Tesla : quatre choses à savoir sur sa gigafactory berlinoise victime d'un incendie

Après l'incendie qui bloque la production de Tesla dans sa gigafactory de Berlin, l'heure est au bilan. Plusieurs centaines de millions d'euros de préjudice sont à attendre. Retour en quatre points sur cette méga-usine, berceau de la production de Tesla en Europe.
Dans son usine berlinoise, Tesla vise une augmentation rapide de sa production à 1 million de voitures par an.
Dans son usine berlinoise, Tesla vise une augmentation rapide de sa production à 1 million de voitures par an. (Crédits : Annegret Hilse)

« Soit il s'agit des éco-terroristes les plus stupides de la planète, soit ce sont les marionnettes de ceux qui n'ont pas de bons objectifs environnementaux. » C'est la réaction d'Elon Musk à la suite d'un sabotage mardi par un groupuscule d'extrême gauche baptisé « Vulkan ».

Ces militants ont en effet incendié volontairement un pylône électrique situé à proximité de la gigafactory de Tesla à Grünheide, au Sud-Est de Berlin. De fait, l'usine a dû stopper sa production en raison d'une panne de courant et devrait être en arrêt pour plusieurs jours encore. Le milliardaire à l'origine de Tesla a aussi déclaré qu'il était « stupide » de cibler les usines de véhicules électriques plutôt que celles de voitures thermiques.

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  • Plusieurs centaines de millions d'euros de préjudice

D'autant que cet arrêt coûte cher. « Un montant à neuf chiffres », a annoncé Elon Musk. En moyenne, « une usine produit environ une voiture par minute et chaque voiture non produite coûte 20.000 euros », confirme Eric Esperance, associé au cabinet Roland Berger. Au moment de la coupure, Tesla a déclaré que 1.000 voitures étaient sur la ligne de production, soit une perte de 20 millions d'euros environ.

Une facture salée qui s'ajoute à celle, déjà importante, causée par l'arrêt de la production dans l'usine entre le 29 janvier et le 11 février. En cause : une pénurie de pièces due à l'allongement des itinéraires de transport liée aux attaques des Houthis en mer Rouge. Pour pallier ces attaques, les entreprises doivent déplacer les routes de transport entre l'Europe et l'Asie via le Cap de Bonne-Espérance, rallongeant de 10 à 20 jours les temps de livraison.

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En plus du préjudice économique, cette attaque risque d'entraîner des retards de livraisons en Europe, alors même que le constructeur a publié de très mauvais chiffres de livraisons au départ de son usine en Chine qui alimente l'Europe en Model 3. Après publication de ces chiffres, l'action Tesla a perdu près de 12% en Bourse.

Concernant les répercussions sur l'image de la société, « c'est à la marge », estime Eric Esperance. Hier, les 12.000 ouvriers de l'usine ont été renvoyés chez eux et ne savent pas à quel moment l'usine redémarrera.

  • La production du Model Y, éligible au bonus écologique français, compromise

Ces interruptions de production successives tombent au plus mal, alors que la France a décidé de mettre en place une condition de localisation de production dans son attribution d'aide à l'achat de voitures électriques neuves. Seule la Model Y de Tesla fabriquée à Berlin peut bénéficier des 4.000 euros à 7.000 euros d'aide en France depuis décembre dernier. Les ventes de cette dernière ont par ailleurs augmenté en France en ce début d'année et la cadence dans la gigafactory devra suivre la demande sur ce SUV très prisé.

Car, outre la France, le monde raffole de cette Model Y affichée à partir de 42.990 euros en France hors bonus. Cette voiture a ainsi été commercialisée à 1,23 million d'exemplaires en 2023, loin devant le Rav4 de Toyota (1,07 million d'unités). C'est la première fois qu'un véhicule électrique arrive en tête du classement mondial des ventes, d'après le cabinet Jato Dynamics. Hormis Berlin, Tesla possède deux usines aux Etats-Unis et une en Chine pour la fabrication de ce modèle star, et toutes produisent d'autres modèles en parallèle.

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  • Une usine clef pour la percée de Tesla en Europe

Malgré de très bons résultats de ventes, Tesla ne compte pas s'arrêter là. L'entreprise d'Elon Musk vise une augmentation rapide de sa production dans sa gigafactory berlinoise, à 1 million de voitures par an, faisant d'elle la plus grande usine automobile d'Europe. Aujourd'hui, la capacité totale de cette gigafactory est de 500.000 unités par an, mais la production réelle serait autour de 250.000 voitures électriques annuelles.

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Pour augmenter la cadence, Tesla prévoit de créer une extension destinée notamment à la production d'un nouveau modèle, autour de 25.000 euros. En plus des voitures électriques, Tesla produit des batteries sur son site depuis peu. Le constructeur veut atteindre les 100 gigawatts-heures annuels. Ce grand chantier, annoncé il y a quatre ans, devrait occuper au moins 120 hectares, en plus des 300 hectares utilisés par l'usine actuelle.

  •  Une catastrophe écologiqueselon des opposants à l'usine

Le chantier pharaonique de cette usine Tesla a nécessité la destruction d'une partie de la forêt l'entourant. Un fait dénoncé par un certain nombre d'habitants de la commune. Dans un référendum récent, plus de 3.499 personnes se sont d'ailleurs opposés au projet d'extension de l'usine, contre 1.882 favorables, avec un taux de participation de 70%. Plusieurs associations environnementales, Greenpeace en tête, dénoncent également les quantités d'énergie et d'eau, dans une zone partiellement protégée, touchée par la sécheresse et les pénuries.

« Les gigafactories ont un impact écologique majeur », confirme Eric Esperance, car elles consomment plus d'énergie qu'une usine de production thermique.

Pour empêcher la construction d'une nouvelle extension de l'usine, des militants, membres du collectif Robin Wood, ont par ailleurs installé des cabanes dans les arbres de la forêt destinée à être rasée. Le collectif Vulkan, auteur du sabotage, s'est quant à lui « fixé pour objectif de réaliser le plus grand black-out possible de la Gigafactory » car Tesla « mange de la terre, des ressources, des hommes, de la main d'œuvre et crache pour cela 6.000 SUV, machines à tuer et monster trucks par semaine», a-t-il dénoncé dans un message posté sur Indymedia, une plateforme américaine de médias alternatifs.

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Commentaires 3
à écrit le 06/03/2024 à 21:14
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Et donc?...Musk et Tesla n'existeraient pas que le Monde continuerait de tourner. Mieux ou moins bien, poyr nous, les "pekins de base", ça ne changera pas notre quotidien .

à écrit le 06/03/2024 à 20:22
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Quand je pense à tout ce CO2 dégagé. Sauf qu'Elon MUSK n'a pas le choix pour trouver suffisamment de compétences : il doit aller en Allemagne. Nous, on peut juste lui proposer des compétences pour faire pousser du blé...

à écrit le 06/03/2024 à 19:54
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Les voitures Tesla ne sont pas très écologiques

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