Fin de la voiture thermique : Paris veut freiner les ambitions de Bruxelles

Par latribune.fr  |   |  520  mots
La France va continuer à promouvoir les hybrides rechargeables, a indiqué l'Elysée à l'issue d'une réunion avec la filière automobile. (Crédits : Shutterstock)
Emmanuel Macron a reçu ce lundi la filière automobile qui appelle à l’aide pour financer sa transition écologique. Le gouvernement prépare un plan pour la fin de l'été. La réunion a aussi permis de confirmer la position de la France qui défend une transition plus lente que celle qui sera proposée par l'UE sur la fin des moteurs à essence.

A deux jours des propositions de la Commission européenne pour une nouvelle réglementation du secteur automobile, Emmanuel Macron a reçu ce lundi les représentants de la filière. Renault, Stellantis (Peugeot-Fiat) et Toyota, les équipementiers, partenaires sociaux et représentants des filières étaient autour de la table. La France continuera à promouvoir les hybrides rechargeables face à la probable proposition européenne d'interdiction des moteurs thermiques, catégorie dans laquelle font partie les voitures hybrides, a indiqué l'Elysée à l'issue de cette réunion.

La Commission européenne s'apprête en effet à donner un coup d'accélérateur au processus de décarbonation de l'industrie automobile, et envisage la suppression complète des émissions automobiles à partir de 2035, selon plusieurs sources. Les véhicules électriques deviendraient ainsi les seuls autorisés sur le marché du neuf.

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"Un objectif réaliste"

Mais la France ne voit pas les choses du même œil et opte de son côté pour une transition plus lente. "Les hybrides rechargeables sont une bonne solution de transition, il faut qu'ils soient une option de transition dans la durée", a indiqué l'Elysée. "On n'a pas acté la fin du moteur thermique en 2035, ça fermerait la porte à l'hybride également".

Pour 2030, le gouvernement français et la filière militent pour "un objectif réaliste", "autour de 55% de baisse des émissions maximum", soit moins que ce que devrait proposer la Commission européenne.

Le gouvernement prépare d'ailleurs dans ce sens, pour la fin de l'été, un plan d'investissements pour soutenir la transition du marché automobile, selon l'Elysée, un an après la mise en œuvre d'un plan de relance de la filière en mai 2020, doté de huit milliards d'euros. Une "cartographie détaillée de l'impact de cette transition et des moyens de l'Etat qui peuvent être mis en place", filière par filière, doit également être présentée au Premier ministre.

17 milliards d'euros

La Plateforme automobile (PFA), qui représente la filière, estime à 17 milliards d'euros l'enveloppe nécessaire pour localiser en France "dans les cinq ans les technologies clés de l'automobile du 21ème siècle". La plateforme estime à 30% le niveau d'aide publique requis. PFA, qui se fonde sur un rapport du cabinet McKinsey, indique par ailleurs que 6,6 milliards d'euros devront être débloqués pour être investis dans l'installation de bornes de recharges publiques, nécessaires pour les deux millions de véhicules électriques attendus en 2025.

Dans un marché globalement en recul à cause de la pandémie de Covid-19, les voitures électriques progressent fortement depuis 2020. Elles ont représenté près de 8% des immatriculations en Europe de l'Ouest sur les cinq premiers mois de l'année, soit 356.000 véhicules, "plus que sur l'ensemble de l'année 2019", selon l'analyste allemand Matthias Schmidt. Plusieurs groupes automobiles ont déjà annoncé le retrait progressif des moteurs à combustion de leurs gammes, à l'image de Volkswagen, Volvo (2030) ou Jaguar (2025).

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(Avec AFP)