Le plan France 2030 vire au casse-tête pour Bercy

La direction générale des entreprises (DGE) veut accélérer l'exécution du plan France 2030 en 2022. Au total, 2,8 milliards d'euros de crédits sont inscrits dans le budget de cette année. Le dernier rapport d'activité de la DGE consulté en avant-première par La Tribune, met l'accent sur "les stratégies d'accélération pour une économie plus innovante et plus compétitive". Entre le variant Omicron, la présidentielle et l'absence de gouvernance de France 2030, l'exécution rapide de ce vaste plan pourrait virer au casse-tête.
Grégoire Normand
38 milliards de subventions ont été accordés à plus de deux millions d'entreprises dans le cadre du fonds de solidarité et des aides satellites selon le dernier rapport de la direction générale des entreprises (DGE).
38 milliards de subventions ont été accordés à plus de deux millions d'entreprises dans le cadre du fonds de solidarité et des aides satellites selon le dernier rapport de la direction générale des entreprises (DGE). (Crédits : Reuters)

Mesures d'urgence, plan de relance, France 2030...la liste des tâches colossales ne cesse de s'allonger pour Bercy. Depuis près de deux ans, les fonctionnaires de la direction générale des entreprises (DGE) sont sur le front pour tenter de limiter les dégâts d'une crise sanitaire interminable sur le tissu productif français. La déferlante Omicron et les mesures de restriction chamboulent encore un grand nombre de secteurs tricolores déjà meurtris par deux années tourmentées. Même si le gouvernement a promis la fin du "quoi qu'il en coûte" à la fin de l'été dernier, la persistance du virus oblige l'exécutif à revoir ses plans alors que les prix de l'énergie et de l'essence à la pompe battent des records ces dernières semaines.

Dans son dernier rapport d'activité consulté en avant-première par La Tribune, la direction générale des entreprises dresse le bilan de deux années chaotiques pour une administration aux premières loges des vagues épidémiques.

"Les mesures d'urgence ont été globalement une réussite. La DGE a dû mettre en œuvre une ingénierie inédite, avec pas moins de 50 décrets depuis le début de la crise. Le fonds de solidarité et ses aides satellites ont bénéficié à plus de 2 millions d'entreprises. Il y a un taux historiquement bas de défaillances. La réponse d'urgence a très bien fonctionné", résume Thomas Courbe; à la tête de cette énorme machine composée de près d'une trentaine de services, sous-directions et pôles.

A moins de trois mois de la présidentielle, la pression est forte sur cette administration au coeur de l'immense paquebot Bercy. Surtout que la plupart des instituts de prévision ont dégradé leurs chiffres de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre et que le pouvoir d'achat des Français devrait fléchir au cours du premier semestre selon l'Insee.

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France 2030 : 2,8 milliards d'euros en 2022

A l'automne dernier, le chef de l'Etat Emmanuel Macron a présenté lors d'un discours fleuve de plus de deux heures les objectifs du plan France 2030 devant un parterre d'élus, de chefs d'entreprises, d'étudiants et de journalistes.

"France 2030 doit permettre à l'économie française de se positionner sur des marchés à très fort potentiel économique et aussi à enjeux sociétaux. Un accent a été mis sur l'innovation. Il y a une volonté de soutenir des acteurs émergents dans la politique industrielle" ajoute Thomas Courbe.

"Le rôle de la DGE est de porter ces politiques. La DGE a beaucoup contribué à la conception de France 2030 et désormais à sa mise en œuvre. L'objectif prioritaire pour 2022 est d'appliquer ce plan rapidement. La compétition internationale reste intense", insiste-t-il". Sur les 34 milliards d'euros au total, 2,8 milliards d'euros ont été inscrits dans le budget 2022.

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Après un retard à l'allumage à la fin de l'été, l'exécution de cette enveloppe doit se concrétiser à partir de cette année. Or, ce plan d'investissement n'a toujours pas de gouvernance.

Interrogé sur ce point par La Tribune il y a quelques jours, l'entourage du président de la République a botté en touche. "Pas grand-chose à dire de plus sur la gouvernance en particulier, nous avons lancé le recrutement d'une personne pour piloter l'initiative, les décisions sont en cours."

De son côté, Thomas Courbe estime "qu'il est compatible de mener des actions en attendant cette gouvernance. Le processus est très engagé et devrait déboucher très rapidement". Lors de ses vœux à la presse il y a quelques jours, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a exprimé son insatisfaction.

"Les propositions sur la gouvernance de France 2030 sont démodées. Ce n'est pas une question de personnalité mais c'est la structure qui ne va pas. A chaque fois, on propose une structure avec beaucoup de technocrates."

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Bercy a versé 38 milliards d'euros de subventions

La mise sous cloche de l'économie tricolore au printemps 2020 a donné des sueurs froides aux agents de Bercy. En seulement quelques jours, le ministère a dû faire face à un véritable séisme. Il faut dire que la pandémie a profondément chamboulé le quotidien des fonctionnaires du ministère de l'Economie. Après l'annonce des mesures d'urgence, la direction générale des entreprises a été fortement sollicitée.

D'après le dernier rapport d'activité, 38 milliards d'euros de subventions ont été accordés à plus de deux millions d'entreprises depuis mars 2020. Ce qui rappelle qu'une grande partie du choc a été encaissée par les administrations publiques. Sur ce point, le fonds de solidarité, qui à la base avait été imaginé pour les indépendants pour leur permettre de prendre en charge leurs factures avec un plafond de 1.500 euros, a changé de dimension au fur et à mesure que la crise se prolongeait.

Parmi les autres chiffres marquants figurent également les 100 milliards du plan de relance. Lors d'une réunion téléphonique avec des journalistes mardi dernier, les conseillers du premier ministre Jean Castex et de Bruno Le Maire n'ont pas hésité à faire la promotion de ce plan. A la fin de l'année 2021, 72 milliards d'euros ont été engagés selon l'entourage du ministre de l'Economie.

En revanche, aucun chiffre n'a été communiqué sur l'exécution effective des crédits. Sur les grands chantiers à venir, si la numérisation de l'économie semble bien engagée, les avancées en matière de décarbonation de l'économie française sont plus flous selon un récent bilan du comité d'évaluation du plan de relance mené par l'économiste Benoît Coeuré.

"Sur les perspectives 2022, il s'agit notamment de poursuivre les efforts entrepris depuis le début de la relance sur la décarbonation de l'industrie. Dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, nous serons mobilisés sur le paquet "Fit for 55" de la Commission européenne, un ensemble de mesures pour atteindre l'objectif de réduction de 55% des émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990. Il inclut un mécanisme d'ajustement aux frontières pour éviter les fuites de carbone. Au niveau national, l'objectif de réduction des émissions se décline avec des feuilles de route dans chaque secteur. La DGE agit pour concilier décarbonation de l'industrie et amélioration de sa compétitivité", conclut Thomas Courbe.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 20/01/2022 à 11:40
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Bruno commence donc à investir dans le rayon pelles et pioches de casto.

le 21/01/2022 à 7:49
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la vision de la maconie il oublie a quoi serve les outils un plan pour 2030 5ans a la direction de la france et que des cata gilet jaune reforme des retraite entierement incapable de creer un dialogue une vision d'avenir et il propose une visi...

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