Renault parie sur un rebond après un premier semestre médiocre

Le constructeur automobile français a enregistré un premier semestre en demi-teinte. Mais la direction, elle, relativise et évoque une bonne résistance compte tenu d'un environnement de marché très hostile. Thierry Bolloré estime que le second semestre sera bien meilleur grâce à l'arrivée d'une nouvelle gamme de produits. Les marchés auront les yeux rivés sur cet exercice de l'après-Ghosn...
Nabil Bourassi
(Crédits : Reuters)

Moins spectaculaire que PSA, les résultats semestriels de Renault restent néanmoins encourageants si on en croit Thierry Bolloré, le directeur général du constructeur automobile français.

"Dans un contexte plus difficile qu'attendu, le groupe Renault a maintenu son cap et atteint des performances conformes à ses attentes pour la première partie de cette année", écrit Thierry Bolloré cité dans un communiqué.

Performances conformes? À première vue, les résultats semestriels s'inscrivent en forte baisse. Le chiffre d'affaires recule de 6%. Les ventes ont notamment été marquées par la baisse des marchés argentins et turcs, sans parler du retrait iranien... Côté rentabilité, la marge opérationnelle décroît de 0,5% pour se fixer à 5,9%. Elle est même de 4% si on exclut Avtovaz, la filiale russe, soit quasi moitié moins que la performance enregistrée par son compatriote PSA.

Le poids de la contribution de Nissan explique en grande partie la détérioration des finances de Renault. Au premier semestre, l'allié japonais a coûté 21 millions au français, là où il lui avait rapporté 814 millions d'euros un an auparavant.
Enfin, Renault a brûlé beaucoup de cash au premier semestre... Plus de 700 millions d'euros!

Un meilleur deuxième semestre attendu

Pour autant, Thierry Bolloré semble optimiste. Il estime que si les principaux indicateurs se sont effectivement détériorés, ils ont néanmoins plutôt bien résisté compte tenu d'un contexte macroéconomique compliqué. En outre, le numéro deux de Renault rappelle qu'il n'y a pas eu d'actualité produit sur cette période, et que l'imminence des lancements de Clio et Captur, deux modèles à fort volume, a reporté de nombreux achats. C'est pourquoi Thierry Bolloré s'attend un meilleur deuxième semestre. Cette offensive produit sera complétée par d'autres nouveautés sur des marchés stratégiques comme la Triber en Inde ou l'Arkana en Russie. En Chine, la K-ZE doit permettre à Renault de reprendre l'initiative en profitant de son expertise dans l'électrification.

Dans une interview au journal Les Échos, Thierry Bolloré estime que l'offensive produit menée en Europe sera placée sous le signe de la montée en gamme. Les nouveaux Clio et Captur ont effectivement soigné leur intérieur et la qualité perçue. Cette stratégie doit permettre au groupe français de travailler son "pricing", c'est-à-dire sa capacité à défendre ses prix, et ainsi dégager plus de profits.

Au-delà de ses performances commerciales, le deuxième semestre vivra aussi au rythme des turpitudes sur l'avenir du groupe Renault avec son allié Nissan dont les tensions sont au maximum. Il n'est pas à exclure non plus que l'hypothèse d'une fusion avec Fiat revienne au-devant de la scène puisque si la première version est tombée à l'eau, nous apprenons dans cette même interview de Thierry Bolloré dans Les Echos, que le management de Renault reste convaincu que la fusion avec Fiat reste une solution d'avenir:

"Les fondamentaux de cet excellent projet sont toujours vivaces, le contexte n'a pas changé en deux mois", déclare le numéro deux de Renault.

La nouvelle gouvernance créée par l'arrivée de Jean-Dominique Senard, parachuté en janvier numéro un de Renault en remplacement du tout puissant Carlos Ghosn, arrêté au Japon, a au moins permis de lever les craintes sur la continuité opérationnelle du constructeur automobile français notamment assurée par Thierry Bolloré. La réussite de cette ambitieuse et nécessaire offensive produit sera un test pour lui, et la résilience du Renault après-Ghosn.

Nabil Bourassi

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Commentaires 9
à écrit le 31/07/2019 à 20:30
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Tiens donc, pas de communiqué de la rétrogradation de l'Alliance à la 3e place des constructeurs au 1er semestre ! Elle a régressé au troisième rang selon l’agence Kyodo, derrière VW et Toyota.

à écrit le 31/07/2019 à 7:57
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Pourquoi acheter une voiture neuve que l'on ne pourra plus conduire dans quelques années pour raison de ZFE et de vignette Crit'Air ? Puisqu'on remet en cause l'autorisation de circuler des véhicules à tout bout de champ, le consommateur n'achète plu...

à écrit le 30/07/2019 à 20:26
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Trop dommage, le seul véritable 4x4 duster, n'est disponible qu'en Russie, comme si on était incapables d'apprécier surtout que Renault maîtrise très bien le GPL, les arguments ne tiennent pas, mais une version électrique comme le pick,-up Ford ft.1...

à écrit le 30/07/2019 à 13:34
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chap, les constructeurs ont un comportement suicidaire , ainsi Mercedes en imposant des volumes à ses concessionnaires voit leur rentabilité chuter de 2,7% à 1,5 % ce qui représente quand même une chute de 45% !!! A ce rythme les investisseurs y ...

à écrit le 29/07/2019 à 20:04
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l y a plusieurs façons de vendre des voitures. Avec un marché automobile français de plus en plus tendu, les constructeurs n'hésitent pas à gonfler coûte que coûte "artificiellement" leurs volumes de ventes avec des véhicules à marges faibles ou null...

le 30/07/2019 à 13:28
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les passat break sont vendues à 70% !!! à des sociétés !!!

à écrit le 29/07/2019 à 17:02
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Rien de convaincant dans le tandem Senard-Bollore ! Et cette idée aberrante d'une absorption du Groupe Renault par FCA !

le 30/07/2019 à 15:56
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Je suis bien d'accord avec vous PNL. Je ne comprends pas cet "engouement" à vouloir se rapprocher de Fiat. Ils ont devant une alliance potentiellement très créatrice de valeur avec Nissan qui dure depuis plusieurs années, et au lieu de la renforcer,...

à écrit le 29/07/2019 à 9:08
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Je n'ai absolument rien contre lui hein mais même s'il était évident que les magouilles de Ghosn devaient être sanctionnées au risque de voir Renault couler de ce fait, je ne vois pas Thierry Bolloré être capable ce générer un dynamisme quelconque. ...

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