C'est une preuve supplémentaire que la maquette numérique dite BIM - pour « building information modeling » - est entrée dans les mœurs des entreprises de la construction. Il y a une semaine, peu avant l'annonce de son plan social, Bouygues Immobilier annonçait « devenir le premier promoteur à développer l'intégralité de ses projets en 100% BIM. »
« Le BIM repose sur des outils et méthodologies de travail qui permettent la conception et l'exploitation d'une maquette numérique en modélisant tous les plans d'un futur projet grâce à une approche collaborative innovante », écrivait la major qui se revendique co-leader de la promotion immobilière aux côtés de Nexity et du groupe Altarea.
Deux tiers voire trois quarts des patrons ont confiance en l'IA
À l'origine développé par la société Revit, ce logiciel fondé sur la maquette numérique a été racheté, en avril 2002, par la multinationale américaine Autodesk. Pour la deuxième année consécutive, elle vient d'interroger 5.400 chefs d'entreprise, notamment dans les secteurs de l'architecture, de l'ingénierie et de la construction, sur leur rapport à l'intelligence artificielle.
Au regard des résultats de l'étude, que La Tribune dévoile en exclusivité, il en ressort que plus de deux tiers, voire des trois-quarts, des patrons ont confiance en l'intelligence artificielle : 79% pensent que la technologie rendra leur secteur plus créatif et 66% estiment que d'ici à 2 à 3 ans, l'IA sera essentielle dans tous les domaines. Néanmoins, sur les 450 dirigeants sondés en France, 53% des répondants affirment que l'IA va déstabiliser leur secteur d'activité.
Toujours selon ce rapport, utiliser l'intelligence artificielle pour être durable est passé de la cinquième à la première place des mesures prises par les entreprises. Les architectes, par exemple, ont recours à l'IA pour analyser les facteurs de conception urbaine, tels que la circulation, la pollution sonore et la chaleur avant même que les pelleteuses ne touchent le sol. Dans l'industrie, les concepteurs utilisent l'IA pour réduire la consommation d'énergie et les déchets de matériaux de leur production.
Un sondage qui ne doit rien au hasard
En réalité, ce sondage ne doit rien au hasard. Autodesk s'en sert pour promouvoir sa nouvelle plateforme baptisée Design & Make, permettant de concevoir une maquette numérique fondée sur des objectifs de résultats avec de l'IA. Hier, le BIM permettait d'obtenir la modélisation synthétique d'un bâtiment ; demain, le BIM se fera avec des modélisations paramétriques. Autrement dit, un outil avec des centaines de milliers d'options.
« Par exemple, un architecte pourra demander au logiciel de lui donner le cahier des charges d'une tour 50% logements, 50% bureaux, pour moins de 850 millions d'euros et en respect des normes carbone de 2029 », illustre Nicolas Mangon, vice-président des départements AEC, stratégie commerciale et marketing d'Autodesk.
À condition de récupérer les données. La major a collecté toutes les data démographiques, politiques, réglementaires et même météorologiques. Ces dernières sont utiles pour connaître l'exposition des bâtiments au soleil et au vent et donc anticiper l'isolation. « L'idée est d'offrir un jumeau numérique du monde réel », s'enthousiasme Nicolas Mangon, qui pense déjà à la seconde étape: récupérer les données des projets existants de ses clients. Cela permettra, estime-t-il, à ces derniers de connaître la vraie durée du cycle de vie des matériaux de construction.
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