Vaccins anti-covid : après la débâcle française, Castex promet "un plan massif de réinvestissement de Sanofi" en France

Par latribune.fr  |   |  1012  mots
"On a tous sous-investi dans la santé depuis 40 ans." (Crédits : Reuters)
Lors d'un déplacement en Alsace, le Premier ministre a fait un bilan des échecs en matière de recherche en santé, mis à jour par la crise Covid-19. Sans en livrer les détails, le gouvernement entend "créer une Agence de l'innovation en santé" et ainsi tenter de replacer la France dans la compétition mondiale qui se joue actuellement sur les biotechnologies. Pendant ce temps-là, Pfizer et Moderna accélère dans la course au vaccin contre Omicron mais aussi, dans le cas de Pfizer et Merck, dans celle de la pilule anti-Covid.

"J'annoncerai dans la deuxième quinzaine de février un plan massif de réinvestissement de Sanofi en France, parce qu'il faut repartir de l'avant". L'annonce du Premier ministre Jean Castex ce vendredi peut paraître surprenante vis-à-vis d'une entreprise privée. Elle est en tout cas dans la droite ligne des plans de sauvetage déclenchés par le gouvernement d'Emmanuel Macron pour sauver "quoi qu'il en coûte" les fleurons industriels français bousculés par la crise Covid et par la poussée inflationniste.

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Sanofi est une entreprise privée, détenue, entres autres actionnaires individuels, à 62,9% par des institutionnels étrangers et à 15,1% par des institutionnels français (des groupes privés tel L'Oréal), rappelle le site de l'entreprise. Dans l'Hexagone, le groupe emploie 25.000 personnes. Au global, le laboratoire pharmaceutique compte plus de 100.000 salariés.

Aussi, regrettant qu'il n'ait pu y avoir de vaccin contre le Covid-19 produit en France après le retrait de Sanofi sur le sujet, et face au leadership Pfizer / BioNTech et Moderna, le Premier ministre a délivré des constats à l'occasion d'une conversation impromptue avec deux chefs de service du nouvel hôpital d'Obernai (Bas-Rhin) :

"Tous les Français, en Alsace comme ailleurs, ont été comme moi traumatisés par cette affaire : c'est l'abaissement des moyens depuis 30 ans sur l'innovation dans la recherche en santé qui a abouti à ce qu'on ne fasse pas de vaccin français... ça, ce n'est plus possible ! Il faut réinvestir massivement", a-t-il poursuivi.

"On a tous sous-investi dans la santé depuis 40 ans. (...) La question est de savoir si ceux qui sont en responsabilité aujourd'hui, comme c'est mon cas, prennent les décisions qu'il faut", a déclaré Jean Castex

Face à cela, le gouvernement veut "créer une Agence de l'innovation en santé. Il faut réimplanter en France la fabrication, comme on l'a fait avec le paracétamol. C'est aussi une question de souveraineté", a-t-il poursuivi, sans donner de détail supplémentaire.

Sanofi en moteur du "made in France"

Cette pré-annonce fait écho avec celle déjà faite, lors de la présentation du plan gouvernement "France 2030". Dans celui-ci, l'exécutif a fixé pour objectif de parvenir à 20 biomédicaments "bleu-blanc-rouge" d'ici à 2030. Mais le financement du plan se révèle être un casse-tête pour Bercy. Sur les 34 milliards d'euros au total, 2,8 milliards d'euros ont été inscrits dans le budget 2022.

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Sanofi tente depuis plusieurs mois de reprendre la main, en matière de communication mais aussi sur le plan commercial. Comme ces concurrents allemands ou américains, le groupe réalise des acquisitions externes (telles les laboratoires de biotechnologies Amunix Pharmaceuticals, Translate Bio), à coup de plusieurs milliards de dollars au total. En ligne de mire, la technologie par ARN-messager qui permet d'adapter les vaccins notamment.

Malgré son retard sur les traitements anti-Covid, le laboratoire français a confirmé début décembre viser un taux de croissance annuel composé des ventes de 5% à 9% entre 2018 et 2025 et a pour objectif de plus que doubler les revenus de l'activité vaccins d'ici la fin de cette décennie.

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Pfizer sur tous les fronts

Et pendant ce temps là, les concurrents de Sanofi ne restent pas les bras croisés malgré les rentrées de cash que leur apportent le vaccin contre le Covid.

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Jeudi, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé jeudi avoir approuvé la pilule anti-Covid du fabricant Pfizer, commercialisée sous le nom de Paxlovid et qui doit devenir le premier traitement antiviral oral contre la maladie autorisé dans l'Union européenne. Les antiviraux agissent en diminuant la capacité d'un virus à se répliquer, freinant ainsi la maladie. Ce type de comprimés pourraient potentiellement marquer un pas vers la fin de la pandémie car faciles à administrer: ils peuvent être pris chez soi avec un verre d'eau. Le régulateur a recommandé "d'autoriser Paxlovid pour le traitement du Covid-19 chez les adultes qui n'ont pas besoin d'oxygène supplémentaire et qui présentent un risque accru que la maladie devienne grave". Les États-Unis, le Canada et Israël font partie de la poignée de pays ayant déjà donné leur feu vert à cette pilule anti-Covid. Le régulateur évalue toujours une demande similaire pour la pilule anti-Covid du fabricant américain de médicaments Merck. Par ailleurs, l'alliance Pfizer-BioNTech a également annoncé cette semaine avoir démarré les essais pour tester son propre vaccin spécifique contre Omicron. Pfizer évalue non seulement sa formule en tant que rappel, mais aussi pour la série initiale d'injections, chez des personnes auparavant non vaccinées.

Moderna teste un rappel de vaccin spécifique contre Omicron

Une voie sur laquelle s'est également placée l'entreprise américaine Moderna a annoncé mercredi avoir commencé les essais cliniques d'une dose de rappel de vaccin conçu spécifiquement contre le variant Omicron. Ces essais comporteront en tout 600 adultes, dont la moitié ont déjà reçu deux doses du vaccin de Moderna il y a au moins six mois, et l'autre ont reçu non seulement ces deux doses initiales mais aussi, il y a au moins trois mois, la dose de rappel déjà autorisée. Le rappel spécifique contre Omicron sera donc à la fois évalué en tant que troisième, ou quatrième dose. L'entreprise a également fait part de résultats portant sur l'efficacité, face à Omicron, du rappel déjà autorisé. Selon l'entreprise, six mois après l'injection du rappel, les niveaux d'anticorps neutralisants contre Omicron étaient réduits par six par rapport au pic observé 29 jours après la piqûre, mais restaient détectables chez tous les participants. Ces données ont été obtenues en étudiant le sang de 20 personnes ayant reçu le rappel dosé à 50 microgrammes (soit moitié moins que les deux premières injections).