Voiture électrique : Stellantis casse sa tirelire pour rester dans une course qui s'accélère

Le patron du groupe automobile franco-italien réunissant quatorze marques a annoncé un plan massif tourné vers la voiture électrique. Celui qui a fait de la frugalité et de la performance financière l'alpha et l'omega de sa stratégie de redressement de PSA, a annoncé un plan massif pour faire de l'électrification, un volet de croissance majeur. Non sans donner des gages de retour sur investissement...
Nabil Bourassi
Carlos Tavares vient d'annoncer une enveloppe de 30 milliards d'euros d'ici 2025 pour accélérer l'électrification du groupe.
Carlos Tavares vient d'annoncer une enveloppe de 30 milliards d'euros d'ici 2025 pour accélérer l'électrification du groupe. (Crédits : REBECCA COOK)

Carlos Tavares sort le bazooka. Le patron de Stellantis vient d'annoncer un plan massif dédié à l'électrification du groupe aux 14 marques, issu de la fusion en janvier dernier de PSA (Peugeot, Citroën...) et FCA (Fiat, Chrysler, Alfa Romeo...). Cet adversaire historique et assumé du tout électrique vient d'annoncer une enveloppe de 30 milliards d'euros d'ici 2025 pour accélérer cette technologie.

« Nous nous engageons à offrir des véhicules iconiques dont les performances, les prestations, le design, le confort et l'autonomie électrique seront en parfaite symbiose avec la vie quotidienne », explique Carlos Tavares, cité dans un communiqué de presse. « La stratégie que nous avons présentée aujourd'hui repose à la fois sur un montant d'investissement adéquat et sur la bonne technologie, pour arriver sur le marché au bon moment, mettant Stellantis en position d'offrir toujours plus de liberté de mouvement, de la manière la plus efficace, abordable et durable qui soit. »

Fiat, Opel... Abarth dès 2024, Stellantis électrifie ses marques

Stellantis a ainsi annoncé plusieurs initiatives spectaculaires comme la bascule de marques entières dans la seule propulsion électrique. Opel deviendra exclusivement électrique à horizon 2028, Fiat en 2030. Moins spectaculaire en raison de ses petits volumes mais tout aussi symbolique, la marque-sœur de Fiat, Abarth, abandonnera le thermique dès 2024.

Le groupe vise une capacité de 130 GWh en Europe dès 2025 avant d'atteindre les 260 en 2030. A ce sujet, Carlos Tavares a annoncé un accord de principe pour reconvertir l'usine italienne de Termoli en gigafactory de batteries électriques, la troisième en Europe. Deux autres gigafactories seront inaugurées aux Etats-Unis.

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Car Stellantis va également pousser ses marques américaines, toutes récupérées dans le panier FCA, à proposer des solutions 100% électrique. Ainsi Dodge proposera une "supercar" (voiture très sportive) 100% électrique. De son côté, RAM, la marque des gros pick-up, commercialisera des fourgons à hydrogène. En tout, Stellantis commercialisera 55 voitures électrifiées en Europe et aux Etats-Unis avant 2025. Carlos Tavares veut atteindre un mix d'électrification de 70% de ses ventes à cet horizon en Europe, soit 10 points au-dessus de ce qui est attendu sur l'ensemble du marché. Il vise les 40% aux Etats-Unis.

Ce plan intégrera également un volet stratégique très important: le software. D'après les analystes, la bataille de la voiture électrique de demain résidera dans l'expertise logicielle, un métier nouveau pour les constructeurs. Ils jugent que c'est l'avantage comparatif de Tesla qui a plusieurs longueurs d'avance sur les constructeurs historiques. C'est d'ailleurs l'une des priorités que Herbert Diess s'est imposé dans son plan de transformation industrielle du groupe Volkswagen. Il s'agit d'optimiser la gestion des équipements et des batteries, grâce aux logiciels, et grâce à des mises à jour.

