Automobile : l'électrique continue de perdre des parts de marché en Europe

Par latribune.fr  |   |  995  mots
Alors que les immatriculations des voitures électriques ont progressé, leur part de marché, elle, s'effrite. (Crédits : Kasto – fotolia.com)
L'électrique continue à perdre des parts de marché en Europe, à 12% en février, l'Allemagne et la France ayant annoncé des coupes dans leurs politiques d'aides à l'achat.

L'électrique commence à être de plus en plus à la peine sur le marché européen. Alors que les immatriculations des voitures électriques ont progressé, leur part de marché, elle, s'effrite. La croissance des ventes de voitures électriques a ainsi ralenti au mois de février dans l'Union européenne, selon les chiffres publiés par l'Association des constructeurs (ACEA), ce jeudi.

Dans le détail, les immatriculations de voitures électriques ont progressé en volume en février 2024 de 106.187 unités, soit une augmentation de 9% sur un an. Et ce, comme l'ensemble du marché, qui comptabilise 883.608 unités, soit +10,1%, par rapport à février 2023. Mais après deux ans de forte progression, les électriques voient leur part de marché stagner à 12% en février, contre 14,6% sur toute l'année 2023, au profit des voitures hybrides.

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Les hybrides remportent le gros lot

En effet, plus dynamiques que les électriques, les voitures hybrides ont emporté le gros de la croissance des ventes dans la plupart des pays avec 255.511 unités vendues, c'est-à-dire +24,7% sur un an. Les hybrides représentent désormais 28,9% du marché et talonnent de plus en plus les voitures à essence et leurs 35,5% de parts de marché (313.821 unités, +6,1%).

Alors que la vente de voitures à moteur thermique va être interdite en Europe en 2035, tous les constructeurs ont musclé leur offre de voitures hybrides et électriques. Mais les hybrides restent pour le moment plus accessibles que les électriques, et plus polyvalentes. De leurs côtés, les voitures diesel poursuivent donc leur baisse à 113.891 unités, soit -5,1%, malgré un léger rebond en Allemagne. Elles représentent ainsi 12,9% du marché.

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L'électrique voit ses aides s'abaisser

L'électrique perd des parts de marché à cause notamment d'un fort recul des ventes en Allemagne (-15,4%), principal marché européen. Or, les aides à l'achat y ont été supprimées brutalement fin 2023. Le gouvernement d'Olaf Scholz a décidé d'arrêter quasiment du jour au lendemain son programme d'aides en raison de contraintes budgétaires.

Pénalisant pour le secteur automobile en pleine transition électrique, ce ralentissement du segment des voitures à batterie s'ajoute au manque de dynamisme de l'ensemble de la branche, puisque les chiffres de vente et de production sont inférieurs au niveau d'avant la pandémie de Covid-19 et devraient le rester en 2024.

Les électriques restent aussi faibles sur d'autres grands marchés, comme l'Espagne ou l'Italie, mais elles ont continué à progresser en Belgique, aux Pays-Bas ou encore en France. Cette dernière a notamment pu bénéficier du leasing social. Pourtant, ce dispositif permettant aux moins aisés d'accéder à une voiture électrique pour 100 euros par mois, a été suspendu début février après avoir été victime de son succès. Le gouvernement avait, en effet, initialement évoqué un quota de 20.000 à 25.000 voitures pour 2024. L'opération est censée donc redémarrée fin 2024 pour l'année 2025.

Le gouvernement a également fait un coup de rabot sur d'autres aides à l'achat. Le bonus écologique a ainsi été réduit de 1.000 euros pour les ménages les plus aisés. En outre, la prime à la casse a été retirée pour les véhicules hybrides et thermiques peu polluants. Concernant les entreprises, la suppression du bonus à l'achat inquiète aussi l'écosystème de la voiture électrique, alertait en février l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere).

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La Chine et les Etats-Unis à la conquête de l'électrique

A l'international, les tendances concernant l'électrique sont toute autre. En Chine, par exemple, quelque 600.000 véhicules entièrement électriques ont été écoulés cette année en janvier et février, au niveau des ventes au détail. Ce type de modèle affiche de nouveau une forte progression sur l'immense marché chinois (+18,2% en janvier-février sur un an). Quelque 459.000 modèles hybrides ont également été vendus en janvier et février (+74,9% sur un an), selon la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA).

Des dizaines de marques locales innovantes ont vu le jour ces dernières années en Chine, premier marché automobile mondial. Elles rivalisent avec des constructeurs étrangers qui peinent souvent à s'adapter, à l'exception notable de Tesla. L'Union européenne, qui s'inquiète pour ses constructeurs de la forte progression des marques chinoises sur son marché de l'électrique, a ouvert en septembre une enquête sur des soupçons de concurrence déloyale.

Outre-Atlantique, pour renforcer le marché de l'électrique, les Etats-Unis n'ont pas parié sur des aides à l'achat pour renforcer la demande, mais ont plutôt joué sur l'offre. Ainsi, le gouvernement américain a annoncé mercredi avoir finalisé de nouvelles normes sur les émissions polluantes des automobiles, les plus strictes jamais adoptées, avec pour but d'accélérer le passage aux voitures électriques.

Concrètement, il reviendra aux constructeurs de choisir quelles technologies ils adoptent pour réduire leurs émissions. Ils pourront améliorer l'efficacité des moteurs des voitures à essence, mais surtout déterminer leur part de véhicules sans émissions (électriques) ou à faibles émissions (hybrides rechargeables).

Les constructeurs continuent de progresser en Europe

Toutes motorisations confondues, le marché des voitures neuves en Europe a progressé de 5,4% en Allemagne, 13% en France, de 12,8% en Italie et 9,9% en Espagne.

Du côté des constructeurs, le groupe Stellantis profite en priorité de cette hausse avec 172.268 voitures vendues (+12% et 19,5% de parts de marché), notamment grâce à un rebond de sa marque Citroën. Le leader européen Volkswagen affiche aussi une progression par rapport à la base de comparaison basse de février 2023, avec 25,9% de parts de marché (228.886 unités, +9,8%). Le groupe Renault voit, lui, sa part de marché reculer à 10,4% (91.722 unités, +5,8%). Le groupe Toyota affiche quant à lui une nette progression (+16,8%) et revient à égalité avec Hyundai-Kia (+2,3%), à 7,8% de parts de marché.

(Avec AFP)