Audi acceptera les sanctions chinoises... pour cause de prix élevés

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  601  mots
Audi S6, la grande berline sportive de la firme aux anneaux
Audi a annoncé, ce lundi, qu'il "allait accepter" une sanction des autorités chinoises, après la mise au jour de "pratiques monopolistiques". Chrysler, Mercedes, Toyota, Honda, Nissan, sont aussi sur la sellette.

Alors que les japonais Toyota, Honda et Nissan sont désormais également sur la sellette, Audi a annoncé, ce lundi, qu'il "allait accepter" une sanction des autorités chinoises, après la mise au jour par une enquête de "pratiques monopolistiques" dans le pays. Des investigations des régulateurs dans la province du Hubei (centre) ont identifié "des violations aux lois (chinoises) anti-monopole" dans le réseau des concessionnaires Audi, souligne la  filiale haut de gamme du constructeur allemand Volkswagen.

La coentreprise concernée, FAW-Volkswagen, "a coopéré étroitement à l'enquête et acceptera la sanction", souligne le constructeur. FAW-Volkswagen est une co-entreprise à 50-50 avec le groupe chinois First Automotive Works, qui produit notamment des Audi en Chine.

La Commission nationale pour la réforme et le développement (NDRC), une des autorités nationales de la concurrence, avait accusé la semaine dernière Audi et l'américain Chrysler (Fiat Chrysler Automobiles) de "pratiques monopolistiques". "Ces deux entreprises (...) seront sanctionnées conformément à la loi", avait-elle ajouté, précisant qu'elle enquêtait depuis plus de deux ans sur le secteur automobile.

Dans la déclaration publiée par Audi China, celle-ci ne précise pas explicitement si elle reconnaît les faits. Mais la firme allemande de haut de gamme n'avait pas d'autre solution diplomatique... que d'acquiescer. "Les procédures de management dans les ventes et les réseaux de concessionnaires sont en cours d'amélioration, afin d'éviter que des incidents similaires se répètent à l'avenir", assure Audi.

Prix des voitures et des pièces élevés

Le régulateur a par ailleurs fait état d'enquêtes visant l'allemand Mercedes (groupe Daimler) ainsi que Toyota, Honda et Nissan. Depuis l'an dernier, les régulateurs chinois ont lancé de vastes enquêtes sur les pratiques commerciales de grands groupes étrangers, notamment des laboratoires pharmaceutiques, des fabricants de lait infantile ou, plus récemment, des firmes informatiques.

Les autorités chinoises se disent préoccupées par les prix des véhicules et des pièces détachées dans le pays, considérés comme exagérément élevés. Dans le collimateur des autorités, plusieurs constructeurs comme Mercedes-Benz, Audi, Chrysler, Jaguar Land Rover, Toyota, Honda, ont du coup annoncé, précipitamment, des réductions de leurs prix de pièces détachées en Chine ainsi que des tarifs de certains modèles.

Daimler a annoncé une baisse des prix de plus de 10.000 pièces détachées pour ses voitures Mercedes-Benz en Chine, à partir du 1er septembre, en moyenne de 15%. Audi les diminue également, allant jusqu'à 38% de rabais, à partir du 1er août.

Droits de douane importants

La question est complexe car les droits de douane sont importants en Chine sur les véhicules et pièces importés. D'où les tarifs élevés, expliquent les constructeurs. Mais il est vrai, par ailleurs, que ces mêmes constructeurs réalisent d'excellentes marges sur les véhicules de haut de gamme vendus sur place.

Le marché automobile chinois, le premier du monde et de loin, connaît toujours une croissance insolente. Pour plusieurs constructeurs, c'est le premier débouché mondial. C'est le cas d'Audi, qui y est implanté depuis 25 ans, les ventes du constructeur aux quatre anneaux ayant bondi de 17,8% sur six mois à 268.666 exemplaires. A l'occasion de la visite d'Angela Merkel en Chine, en juillet, le consortium Volkswagen a annoncé deux usines supplémentaires sur place. Il dispose aujourd'hui de 17 sites industriels. Il vise plus de 3,5 millions de ventes cette année (Audi compris) sur place. Difficile, dès lors, de se brouiller avec les pouvoirs publics chinois...