Vers une marge à deux chiffres...

Bien entendu, le plan Stellantis comporte un important volet financier, conformément à la tradition Tavares, très à cheval sur la performance financière du moindre investissement. Il a rappelé que l'intégration progressive des deux groupes PSA et FCA à travers Stellantis allait dégager près de 5 milliards d'euros de synergies dans les prochaines années. Il a jugé que la rationalisation de la R&D permettrait également de dégager une efficacité de 30% supérieure aux investissements R&D de l'ensemble du secteur. Il table sur une baisse structurelle du coût des batteries. Le coût des modules de batteries devrait baisser de 40% entre 2020 et 2024 avant de baisser de 20% supplémentaire avant 2030, selon lui.

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Enfin, les quatorze marques du groupe pourront piocher dans un catalogue commun mais restreint de bases technologiques pour développer leur modèles: quatre plateformes, trois modules de propulsion électrique incluant moteur, boîte de vitesses et convertisseur...

Carlos Tavares annonce ainsi être en capacité de dégager « une marge opérationnelle courante à deux chiffres à horizon 2026 ce qui fera du groupe un modèle de profitabilité pour la mobilité électrique à l'échelle mondiale », peut-on lire dans le communiqué de presse. Pour préserver son cash, Stellantis misera sur des partenariats et des coentreprises: groupe motopropulseur, transmission électrique, chimie des cellules de batteries, cockpits numériques, services connectés...

Premier jalon stratégique de Stellantis

Quelle ironie pour Carlos Tavares de consacrer sa première annonce stratégique en tant que patron de Stellantis sur l'électrification, lui qui s'est montré si réservé sur cette technologie. Six mois après sa création, le groupe qui revendique le 4eme rang mondial avec 8 millions de voitures vendues par an, n'a toujours pas dévoilé son plan stratégique. Pour l'heure, aucun agenda n'a été divulgué sur cette échéance très attendue par les marchés, impatients d'en savoir plus sur les arbitrages industriels, commerciaux et stratégiques de Stellantis. Ce matin, un communiqué a seulement annoncé que le groupe franco-italien avait revu à la hausse son objectif de marge opérationnelle pour le premier semestre 2021, pourtant marqué par la pénurie des semi-conducteurs.

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En réalité, l'évolution extrêmement rapide du marché vers l'électrification, et la pression réglementaire qui devrait également augmenter la semaine prochaine avec de nouveaux objectifs de baisse de CO2, contraint Carlos Tavares à aller plus vite sur le thème de l'électrification. Les marchés eux-mêmes attendent des réponses structurantes pour connaître la trajectoire stratégique de Stellantis dans ce contexte d'accélération.

Nabil Bourassi

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Commentaires 5
à écrit le 09/07/2021 à 9:29
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Le 2 juillet vous écriviez : " A l'heure où l'Europe s'apprête à durcir sa réglementation anti-pollution, Carlos Tavares, le patron du groupe automobile franco-italien Stellantis a une nouvelle fois renouvelé ses interrogations concernant la voiture ...

à écrit le 09/07/2021 à 8:42
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si j ai bien compris Stellantis veut investir a fond dans l electrification et en meme temps ne pas trop depenser pour preserver les marges voire reduire les couts de R&D ("rationaliser la R&D"). Il n y a pas une contradiction la ? je veux bien qu i...

à écrit le 09/07/2021 à 5:03
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Cet etrange consortium commence a peine lance a donner des signes d'inquietude pour les actionnaires. L'action va chuter rapidement.

le 09/07/2021 à 8:45
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ca va faire comme alcatel et lucent. un malade qui fusionne avec un groupe encore plus malade que lui. Penser qu il va reussir le virage en reduisant les couts de R&D alors qu ils sont deja en retard ... Enfin les chinois les racheteront pour une bo...

à écrit le 08/07/2021 à 23:50
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Pic petroliere oblige.

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