Électricité verte : la SNCF choisit Voltalia

Par Dominique Pialot  |   |  821  mots
Parc solaire du Parc d'Activité de Grenoble Air Parc (PAGAP). (Crédits : Voltalia)
SNCF Energie et le producteur indépendant d’énergie renouvelable Voltalia signent un contrat d’achat direct d’électricité verte pour plus de 140 mégawatts sur 25 ans, ce qui en fait l’un des plus gros contrats de ce type en Europe.

C'est une première en France. Voltalia, développeur, producteur et fournisseur d'électricité verte à partir de solaire, éolien ou biomasse, vendra 200 gigawattheures par an pendant 25 ans à SNCF Energie, correspondant à une capacité installée de 143 mégawatts (MW). Voltalia n'est pas un débutant pour ce type de contrats d'achats directs, appelés « corporate power purchase agreements », ou PPA.

Le groupe fondé en 2005, repris par la famille Mulliez via Creadev en 2011, en a déjà signé au Brésil avec le géant de l'agro-alimentaire BRF et en mai dernier en France avec le distributeur d'électroménager Boulanger, pour un volume de 5 MW. Mais celui-ci est inédit à plusieurs titres : sa durée (25 ans), son volume (143 MW) et son « additionnalité », autrement dit le fait d'ajouter des capacités renouvelables dédiées. En effet, pour honorer son contrat, Voltalia, qui est déjà à la tête de 1 gigawatt (GW) qu'il a conservés (sur un total de 2,4 GW développés dans 18 pays), construira trois centrales solaires dans le Var et dans le Gard.

Levée de fonds de 376 millions d'euros

Cela lui permettra d'accroître de 76% sa capacité installée en France, qui représente aujourd'hui moins de 20% de son portefeuille et de son chiffre d'affaires de 180,6 millions d'euros, l'entreprise s'étant développée à partir de la Guyane, et notamment au Brésil.

Une augmentation de capital de 376 millions d'euros est actuellement en cours, dont 300 millions seront consacrés au financement de 1,6 GW de capacités supplémentaires annoncés par Voltalia à l'horizon 2023. L'essentiel des fonds (75%) seront apportés par l'actionnaire de contrôle Creadev et l'investisseur historique Proparco (filiale de l'Agence française de développement dédiée au secteur privé), ce qui permettra de doubler le flottant mais aussi de faire entrer la Banque européenne de développement (Berd).

« Nous allons faire avec la BERD ce que nous avons fait avec Proparco, à savoir nous implanter dans les pays où ils sont présents, en Europe du Sud, au Proche-Orient ou au Moyen-Orient. » Une partie des fonds pourrait ainsi servir à quelques acquisitions.

L'entreprise prévoit l'émission de près de 41 millions d'actions nouvelles au prix de 9,2 euros par action, dont 5,70 euros de valeur nominale et 3,5 euros de prime d'émission, soit une décote de 10,60% par rapport à la valeur théorique.

Nouvelle donne en France

« Depuis 15 ans, nous avons consacré l'essentiel de nos ressources à des marchés riches en ressources énergétiques renouvelables, ou sur lesquels le prix de l'électricité conventionnelle est particulièrement élevé », précise Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia. « Cela est non seulement positif pour le climat, rentable et dans des pays émergents, sain pour les finances publiques qui peuvent être investies dans d'autres priorités. » En conséquence, 82% des centrales de Voltalia ne reçoivent aucune subvention, ce qui contribue à la robustesse du modèle économique.

Mais la situation évolue en France, avec l'intérêt récent que manifestent les entreprises pour des achats directs d'électricité verte, à des prix contractualisés sur de longues durées.

« Pour que la vente directe d'énergie soit plus compétitive que le prix de marché dans des économies matures comme la France, il faut que l'énergie renouvelable soit moins chère, non seulement que celle issue des nouvelles centrales, mais également que le coût marginal des centrales déjà amorties...», souligne Sébastien Clerc.

Six ou sept contrats supplémentaires à venir pour la SNCF

SNCF Energie ne fait pas mystère de son objectif de verdir rapidement l'électricité consommée pour faire circuler ses trains. Elle a donc lancé un programme de dialogue concurrentiel permanent, « PPA Energies renouvelables », avec l'objectif d'atteindre 40% à 50% d'énergies renouvelables dans son mix de traction des trains à l'horizon 2025, et 20% sur la base de PPA. Le groupe va donc signer dans les deux ou trois prochaines années, six ou sept contrats semblables à celui conclu avec Voltalia, qui ne représente que 3% à 4% de ce volume.

« Nous n'avons pas d'exclusivité avec SNCF Energie mais nous avons noué une vraie relation. Nous avons bien travaillé ensemble, ils se sont montrés particulièrement réactifs et nous continuerons de travailler étroitement avec eux », se réjouit Sébastien Clerc.

Pourquoi SNCF les a-t-il choisis pour ce premier PPA ? « Nous développons des projets de A à Z, contrairement à des utilities qui procèdent par acquisition de sociétés ou de projets, et nous allons toujours chercher l'énergie la moins chère, comme le montre l'implantation de nos nouvelles centrales pour le contrat SNCF. »

« Le plus important pour nous, c'est d'avoir de bonnes contreparties, qu'il s'agisse de distributeurs d'électricité ou d'entreprises consommatrices, rappelle Sébastien Cler. Mais il est clair que la part de "corporate PPA" va croître au sein de notre portefeuille. »

Quoi qu'il en soit, Voltalia est bien positionné sur ce marché émergent des Corporate PPA en France...