C'est le troisième domino qui tombe. Alors que les professionnels du logement neuf alertent depuis sept mois sur les suppressions de poste à venir et que les statistiques officielles se suivent et se ressemblent sur la baisse du nombre de permis de construire délivrés, Bouygues Immobilier vient d'annoncer à ses équipes réunies en comité social et économique (CSE) un plan de départ volontaire et un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Trois mois après l'annonce de Vinci et un mois après celle de Nexity, leader du logement neuf, la filiale du géant du BTP, qui compte 1.054 collaborateurs en France, va se séparer de 225 salariés en France.
Projets repoussés
La nouvelle était attendue: avant même la présentation de ses résultats annuels fin février, le groupe Bouygues avait fait savoir, avant l'ouverture de la Bourse, que « Bouygues Immobilier adapt[ait] son organisation et repouss[ait] le lancement de certains projets », du fait d'un environnement de marché « difficile ».
Et pour cause, en 2023, dans le logement neuf, les réservations ont baissé de 25%. Dans le tertiaire, ce n'est guère mieux : « L'activité commerciale reste à l'arrêt, les investisseurs reportant leur prise de décisions », poursuivait la major. Tant est si bien que le chiffre d'affaires de l'entité a chuté de 14% par rapport à 2023, de 11% dans le logement et de... 61% dans l'immobilier d'entreprise.
Lors de la conférence de presse qui avait suivi, le directeur général du groupe avait confirmé que Bouygues Immobilier allait « adapter ses coûts et ses structures à l'évolution du marché ». Poussé dans ses retranchements, Olivier Roussat avait consenti à évoquer une sorte de plan de mobilité interne.
« Nous avons lancé un plan de "reemployement" [de réemploi, ndlr] d'un certain nombre de collaborateurs de Bouygues Immobilier à l'intérieur du groupe », avait communiqué le patron de Bouygues.
300.000 pertes d'emplois
Dans son document d'enregistrement universel 2023, publié le 22 mars dernier, la multinationale cotée au CAC 40 pointe ainsi « les déséquilibres économiques - inflation, coûts de construction, baisse du pouvoir d'achat - et financiers - taux d'intérêts [qui] se sont renforcés et la dégradation de l'environnement économique, entamée en 2022, [qui] s'est poursuivie fragilisant davantage une demande déjà affaiblie ».
Dès septembre dernier, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui porte la voix des professionnels du logement neuf, avait tiré la sonnette d'alarme. « Il n'y a plus personne qui embauche chez les promoteurs, il y en a qui commencent à préparer des PSE », avait déclaré Pascal Boulanger. « On s'attend d'ici à 2025 à 300.000 pertes d'emplois, à peu près 150.000 dans le bâtiment, et 150.000 dans tout ce qui gravite autour, bureaux d'études, promoteurs, assureurs, etc. », avait-il poursuivi.
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