Immobilier : l'effondrement du logement neuf se poursuit, une « faillite politique » dénoncent les professionnels

L'effondrement du logement neuf se poursuit avec la chute des mises en chantier en 2023, « sans espoir d'amélioration » compte tenu du plongeon des ventes, a déploré la Fédération française du bâtiment (FFB), qui dénonce une « faillite politique ».
Pôle Habitat a fait état d'une année 2023 « cataclysmique » pour l'immobilier neuf, avec des perspectives encore plus sombres pour 2024.
Pôle Habitat a fait état d'une année 2023 « cataclysmique » pour l'immobilier neuf, avec des perspectives encore plus sombres pour 2024. (Crédits : © Magali Cohen / Hans Lucas)

90.000 emplois détruits dans la construction et l'immobilier fin 2024 puis 150.000 mi-2025. C'est la sombre prévision de Fédération française du bâtiment (FFB) compte tenu de l'effondrement du logement neuf qui se poursuit avec la chute des mises en chantier en 2023.

« 80.000 logements en moins entre 2022 et 2023, c'est des milliards d'euros de chiffre d'affaires en moins (...). L'État, en TVA, a perdu 1,7 milliard d'euros et c'est aussi 13.300 emplois en moins », a déclaré son président Olivier Salleron lors d'une conférence de presse. Le nombre estimé des mises en chantier a chuté de 24,6% sur 12 mois et celui des permis de construire de 23,4% sur la même période, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique.

« On ne sait pas où ça va s'arrêter », a commenté le patron de la FFB, pointant une « politique du logement sans aucune planification, à la petite semaine, qui entraîne le bâtiment dans la récession. »

« Tableau catastrophique » a déploré Olivier Salleron, « les ventes aux particuliers sont quasiment divisées par deux par rapport aux 16 dernières années et ce sur tous les segments, le logement individuel ou collectif ». La construction de bâtiments non-résidentiels neufs (hôtels, commerces, bureaux, administratif) est également au plus bas.

Seule l'amélioration-entretien, portée notamment par la rénovation énergétique, tire son épingle du jeu, même si un ralentissement est apparu fin 2023. Saluant la décision du gouvernement de reporter à 2025 le recentrage du dispositif MaPrimeRénov' sur les rénovations lourdes, Olivier Salleron a estimé que « sa complexité avait entraîné une baisse de 75% de sa production en janvier et février 2024 » par rapport à l'an dernier.

« La colère monte » chez les professionnels du bâtiment

« Les entrepreneurs du bâtiment ont une colère rentrée, vexatoire (...) qui peut être explosive. Déjà quelques-uns de la Fédération ont fait des actions de rue » a-t-il souligné. « La colère monte » chez les professionnels du bâtiment, a  aussi prévenu fin février la fédération de promoteurs et constructeurs Pôle Habitat, mettant en garde contre un mouvement comme celui des agriculteurs.

La fédération a fait état d'une année 2023 « cataclysmique » pour l'immobilier neuf, avec des perspectives encore plus sombres pour 2024. En 2023, les ventes de maisons individuelles neuves ont chuté de 39%, selon les chiffres du Pôle Habitat, avec seulement 58.500 ventes recensées.

Lire aussiUn sommet de l'habitat et du logement inédit et très attendu au MIPIM 2024

Ces mauvais chiffres commencent à avoir des effets sur l'emploi, a alerté la fédération. « Jusqu'à présent, on était plutôt dans de l'ajustement, à savoir du non-remplacement de personnes qui pouvaient partir (...). On constate qu'il commence à y avoir, dans certaines structures des plans sociaux », a constaté le président du Pôle Habitat, Grégory Monod. Selon une enquête menée par la fédération auprès de ses adhérents, 16% des emplois ont été supprimés en 2023, et 14% supplémentaires risquent de l'être au premier semestre 2024.

Rares bonnes nouvelles : les coûts des matériaux et de l'énergie « se stabilisent » et les délais de paiement des clients « semblent se réduire ». Parmi les mesures réclamées, la FFB souhaite le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) en vigueur en 2023, un assouplissement des règles du crédit, le remplacement du dispositif d'investissement locatif Pinel voué à disparaître fin 2024, ainsi que le report de 2025 à 2028 du calendrier d'application de la réglementation environnementale RE202.

