentué en raison de la crise ukrainienne et de la menace de sanctions occidentales contre l'économie russe.

Les Lada frappées de plein fouet

Le constructeur russe Avtovaz, le célèbre fabricant des Lada,  a vu ses ventes en Russie chuter d'un quart en juillet (à 28.014 véhicules) et de 16% sur sept mois (à 220.822). Fâcheux, alors que le constructeur n'exporte quasiment pas. Renault fait pour sa part mieux que le marché total puisqu'il fléchit de16% seulement en juillet (à 15.219) et de 9% (à 111.640) sur sept mois. Au cumul depuis juillet, Renault reste la deuxième marque en Russie derrière Lada, et la première importée, tout juste devant la coréenne Kia. Le groupe Avtovaz-Renault-Nissan détient 29,2% du marché russe (en juillet), dont 15,5% pour Avtovaz et 8,4% pour Renault.

Le 4x4 Dacia Duster, vendu en Russie sous le label Renault et produit à Moscou, est la quatrième voiture la plus populaire derrière la Lada Granta et deux coréennes (Hyundai Solaris, Kia Rio). En juillet, le Duster devance la Renault Logan et la Lada Largus, qui n'est autre qu'une Logan break rebaptisée!

Renault et Nissan contrôlent Avtovaz

Renault détenait jusqu'ici 25% d'Avtovaz. Mais l'alliance Renault-Nissan a finalisé sa prise du contrôle du premier constructeur automobile russe le 18 juin en toute discrétion à cause de la tension diplomatique internationale entre l'Europe et la Russie à propos de l'Ukraine. La part effective de l'Alliance Renault-Nissan dans le capital d'Avtovaz est aujourd'hui de 50%. Renault détient désormais pour sa part 33% de l'entreprise russe et Nissan les 17% restants. La transaction représente un investissement de 23 milliards de roubles (environ 500 millions d'euros) depuis la signature de l'accord fin 2012.

Avtovaz, qui détient une usine géante créée dans les années 60 par le régime soviétique avec l'aide des ingénieurs de... Fiat àTogliatti (mille kilomètres au sud-est de Moscou), a dû annoncer récemment  qu'il allait supprimer 13.000 emplois. Le groupe précise que, à la fin de l'an dernier, 65.891 personnes travaillaient sur le site. Des effectifs énormes, hérités de la période soviétique.

Avtovaz a enregistré l'an dernier une perte nette de 7,9 milliards de roubles (161 millions d'euros). Malgré l'aide de Renault, les niveaux de productivité sont très loin de ceux de la concurrence internationale. Bâtie initialement pour produire la Fiat 124 de 1966 - dont la production a été stoppée en début d'année 2012 -, l'usine de Togliatti  vise une production de presque un million d'unités vers... 2017. On en est loin aujourd'hui.

Des modèles peu fiables et obsolètes

Longtemps constituée de modèles archaïques, au manque de fiabilité légendaire, mais pas chers, la gamme Lada se renouvelle progressivement, avec le soutien de Renault. Mais, on n'en est qu'au début. Les ingénieurs du groupe français ont installé en 2011 à Togliatti  une ligne d'assemblage de véhicules sur la plate-forme "Entry" (entrée de gamme de type Logan).

Renault vient de démarrer à Togliatti  la production de ses Logan II et Sandero II. Ces deux modèles seront présentés officiellement au salon de Moscou, fin août. Renault contribue, avec Nissan, à maintenir la production à Togliatti, un site en surcapacités chroniques. Renault a saturé pour sa part son propre site de fabrication moscovite d'Avtoframos, lequel a démarré la production des premières Logan en 2005. Il a ensuite produit également des Sandero et Duster.