Volkswagen a-t-il les moyens de payer la facture ?

Par Nabil Bourassi  |   |  569  mots
Volkswagen est parfaitement capable de payer l'amende américaine, pour le reste, rien n'est moins sûr...
Amende, class actions, baisse des ventes... Le scandale des motorisations truquées pourrait coûter extrêmement cher au géant allemand de l'automobile. Pour l'heure, nul n'est capable d'estimer le montant de la facture finale. Même si la solidité financière du groupe doit permettre de répondre, en partie au moins, à cette difficulté, les marchés restent sur leur garde...

L'affaire Volkswagen n'en est encore qu'à ses débuts, il est encore difficile d'estimer l'ampleur du coût de cette affaire de triche sur les émissions de polluants. Le chiffre avancé par les médias d'une amende de 16 milliards d'euros est exorbitant, mais n'est pas catastrophique pour le groupe. Avec sa trésorerie de près de 21 milliards d'euros (+53% au 30 juin), et ses résultats largement bénéficiaires (6,86 milliards au premier semestre en hausse de 10%), Volkswagen peut faire face sans problème.

L'espoir d'un taux de change plus favorable...

Tout va bien donc, à la condition que la facture ne s'alourdisse pas... Mais, il est très probable que l'affaire prenne de nouvelles proportions. D'abord parce que les consommateurs américains se préparent à des class actions pour demander réparation. Le dénouement de cette affaire pourrait néanmoins prendre un certain temps, pour que le taux de change - à 1,11 dollar, l'euro navigue à ses plus bas historiques - atténue la note finale. Mais, rien n'est moins sûr.

C'est d'ailleurs sans compter les autres amendes qui se préparent dans d'autres pays. Si l'on en croit la firme de Wolfsburg 11 millions de voitures seraient équipées du système incriminé. De nombreux pays ont d'ores et déjà annoncé l'ouverture d'enquêtes administratives.

Un impact sur les ventes et les marges

L'autre conséquence de cette affaire est qu'elle risque de détériorer les performances financières du constructeur. Ainsi, les spécialistes estiment que cette affaire aura nécessairement un impact sur les ventes du groupe. Il faut dire que la marque a fondé sa puissance commerciale sur sa réputation et sa rigueur technique sans compromis. Elle pourrait être contrainte de baisser ses prix pour maintenir ses ventes. Sauf que la marque Volkswagen affiche déjà des marges très serrées. Avec la montée en gamme des équipements de la marque, les coûts ont grimpé, mais pour se maintenir sur son segment généraliste, Volkswagen ne les a pas complètement répercutés sur ses tarifs. Ainsi, les modèles de la marque affichent une marge de 2%, soit deux à trois fois moins que sa filiale Skoda, sa marque d'entrée de gamme.

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Enfin, le prochain patron du groupe devra prier pour que les mesures de relance prises par le gouvernement chinois aient effet le plus rapidement possible. La marque y a effectivement vu ses ventes baisser de 6,7% au premier semestre. La Chine reste le premier marché du groupe allemand.

Les agences de notation ont averti

Si la situation financière du groupe est solide, l'incertitude qui pèse sur plusieurs fronts fait douter les marchés. Les agences de notation ne s'y sont pas trompées. Les trois principales agences mondiales, Moody's, Fitch et Standard & Poor's ont annoncé jeudi avoir placé le groupe sous perspective négative, le préalable avant une dégradation. S&P a même indiqué qu'elle pourrait abaisser de plusieurs crans la note du constructeur s'il s'avérait que la facture totale de cette affaire devait encore grimper.

Dans l'immédiat, Volkswagen doit parer au plus pressé en nommant un successeur à Martin Winterkorn (il doit être nommé ce vendredi). Il aura bien entendu la lourde tâche de restaurer l'image entachée du groupe, mais surtout de redresser sa situation financière.