Sous pression, les fast-food promettent de moins recourir aux antibiotiques pour la viande

McDonald's Etats-Unis, Pizza Hut, Wendy's se sont récemment engagés à ne plus se fournir en volailles traités avec certains antibiotiques utilisés pour l'homme. Les actionnaires de plusieurs grandes chaînes de restaurant font pression pour que ces dernières changent cette habitude, qui accroît les risques de résistance microbienne.
Jean-Yves Paillé
L'OMS estime que la mauvaise utilisation des antibiotiques sur les élevages contribue à la menace d'une ère "post-antibiotique".

Mardi 9 août, plusieurs actionnaires activistes de l'Américain Yum! Brands, dont As You Sow, ont demandé à la chaîne de restaurant KFC de ne plus se fournir en poulet ayant été traités avec des antibiotiques utilisés pour soigner des infections graves chez l'homme. Dans le groupe Yum!, Taco Bell et Pizza Hut se sont déjà engagés à ne pas avoir recours à ce type de volailles. Une promesse qui doit se concrétiser d'ici au début de l'année 2017.

Ces derniers ont suivi l'initiative de McDonald's Etats-Unis qui a assuré le 1er août avoir rempli l'engagement de ne plus utiliser de poulets traités par ce type d'antibiotiques. Au début du mois, le fast-food Wendy's avait également fait la promesse de suivre la même voie.

Les fast-foods sous la pression des actionnaires

Ce changement de stratégie de plusieurs fast-food est le résultat d'un mouvement enclenché par plusieurs actionnaires activistes cette année. Le 15 mars, des dizaines d'actionnaires de poids comme Aviva ou Boston Common Asset Management, représentant 1.200 milliards de dollars d'investissements ont fait pression sur les fast-food. Ils ont exigé, dans une demande commune, que les grandes chaînes de restaurants, comme McDonald's, JD Wetherspoonse, Wendy's, Yum! Brands entre autres se fournissent moins en bétail nourris aux antibiotiques.

"Le monde change, la réglementation concernant l'utilisation des antibiotiques va être renforcée, tandis que l'élevage intensif a de moins en moins la faveur des consommateurs. En tant qu'investisseurs responsables, nous voulons protéger à la fois la santé humaine et la valeur pour l'actionnaire", commentait ainsi Jeremy Coller, responsable des investissements chez Coller Capital.

Les Etats-Unis très inquiets de la résistance aux antibiotiques

Car, en plus des associations de défense de consommateurs, le gouvernement américain se mobilise. En 2014, la Maison blanche a lancé un plan stratégique pour combattre la résistance aux antibiotiques: "La gestion des antibiotiques est nécessaire dans les milieux agricoles car les bactéries associées aux élevages peuvent contribuer au développement d'une résistance aux médicaments utilisés chez humains", explique-t-il dans un communiqué. Il planche notamment sur des solutions pour réduire l'utilisation des antibiotiques importants pour l'homme dans les élevages. Et il pointe du doigt les pratiques de certains fast-food.

En outre, quelques semaines après l'identification chez une femme d'une super-bactérie résistante aux antimicrobiens, pour la première fois aux Etats-Unis, Washington en association avec Londres, a annoncé l'investissement de plusieurs centaines de millions de dollars pour combattre la résistance microbienne aux antibiotiques.

La crainte d'une ère "post-antibiotique"

Les antibiotiques utilisés sur les animaux à titre préventif et pour accélérer la croissance du bétail font polémique. Souvent jugée abusive, une telle utilisation peut transmettre des résistances microbiennes aux antibiotiques à l'homme. Or aux Etats-Unis, environ 70% des antibiotiques vendus aux Etats-Unis et médicalement importants pour combattre les infections chez les hommes sont utilisés dans la production de viande et de produits laitiers.

Et le problème de la résistance microbienne aux antibiotiques a une portée mondiale. L'OMS estime que la mauvaise utilisation des antibiotiques sur les élevages contribue à la menace d'une ère "post-antibiotique", une ère ou des infections communes et des blessures mineures, traitées depuis des décennies, pourraient tuer une nouvelle fois. La résistance aux antibiotiques pourrait tuer 10 millions de personnes par an à l'horizon 2050, soit une toutes les trois secondes, et ainsi faire plus de morts que le cancer, ajoute un rapport commandé par le gouvernement britannique au début de l'année.

    Lire aussi >> Antibiotiques inefficaces : le secteur public agit, mais que font les laboratoires ?

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 3
à écrit le 12/08/2016 à 16:26
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ce n'est que de la com', c'est des mensonges, en aucun cas Mac Do a le pouvoir de surveiller les éleveurs...surtout sans label ni cahier des charges... c'est de toutes façon la nouvelle politique de donner moins d'antibios, ça n'enlève en rien les m...

à écrit le 09/08/2016 à 18:51
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La volaille de 40 jours qu'on mange aux USA et au Canada c'est le top de la malbouffe et de la maltraitance animale. Quand je pense que dans le Sud Ouest c'est plutôt entre 120 et 150 jours.

à écrit le 09/08/2016 à 18:26
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Bizarre, on nous a toujours dit que les antibiotiques utilisés n'étaient pas les mêmes, pour éviter ce genre d'effet. A moins que ce ne soit qu'en Europe (avec son fichu principe de précaution), mais si on peut ne pas en utiliser à titre préventif, c...

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