Ferroviaire : Castex promet de rénover les petites lignes, soit un tiers du réseau national

Dimanche 12 décembre, Jean Castex s'est engagé à la rénovation des petites lignes ferroviaires, autrement dit les lignes les moins fréquentées, qui représentent un tiers de l'ensemble du réseau ferroviaire français, et maillent près de 9.000 kilomètres. Une annonce qui s'inscrit dans la lignée du plan de sauvegarde des petites lignes qui avait alors mis sur la table une enveloppe de 7 milliards d'euros sur dix ans.
(Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Remettre en état « partout » les petites lignes ferroviaires. C'est le cap qu'a fixé dimanche 12 décembre le premier ministre Jean Castex, en inaugurant la voie ferrée reliant Epinal et Saint-Dié-des-Vosges, qui était fermée depuis trois ans pour cause de vétusté et risque d'effondrement de deux tunnels. « C'est du concret, c'est du réel ! », s'est exclamé M. Castex devant la gare de Saint-Dié, avant le départ du train inaugural à travers les collines enneigées des Vosges.

Les annonces de rénovation s'inscrivent dans la continuité du « plan de revitalisation des lignes de desserte fine du territoire », annoncé par le gouvernement en juillet dernier. À cette date, Jean-Baptiste Djebarri, ministre délégué chargé des Transports, avait acté un investissement de près de 7 milliards d'euros sur dix ans, soit d'ici 2031, pour pérenniser les 9.000 kilomètres de petites lignes sur le territoire. Un grand plan d'investissement dans ces lignes avait ainsi été lancé, en partenariat avec les régions volontaires, pour régénérer et réinventer les petites lignes.

À ce jour, la filière ferroviaire représente 1 million d'emplois en France et 34 milliards d'euros de chiffre d'affaires répartis entre plus de 1.300 entreprises (opérateurs, constructeurs, ingénieries de transport, équipementiers et entreprises de toutes tailles), selon les données du ministère de la transition écologique.

Rénover un tiers des lignes ferroviaires nationales

Les petites lignes, également appelées lignes de desserte fine du territoire, sont étiquetées « catégories UIC 7 à 9 » (qui correspond à une faible fréquentation) dans le classement de l'union internationale des chemins de fer (UIC). Elles représentent 9.200 kilomètres sur un total de 28.000 kilomètres de lignes ferroviaires en France, soit environ un tiers du réseau ferroviaire français accueillant des voyageurs, selon les chiffres du ministère de la Transition Ecologique.

Dimanche 12 décembre, le chef du gouvernement, qui a rappelé être « un grand amateur de trains et passionné de choses ferroviaires », a déploré les « décennies pendant lesquelles l'Etat (...) considérait que ces lignes de desserte du monde rural, ça coûtait très cher quand même ». Et de rappeler que le sous-investissement a forcé les trains à ralentir, faisant fuir les passagers.

En effet, les petites lignes sont très majoritairement à voie unique (78 %) et non électrifiées (85%), en fort décalage par rapport au réseau structurant, et la signalisation est encore principalement composée de postes mécaniques, créant un fort besoin de main-d'œuvre. Malgré une amélioration constatée depuis la fin de la décennie passée, ce réseau est âgé (40 ans en moyenne pour la voie et les rails) et plus des trois-quarts des voies faisaient, en 2017, l'objet d'un risque de limitation de vitesse, voire de suspension de la circulation.

Dans ce contexte, le gouvernement entend participer avec les régions à la régénération de 9.200 kilomètres de petites lignes.

« C'est un mouvement de grande ampleur. Nous le faisons partout parce que nous y croyons », a déclaré dimanche le Premier ministre Jean Castex. « Nous dépensons de l'argent dans le ferroviaire. C'est un investissement d'avenir », a-t-il insisté, promettant « un retour sur investissement » pour la collectivité.

Les petites lignes concentrent à elles seules 17% du trafic de trains régionaux, et constituent souvent des moyens de déplacement essentiels, notamment pour les habitants des territoires ruraux et des villes moyennes, qui ne disposent pas toujours de moyens de transport alternatifs.

Des plans d'actions régionaux

Dès la remise du rapport sur l'avenir du transport ferroviaire par Jean-Cyril Spinetta en février 2018, le Premier ministre a clairement fait savoir que l'avenir des lignes ferroviaires de desserte fine du territoire ne serait pas décidé depuis Paris.

