Crise du logement : Nexity taille dans ses effectifs, plus de 500 postes supprimés

Par latribune.fr  |   |  827  mots
Comme ses concurrents, Nexity est pris en étau entre le renchérissement des coûts de construction et l'effondrement de la demande (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)
Nexity va supprimer 502 postes pour faire face à la profonde crise de la construction. Pour réduire ses coûts, le premier promoteur immobilier en France entend aussi poursuivre sur la voie de la diversification.

Comme annoncé fin février, sans chiffres à cette époque, Nexity va tailler dans ses effectifs. Le premier promoteur immobilier français a annoncé ce jeudi la suppression de 502 postes. « Nous avons confirmé à nos partenaires sociaux que le processus d'information-consultation préalable au déploiement d'un plan de sauvegarde de l'emploi sera engagé », a déclaré à la presse le directeur général délégué du groupe, Jean-Claude Bassien.

Ce sont les effectifs du pôle « promotion-construction » qui sont concernés, lesquels auront diminué de 27% par rapport à 2022. Cette année-là, Nexity employait quelque 2.800 personnes dans cette branche.

« Il n'y aura aucun départ au titre du PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) avant l'automne, et plutôt fin octobre », a-t-il précisé, compte tenu des procédures légales.

Avant même la mise en œuvre de ce plan social, près de 400 personnes ont déjà quitté le groupe selon le délégué syndical CFDT de cette branche, Emmanuel Brie. « On va se battre pour qu'il y ait au maximum de la mobilité et des départs volontaires », a-t-il déclaré à l'AFP.

Nexity employait 8.185 personnes fin 2023, soit environ 300 de moins que fin 2022, le groupe ayant déjà mis en place un non-remplacement des départs pour s'adapter à la conjoncture. Depuis, quelque 3.100 collaborateurs supplémentaires sont partis à l'occasion de la cession de la filiale Nexity Services (devenue Evoriel) au fonds d'investissement Bridgepoint. Les liquidités tirées de cette vente - 400 millions d'euros - serviront d'ailleurs au désendettement du groupe et permettront à Nexity de mettre en œuvre « sans attendre » sa restructuration.

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Cap sur plus sur la diversification

Le coût de ce plan de restructuration est estimé à environ 50 millions d'euros, a indiqué Nexity dans un communiqué, qui prévoit d'en tirer 36 millions d'euros d'économies dès 2025, puis 45 millions par an.

Outre la coupe dans le personnel, Nexity a promis une « transformation en profondeur de l'organisation et de l'entreprise » pour pallier la crise dans la promotion immobilière. Ainsi, le plan implique également une décentralisation renforcée et des économies sur les « frais généraux et immobiliers », qui, avec la réduction de la masse salariale, doivent réduire ses coûts de 95 millions d'euros d'ici 2026. Le groupe s'est d'ailleurs déjà engagé dans une diversification, en se lançant dans l'énergie solaire ou les produits d'épargne. Il entend également accélérer son développement dans la transformation d'espaces déjà construits pour devancer les impératifs de zéro artificialisation nette.

Comme ses concurrents, Nexity est pris en étau entre le renchérissement des coûts de construction, provoqué par les tarifs des matériaux et une réglementation environnementale plus stricte, et l'effondrement de la demande, causé par les difficultés d'accès au crédit et la fin progressive de dispositifs fiscaux incitatifs. Si bien qu'en 2023, son chiffre d'affaires s'est érodé de 14%, à 770 millions d'euros. Conséquences de réservations de logements en baisse, de 19% en nombre et 24% en valeur - au premier trimestre 2024 elles ont encore reculé de respectivement 29% en nombre et 22% en valeur par rapport à la même période l'année dernière. Le groupe a toutefois précisé que les ventes au détail (aux particuliers) ne baissaient plus. « On est clairement au bas du cycle », estime néanmoins Jean-Claude Bassien.

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Des milliers d'emplois sur la sellette

Le dirigeant note quelques indices positifs pour l'avenir, comme le léger reflux des taux de crédit, ou le fait que les réservations reprennent, du fait d'efforts du groupe sur ses prix de vente. Mais la crise structurelle du logement n'est pas près de prendre fin, a alerté la PDG, Véronique Bédague.

« Je ne vois pas d'amélioration rapide de la situation. Chaque baisse de taux d'intérêt nous donnera un peu d'air, mais cela prendra du temps. Et il y aura toujours un délai entre l'annonce d'une baisse et le moment où les banques se remettent à prêter », a-t-elle affirmé dans Le Figaro.

La Fédération française du bâtiment n'est pas plus optimiste : elle table sur 90.000 suppressions d'emplois en 2024 dans l'ensemble du secteur. Et si la crise perdure, ce sont même 300.000 emplois, tous métiers compris, qui pourraient être détruits dans la construction, d'après cet organisme et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

Nexity n'est d'ailleurs pas le seul acteur à avoir annoncé supprimer des postes, bien que ce plan social soit le plus important annoncé cette année. 225 postes devraient ainsi disparaître chez la filiale immobilière de Bouygues, l'entreprise ayant assuré que seront privilégiés « le volontariat et le reclassement interne ». Vinci Immobilier prévoit aussi un plan social, non chiffré pour l'heure.

(Avec AFP)