L'industrie doit « rester mobilisée pour lancer des projets qui nourriront les années suivantes »

Alors que le Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim), principal salon du secteur, s'ouvre ce mardi à Cannes  plusieurs acteurs  veulent croire que les banques centrales vont commencer à baisser leurs taux directeurs au printemps, permettant à l'activité de repartir. « On est probablement arrivés près de la fin du cycle baissier et près d'un redémarrage des marchés immobiliers », veut croire Raphaël Brault, directeur des investissements Europe pour l'investisseur immobilier AEW. « Une fois qu'on a acté cet état de fait, on est plutôt dans une logique où on se dit qu'on va amorcer l'entrée d'un nouveau cycle », ajoute-t-il.

L'industrie doit « rester mobilisée pour lancer des projets qui nourriront les années suivantes », a dit, lors de la présentation de l'événement fin janvier, Antoine Frey, PDG de la foncière commerciale Frey. « L'immobilier est un métier de cycles très longs, et avant que la machine redémarre il se passe toujours du temps, et le Mipim aide à ça ». En présence de la ministre allemande du Logement, Klara Geywitz, et des maires de Copenhague et Hanovre, le salon vise selon les organisateurs à « explorer des solutions face à la demande croissante de logements, à la flambée des prix et à l'inégalité en matière de logement ».

(Avec AFP)

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Commentaires 12
à écrit le 13/03/2024 à 21:48
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"L'État, en TVA, a perdu 1,7 milliard d'euros" Pas vraiment. L'argent qu'ils ne dépensent pas dans l'immobilier, les Français le dépensent ailleurs, d'une façon ou d'une autre.

à écrit le 13/03/2024 à 11:55
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Gouverner c'est prévoir. Notre pays n'est plus gouverné depuis trop longtemps. Dans les dorures, ministres, députés, sénateurs, commissions, conseils constitutionnel et le reste se gavent impunément et nous pauvres microbes regardons ce pays qui part...

à écrit le 13/03/2024 à 9:37
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Nous avons acquis un appartement à Toulouse (immeuble Hédoniste aux Minimes) construit par Vinci. Livré en décembre 2022 alors qu'il n'était pas terminé ! Certainement pour des raisons fiscales. Vinci fait appel aux entreprises les moins chères. Cell...

à écrit le 13/03/2024 à 8:40
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le pb n'est pa stant celui du neuf que du logement d'ordre general......les francais ne font plus d'enfants a terme la population va decroitre; par contre avoir des logements la ou c'est interessant, ca releve de l'amenagement du territoire, et ca to...

le 13/03/2024 à 9:07
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Les hauts fonctionnaires ont tout à fait compris, mais sont entravés par le pouvoir politique, l'électorat du pouvoir en place étant constitué de boomers multi-propriétaires louant beaucoup sur airbnb car ils bénéficient en plus d'une niche fiscale c...

le 13/03/2024 à 21:47
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La population ne va pas décroître, puisqu'on est incapables d'empêcher toute immigration. D'ailleurs, l'état s'occupe de les loger, grâce à la loi SRU. Qui est l'un des éléments qui ont conduit à la crise d'aujourd'hui.

à écrit le 12/03/2024 à 19:16
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Depuis 2017 toute les politiques menées par micron ont systématiquement tiré à boulet rouge sur le logement ; micron n'ayant strictement rien à faire de la vraie vie (seule la bourse l'intéresse dans l'économie). Aujourd'hui le btp va très très mal. ...

à écrit le 12/03/2024 à 18:07
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Bientôt on va voir venir les spéculateurs boursiers pleurer et accuser l'état. Certes, la France a joué trop longtemps avec le levier de la création monétaire ex-nihilo (via le crédit immobilier et autres facilités mais sans réforme) où tous les acte...

à écrit le 12/03/2024 à 17:25
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Pourquoi construire des nouveaux logements alors que 20 millions de boomers, souvent multi-propriétaires, vont bientôt nous quitter, et qu'un choc d'offre sans précédent va bientôt se présenter sur le marché ? C'est la dure réalité de la biologie ...

le 12/03/2024 à 18:57
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D'autant que la loi sur la fin de vie va accélérer le cercueil-boom !!!

le 12/03/2024 à 22:56
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"C'est la dure réalité de la biologie .." en fait de la démographie, et celle-ci explique la pression démentielle exercée sur l'Etat français confronté à la prise en charge de 20 millions de boomers dont le privé n'a par ailleurs remplacé qu'une part...

le 13/03/2024 à 18:15
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Entièrement d'accord avec JPS. Il y'a d'ailleurs déjà 3 millions de logements vides en France, données Insee. Et ne parlons pas de la Chine qui qui a presque plus d'appartements que d'habitants. Les logements sont justes mal répartis. Les boomers occ...

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