Climat : Stockholm mise sur le charbon végétal et le train

Par Dominique Pialot  |   |  602  mots
La municipalité veut inciter les habitants de Stockholm à profiter de la ville et moins voyager.
A Paris pour l’événement "Women4climate"organisé par le C40, l’adjointe au maire de Stockholm en charge de l’environnement détaille à La Tribune les pistes poursuivies par la municipalité suédoise pour devenir neutre en carbone d’ici 2040. Voire, absorber plus de CO2 qu’elle n’en émettra alors.

« Nous sommes sur la bonne voie en ce qui concerne nos émissions propres », se réjouit Katarina Luhr, marie adjointe de Stockholm (Suède) en charge de l'environnement et du climat. En effet, cette ville de quelque 910.000 habitants est parvenue à réduire ses émissions de 58% depuis 1990. Pionnière européenne dans l'instauration d'un péage urbain dès 2006, qui a permis d'abaisser les émissions liées aux transports de 22% dès la première année, elle entend se libérer totalement des énergies fossiles d'ici à 2040, et devenir une ville absorbant plus de CO2 qu'elle n'en émet.

Mais ce calcul ne tient compte que des gaz à effet de serre émis dans la ville même. « Malheureusement, nous sommes aussi de gros consommateurs », reconnaît Katarina Luhr. Autrement dit, les émissions importées, celles émises lors de la fabrication de produits achetés par les habitants de Stockholm, sont, elles, en croissance continue. « 4,2 planètes seraient nécessaires pour supporter un mode de vie comparable à l'échelle de la planète » se désole l'élue.

Charbon végétal

De multiples initiatives sont mises en place pour inciter les stockholmois à réparer, échanger, ré-utiliser les objets. Des ateliers de réparation mobiles s'installent dans un quartier pour deux jours ; des bourses d'échanges aux jouets sont organisées ; des forfaits de réparation de bicyclettes en deux heures sont proposés...

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Mais pour atteindre l'objectif d'absorber plus de gaz à effet de serre qu'elle n'en émet, la ville compte sur une technologie particulière : la pyrolyse de déchets végétaux. Ces derniers, issus des parcs et jardins urbains, sont transformés en un « charbon végétal, ou biochar, qui non seulement peut être brûlé pour produire de la chaleur, mais demeure aussi dans le sol pour des millénaires, ce qui en fait le premier puits de carbone urbain du monde. Le projet, soutenu par la fondation Bloomberg, est encore au stade du pilote. Mais la ville prévoit de produire 7.000 tonnes de biochar à l'horizon 2020, de quoi produire 25,000 MWh de chaleur pour le réseau urbain (de quoi chauffer 400 appartements) et absorber les émissions de 3.500 voitures.

Haro sur l'avion

Mais la principale préoccupation, à l'heure actuelle, concerne les déplacements en avion. Ils ajoutent, en moyenne, une tonne de CO2 aux 2,2 tonnes émises chaque année par les habitants de la capitale suédoise. « Nous essayons d'instaurer une nouvelle politique de déplacements », explique Katarina Luhr, en commençant par les quelque 50.000 agents municipaux : plus d'avion pour des déplacements domestiques, une obligation de compenser ses vols afin d'alimenter un fonds pour subventionner l'achat de billets de train, etc. Un journal suédois a récemment publié un comparatif entre deux personnes voyageant de Stockholm à Göteborg (470 kilomètres) l'une en train, l'autre en avion. La première est arrivée une heure plus tard, mais avait pu travailler quasiment non-stop pendant le trajet. « Ce genre d'information est très utile pour faire évoluer l'état d'esprit », se réjouit-elle.

Mais la municipalité ne se contente pas d'agir par la contrainte et la taxe. Afin d'inciter les habitants à rester plus souvent dans leur (magnifique et très verte) ville, elle travaille sur le concept de « staycation », qui consiste à offrir aux habitants d'une ville des opportunités de se sentir en vacances sans quitter la ville. « Par exemple, cite en exemple l'élue, en aménageant plus de plages dans la ville, qui en compte déjà plusieurs, puisque Stockholm se situe au cœur d'un archipel ».