Logement social à Paris : « La bourse d’échange est un moyen de fluidifier la demande » (Jean-Luc Vidon, AORIF)

Par César Armand  |   |  681  mots
Jean-Luc Vidon, président de l'Association des organismes de logement social d’Île-de-France (AORIF). (Crédits : DR)
La ville de Paris et douze bailleurs sociaux lancent ce 3 octobre le site EchangerHabiter.fr, une plateforme d’échange de logements sociaux. Au cœur du programme : l’Association des organismes de logement social d’Île-de-France (AORIF). Son président, Jean-Luc Vidon, précise pour La Tribune le sens d’une telle initiative.

Ajuster l'offre et la demande en termes de mètres carrés et de trajets domicile-travail, tous les bailleurs sociaux en rêvent, et particulièrement en Île-de-France. On compte près de 720.000 demandeurs de logement social en région francilienne, et un taux de rotation incroyablement faible de 5% à Paris intra-muros.

Prévue depuis 2015 et la signature d'une "charte des mutations", une bourse d'échange de logements sociaux, EchangerHabiter.fr, vient de voir le jour ce 3 octobre 2018 dans la capitale. Outre la Ville et douze bailleurs sociaux, l'Association des organismes de logement social d'Île-de-France (AORIF) est au cœur du processus.

LA TRIBUNE - Quel rôle va jouer l'AORIF dans cette démarche ?

JEAN-LUC VIDON - Cette démarche s'inscrit dans un contexte de très forte demande de logements sociaux en Île-de-France, avec 720.000 demandeurs aujourd'hui. Un tiers d'entre eux est déjà locataire du parc social mais souhaite changer. C'est pourquoi nous avons travaillé sur cette notion d'échange de logements pour permettre à chacun d'accéder à ses souhaits. L'intérêt de cette démarche réside également dans le fait de pouvoir satisfaire les deux ménages locataires concernés par l'échange. Les locataires qui en feront la demande seront effectivement acteurs de leur démarche. D'autres bailleurs, comme Habitat Réuni et I3F, ainsi que le département de la Haute-Savoie, ont déjà expérimenté un outil de type bourse d'échange. Cela apporte toujours des réponses innovantes.

En cas de changement pour un autre bailleur, comment cela va-t-il se passer concrètement ?

Les locataires qui voudront échanger pourront rester chez le même bailleur ou en changer. Ils expriment leur préférence, identifient le locataire avec qui ils peuvent échanger, entrent en contact avec lui, organisent les visites, avant de se rapprocher, chacun, de leur bailleur et de faire valider la démarche. Seules les commissions d'attribution des bailleurs concernés prendront la décision. Elles s'assureront que les locataires sont toujours bien éligibles et qu'ils sont en capacité de payer le loyer.

Nous ferons tout pour que les dossiers soient examinés de façon concomitante pour que les déménagements se fassent le même jour et que personne ne se retrouve sans toit. C'est un exercice nouveau, qui va nécessiter beaucoup d'engagement de nos équipes pour que ce soit opérationnel, mais nous allons tout faire pour que cela se fasse en quelques semaines. Nous nous trouvons, en effet, dans une région où la demande est très supérieure à l'offre. La bourse d'échange est à cet égard un moyen d'améliorer le processus et de satisfaire le plus de demandeurs.

Pourquoi dans ce cas le dispositif est-il aujourd'hui limité à Paris avant de se déployer en région qu'en 2019 ?

Paris est très volontaire pour engager avec les bailleurs sociaux la fluidification de la demande. La demande y est particulièrement forte, non seulement en raison de la difficulté de construire dans la ville intra-muros, mais aussi à cause d'un taux de rotation inférieur à 5%. Dès 2015, nous avons signé la charte des mutations avec elle et la préfecture de Paris Île-de-France pour avancer sur ce sujet. Une fois que nous avons bien avancé, nous avons fédéré à l'AORIF tous les bailleurs et eu à cœur de répondre à cet enjeu. Il s'agit donc d'une première phase avec une ville extrêmement volontaire.
Bien sûr, les demandes de logement peuvent dépasser les frontières de la capitale.

C'est le sens de l'élargissement à l'Île-de-France. Nous souhaitons qu'à partir du printemps 2019, en lien avec le préfet de Paris Île-de-France Michel Cadot et nos partenaires d'Action Logement, les collectivités territoriales franciliennes souscrivent à cette initiative. Dès avril dernier, nous avons signé une convention en ce sens avec ces deux acteurs, en présence du ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard et de son secrétaire d'État Julien Denormandie. Tous les réservataires doivent être impliqués si nous voulons fluidifier ces opérations.