Des mesures décidées à l'échelle régionale font en effet plus de sens dans la mesure où la part des lignes de desserte fine du territoire dans l'ensemble du réseau ferroviaire varie fortement d'une région à l'autre. Si l'on exclut l'Île-de-France, marginalement concernée (48 km et 3 % du réseau), elle va de 22 % dans les Hauts-de-France à 54 % en Occitanie. Mesuré en kilométrage total du réseau, la répartition est différente, Nouvelle-Aquitaine venant en tête avec 1.650 km, devant Occitanie (1.429 km), Auvergne-Rhône-Alpes (1.271 km) et Grand Est (845 km), ce classement étant évidemment pour partie lié à la taille des régions.

Cinq protocoles d'accord ont d'ores et déjà été signés par l'État depuis février 2020 avec les Régions Centre-Val de Loire, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Bourgogne-Franche-Comté et Nouvelle-Aquitaine, Grand Est, et plusieurs autres devraient être signés prochainement.

Et la réouverture de la ligne Epinal-Saint Dié était très attendue du gouvernement: en 2018, sa fermeture avait mis le président Emmanuel Macron en colère, étant donné qu'il s'était engagé à la maintenir quelques mois plus tôt lors d'un déplacement à Saint-Dié. Sa réouverture est donc devenue un projet d'ampleur nationale ; les 21 millions d'euros de travaux nécessaires étant pris en charge à 40% par l'Etat et 60% par la région Grand Est.

« Engagement pris, engagement tenu », s'est félicité Jean Castex.

La ligne était fort peu utilisée et ultra déficitaire avant sa fermeture, pourtant les fréquences vont être renforcées, avec des liaisons directes jusqu'à Strasbourg. Elle va faire partie des liaisons ouvertes à la concurrence par le conseil régional, y compris pour l'infrastructure.

Déployer une « politique globale » des infrastructures

Jean Castex a aussi souligné la nécessité d'avoir « une politique globale » des infrastructures, estimant que la construction d'axes routiers pouvait aussi être parfois nécessaire.

Le Premier ministre a d'ailleurs indiqué dimanche qu'il donnait son feu vert à une expérimentation permettant au Grand Est de payer moins de péages à SNCF Réseau pour faire circuler ses TER, en échange d'investissements sur le réseau structurant et du passage de davantage de trains.

En outre, le ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari a annoncé hier un ambitieux projet de multiplication de trains de nuit qui sera lancé entre 2026 et 2030. Objectif: faire rouler de plus en plus de trains de nuit d'ici 2030. A cette fin, une enveloppe d'au moins 800 millions d'euros sera dédiée à l'investissement dans du matériel roulant, qui serait livré « entre 2025 et 2030 », a souligné le ministre. Il comprendrait quelque 300 voitures, une trentaine de locomotives et deux ateliers.

« Pour les financer, la meilleure option est que l'Etat fasse appel à une ou plusieurs sociétés de location, qui assureront la commande et la gestion des matériels roulants », a-t-il estimé. « Les procédures pourraient être lancées début 2022, pour de nouvelles lignes de nuit à partir de 2026 », a précisé le ministre.

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Commentaires 6
à écrit le 13/12/2021 à 16:52
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Où va t'il trouver le temps puisque qu'il descend du train au mois d'avril avec le reste de l'équipe?

le 14/12/2021 à 8:55
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Justement ce sont un peu leurs grandes vacances, ils sont en roues libres du coup. Bientôt la fin du calvaire, enfin !

à écrit le 13/12/2021 à 16:35
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Les petites lignes c'est formidable mais si les horaires de passage ne sont pas adaptés, personne ne monte dans les wagons, voire 'voiture' SNCF pour transporter les humains. Si le train passe 10 minutes après l'heure de début du boulot à la ville, i...

à écrit le 13/12/2021 à 16:23
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Le chef de guère, le chef de gare, espérons qu'on mous épargne le chef de gore

à écrit le 13/12/2021 à 16:21
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Castex peut toujours promettre, il ne sera plus là dans 4 mois pour exécuter sa promesse ! La question suivante est : est-ce que ça n’est pas somptuaire de rénover des petites lignes qui, compte tenu du trafic résiduel, ne pourront pas être amorties ...

à écrit le 13/12/2021 à 15:41
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C'est bien mais ce n'est pas assez sur les 3/4 de voies ferrées démantelées par nos politiciens corrompus au nom du lobby pétrolier, et je félicite sincèrement les LREM de ce surprenant retournement, bravo à eux, il y en a au moins la moitié qui serv...

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