Jean-François Roverato : le tsar d' Eiffage s'en va

Le conseil d'administration d'Eiffage, doit désigner ce mercredi Pierre Berger, 44 ans, comme PDG du groupe. Il succède au fondateur Jean-François Roverato qui part à la retraite alors qu'il approche de ses 68 ans. Retour sur le parcours du fondateur qui a su faire d'une petite entreprise le troisième groupe français de BTP derrière les géants Vinci et Bouygues.
Jean-François Roverato quitte Eiffage à l'aube de ses 68 ans. Il laisse les commandes à Pierre Berger. Copyright Reuters/Charles Platiau

C'est l'une des plus grandes figures de l'industrie française qui tire sa révérence ce mercredi. Jean François Roverato, l'emblématique PDG d'Eiffage quitte la présidence du groupe quelques jours avant ses 68 ans.  D'une petite entreprise, Gilbert Roverato a réussi à la hisser au troisième rang du BTP français.. Ce patron réputé autocrate a su préserver son indépendance notamment grâce à l'aide de salariés dévoués. Sourire souvent au coin des lèvres (surtout lorsqu'il profère un bon mot, parfois assassin sur ses rivaux Vinci et Bouygues), barbe bien taillée, à la fois charmeur et discret, Jean-François Roverato était souvent considéré comme le dernier des patrons charismatiques du secteur. Surnommé par ses proches « JFR », il cache une main de fer sous des abords chaleureux.

Devenir n°3 du secteur

Né à Dijon dans une famille d'origine modeste, (son père était ébéniste et sa mère couturière), Jean-François Roverato est diplômé de polytechnique (promotion 1964) et de l'Ecole nationale des ponts et chaussées. Son parcours forçait le respect de ses pairs même lorsqu'ils lui reprochaient son côté franc-tireur de la profession. En 1971-1972, il fait un rapide passage au cabinet de Robert-André Vivien, secrétaire d'Etat au logement. Puis, il rejoint le secteur privé au sein du groupe Fougerolle. Il en devient le PDG en 1987. Avec le soutien des salariés, il réalise alors une audacieuse fusion avec le groupe SAE (Société auxiliaire d'entreprises). La Société auxiliaire d'entreprises est plus importante que Fougerolle mais elle est victime d'une gestion jugée aventureuse. C'est la fusion entre ces deux entreprises qui forme le groupe de BTP, appelé Eiffage, qui pèse aujourd'hui plus de 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires (chiffres 2011). En 2011, le groupe a réalisé un bénéfice de 205 millions d'euros. Et aura embauché 5 000 employés en 2012.

Un groupe diversifié

Visionnaire, Jean-François Roverato cherche à éviter les crises cycliques du BTP. Pour cela, il diversifie le groupe dans les concessions avec le Viaduc de Millau, la ligne à grande vitesse Perpignan-Figueras (Espagne) et les partenariats public-privé dont le grand stade de Lille ou encore la ligne à grande vitesse Le Mans-Rennes, dont la construction vient de débuter.

C'est surtout la mainmise en 2006 sur APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône), deuxième réseau autoroutier français avec Paris, Lyon, les Alpes et le sud de l'Alsace, qui restera son fait d'armes le plus marquant. L'achat est réalisé au prix d'un endettement important avec l'aide de la banque australienne Macquarie.
Cette offensive gagnante sur APRR symbolise la stratégie très autonome d'Eiffage qui se lance seul sur les grands projets. Le meilleur moyen de récupérer tous les cash-flows, avec l'inconvénient néanmoins de porter toute la  dette.

Succession difficile

Jean-François Roverato a longtemps voulu garder le pouvoir absolu jusqu'à la fin. Il n'y a pas chez Eiffage de succession familiale évidente comme il y en a eu chez Bouygues où Martin a pris la place de son père Francis. En 2007, après l'éviction de son dauphin désigné Benoît Heitz, qui était directeur général du groupe depuis moins de huit mois, Jean-François Roverato affirmait, fier de sa réussite : « Je sais qu'il est difficile de prendre ma succession ».

Mais, après avoir repoussé l'offensive sur son capital du groupe espagnol Sacyr grâce à l'aide de ses cadres et de l'Etat français, Jean-François Roverato est contraint de se diriger vers la sortie. Le capital d'Eiffage, est désormais détenu par les salariés (26,8%), le Fonds stratégique d'investissement (FSI, 20,6%, filiale de la Caisse des dépôts), Eiffaime (cadres, 8,3%) et Groupama (6,9%). Et, sous la pression du FSI, Jean-François Roverato a dû se résoudre fin 2010 à introniser Pierre Berger comme son dauphin. Avant de lui laisser le pilotage du groupe. Pierre Berger, venu de chez Vinci, est lui aussi polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées.

Pour occuper sa retraite, Jean-François Roverato, amoureux du chant et des jardins, a déjà prévenu : « Il y a plusieurs salles d'opéra dans le monde que je ne connais pas ».
 

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Commentaires 4
à écrit le 29/08/2012 à 17:16
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La seule chose qui me rassure c'est que ce n'est pas le fils de qui reprendra l'affaire. Pour une fois, il est bon de le noter.

à écrit le 29/08/2012 à 17:04
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Félicitations à JF Reverato pour le travail accompli au service du groupe Eiffage et mes voeux de bonne santé pour une retraite bien mérité à 68 ANS.

à écrit le 29/08/2012 à 15:35
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je tire mon chapeau à Mr Reverato, voici le genre d'entrepreneur dont notre pays manque cruellement.

à écrit le 29/08/2012 à 12:43
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Un de plus qui ne passera pas sa retraite en France ! Avec Mr Zacharias, ils vont jouer au scrabble ! Invitez moi,, je vous enseignerai le scrabble !

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