Dieselgate : trois dirigeants de Volkswagen renvoyés devant la justice

Herbert Diess, l'actuel PDG de Volkswagen, mais également l'ancien, Martin Winterkorn, ainsi que le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, devront répondre des faits de "manipulation de cours de Bourse", pour ne pas avoir informé les actionnaires des risques créés par le trucage des émissions polluantes de leurs moteurs diesel. De son côté, Daimler se voit également infligé une amende conséquente, la première qu'il se reçoit en Allemagne.
Nabil Bourassi
Sur cette photo qui date du 17 septembre 2015, Martin Winterkorn, alors PDG de Volkswagen, et Herbert Diess (à d.), président de Volkswagen Passenger Cars (et futur successeur), tiennent conférence lors du Salon automobile de Francfort de 2015, en présence de la chancelière allemande, Angela Merkel. Le lendemain, le vendredi 18 septembre, les autorités américaines contraignaient le constructeur à rappeler près de 500.000 véhicules, le menaçant de lourdes pénalités pour tricherie.
Sur cette photo qui date du 17 septembre 2015, Martin Winterkorn, alors PDG de Volkswagen, et Herbert Diess (à d.), président de Volkswagen Passenger Cars (et futur successeur), tiennent conférence lors du Salon automobile de Francfort de 2015, en présence de la chancelière allemande, Angela Merkel. Le lendemain, le vendredi 18 septembre, les autorités américaines contraignaient le constructeur à rappeler près de 500.000 véhicules, le menaçant de lourdes pénalités pour tricherie. (Crédits : Reuters)

Daimler et Volkswagen ont été rattrapés mardi par la justice allemande dans deux procédures liées au "dieselgate". Si le constructeur des Mercedes s'en sort à ce stade avec une amende, Volkswagen voit trois dirigeants renvoyés devant la justice.

Le parquet de Brunswick a demandé le renvoi devant un juge pour "manipulation de cours boursier" de l'actuel PDG du constructeur automobile allemand, Herbert Diess, de son président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, ainsi que de l'ancien président du directoire du groupe, Martin Winterkorn.

Selon l'acte d'accusation de 636 pages, M. Winterkorn était au courant "au plus tard depuis mai 2015", M. Pötsch, alors son directeur financier "depuis le 29 juin 2015" et M. Diess en charge de la marque Volkswagen "depuis le 27 juillet 2015" de la dite manipulation et de ses conséquences possibles.

Mais la première communication n'est intervenue qu'en septembre, lorsque Martin Winterkorn avait reconnu la manipulation de véhicules diesel aux Etats-Unis et dans le monde dans le but d'afficher des niveaux d'émission polluante inférieurs à la réalité et aux normes admises.

Accusés d'avoir mal informés... les marchés financiers

Tous trois sont mis en accusation pour avoir "sciemment" informé "trop tard" les marchés financiers des conséquences financières du scandale se comptant "en milliards", et ainsi "influencé le cours boursier" de VW, a indiqué le parquet dans un communiqué.

Ces révélations ont entraîné une dégringolade du cours de l'action Volkswagen avec des pertes énormes pour des milliers de petits et gros actionnaires du constructeur, qui ont parallèlement engagé une procédure judiciaire collective.

En tout, 11 millions de véhicules truqués se sont retrouvés sur le marché, et le scandale est devenu mondial... et contagieux pour les autres constructeurs allemands, comme Daimler et BMW soupçonnés de pratiques similaires.

D'autres procès à venir pour "fraude aggravée", "abus de confiance"...

Les avocats de la défense de M. Winterkorn se sont dit "surpris" mardi par la décision du procureur de Brunswick de demander le renvoi de leur client devant la justice, parlant d'un acte "incompréhensible".

Quant à M. Diess, toujours aux manettes du fleuron industriel allemand, il a affirmé en septembre lors d'une interview à l'AFP en marge du salon de l'automobile de Francfort qu'il était "hors de question" pour lui de démissionner s'il était renvoyé devant un juge.

Selon toute probabilité, le tribunal de Brunswick va désormais valider le procès, lequel ne sera pas le seul dans le cadre du "dieselgate".

Martin Winterkorn se prépare ainsi déjà depuis avril à un autre procès et cette fois sur le coeur du dossier. Il est mis en accusation pour "fraude aggravée", "abus de confiance" et "violation de la loi contre la concurrence déloyale", aux côtés de quatre autres prévenus.

Le "dieselgate" a déjà coûté au groupe de Wolfsburg plus de 30 milliards d'euros en amendes, frais juridiques et dédommagements de clients à l'entreprise.

870 millions d'amende, une première pour Daimler dans son pays

Si Volkswagen est déjà rompu aux amendes et procédures judiciaires, Daimler se confronte à sa première sanction en Allemagne.

Dans un hasard de calendrier judiciaire, et quelques heures seulement après la décision concernant Volkswagen, Daimler s'est vu infliger mardi par le parquet de Stuttgart une amende de 870 millions d'euros.

Le parquet a établi une "violation par négligence" au sein du service de Daimler AG chargé des certifications ayant "abouti à l'homologation de véhicules diesel par les autorités, bien que leurs émissions d'oxydes d'azote ne soient parfois pas conformes aux exigences réglementaires".

Daimler, qui a toujours crié son innocence, a annoncé accepter la sanction et a dit renoncer à faire appel de l'amende.

Quatre enquêtes pénales toujours en cours

Il continue néanmoins de rejeter les conclusions de l'agence allemande de l'automobile (KBA), qui exige depuis deux ans le rappel de 700.000 véhicules truqués à travers le monde.

Pour le concurrent de Volkswagen, la procédure administrative pour infraction est donc close.

Mais reste les enquêtes pénales visant quatre de ses responsables, et qui sont elles toujours en cours.

Nabil Bourassi

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Commentaires 4
à écrit le 25/09/2019 à 15:02
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Au départ je me disais, même si il ne se passait rien en France, viendrait un jugement, mais en fait c'est en Allemagne !!!!!! C'est marrant ici ou l'on peut constater que les multinationales sont intouchable !!!!! Ce qui explique pourquoi et sur...

à écrit le 25/09/2019 à 9:43
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Et en France ? On en est ou des tests voulus par segogo ? Ahlala, la justice français, toujours prompte à fusiller les manants et protéger les puissants. Idem, on en est où de l'histoire du lait infantile contaminé ? Et s'il n'y avait que cela...

à écrit le 25/09/2019 à 8:30
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Et les actionnaires, principaux responsables car propriétaires vont toujours s'en sortir sans problème ou comment déresponsabiliser des gens et on sait ce que cela donne déjà de déresponsabiliser les citoyens alors les propriétaires de capitaux et d'...

à écrit le 24/09/2019 à 22:03
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VW a annonce l'intention de vendre 2 a 3 millions vehicules electriques par an par 2025. Elle venait de reveler le ID3 le 9 septembre - leur premiere VE dedie pour le marche du masse. Mais a l'IAA a Francfort M. Diess a egalement annonce que l'offre ...

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