Engie : se transformer au-delà des énergies renouvelables

Par Dominique Pialot  |   |  860  mots
Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie, a rappelé, lors de ses voeux à la presse, les piliers de la stratégie qu'elle impulse depuis deux ans dans le groupe.
Tout en revendiquant la première place sur le marché français de l’éolien et du solaire, l’énergéticien vise aussi l’élaboration de solutions décentralisées impliquant bien plus que la production d’énergie décarbonée.

C'est au dernier étage du musée du Quai Branly qu'Isabelle Kocher a choisi de présenter ses vœux à la presse ce 15 janvier. L'occasion pour la directrice générale d'Engie de rappeler que la fondation, mécène du musée, est impliquée dans la rénovation du mur végétal, et, surtout, que l'établissement est un client de sa filiale de « facility management » Cofely. A ce titre, le groupe pilote l'ensemble des services de ce site qui comprend cinq bâtiments - dont un théâtre et une salle de cinéma - construits sur 46.660 m² et un jardin de 18.000 m², et accueille chaque mois 125.000 visiteurs. Au-delà de l'accompagnement sur le plan énergétique (maîtrise des coûts et performance), les équipes d'Engie assurent le confort de ces visiteurs ou encore la sécurité des biens et des personnes. Un exemple parmi d'autres de ces « solutions décentralisées » dont la fourniture d'énergie n'est qu'un volet, et qui constituent désormais l'un des trois piliers du développement d'Engie, avec son métier historique de gestion de grands réseaux d'électricité et surtout de gaz, et la production d'énergie décarbonée.

Bientôt 32 GW de renouvelables en portefeuille

Sur ce dernier point, Isabelle Kocher se réjouit d'avoir développé depuis deux ans pas moins de 6 gigawatts (GW) de nouvelles capacités renouvelables dans le monde - l'équivalent de six Fessenheim - précise-t-elle, auxquels s'ajoutent 6 autres GW sur le point d'être construits. Ces 12 GW viennent compléter un portefeuille existant de 20 GW - incluant l'hydro-électricité - et font d'Engie un leader mondial des énergies renouvelables. Dans son pays d'origine, en particulier, la patronne revendique la première place. « Nous étions déjà numéro 1 dans l'éolien, et nous le sommes désormais aussi dans le solaire », affirme-t-elle. Interrogée sur le projet de parc éolien offshore au large du Tréport, en butte à l'opposition des pécheurs et sur lequel un avis défavorable a été rendu en octobre par le parc naturel marin des estuaires picards, elle rappelle que des modifications (mâts plus hauts, interruption des travaux pendant les périodes de nidification, division par deux des relargages de métaux lourds...) ont été proposées pour répondre à leurs craintes. L'Agence française de la biodiversité (AFB), qui chapeaute les parcs naturels marins français et a auditionné le groupe le 22 décembre dernier, doit rendre sa décision le 1er février prochain. Isabelle Kocher reconnaît qu'un rejet serait interprété comme un signal très négatif. Et probablement, même si elle ne le dit pas, par un abandon de ces projets en France.

En pole position sur les renouvelables

Symbolique, cette première place française n'en est pas moins très disputée, notamment avec l'éternel rival EDF, qui a annoncé il y a quelques semaines ses ambitions de développer 30 GW d'électricité solaire sur le sol national d'ici à 2035. La publication fin décembre par le cabinet de conseil spécialisé Finergreen d'un classement plaçant l'électricien en tête en raison d'un mode de calcul tenant compte de la participation financière des acteurs dans les parcs éoliens et solaires, avait d'ailleurs fait réagir. Au lendemain d'une étude publiée par I'Agence internationale de l'énergie (IRENA) prédisant la prochaine compétitivité de toutes les énergies renouvelables, Isabelle Kocher reconnaît bien volontiers que ces dernières représentent un champ de développement important pour l'ensemble des acteurs.

Mais elle se dit convaincue que la présence géographique du groupe dans pas moins de 70 pays, supérieure à celle de la plupart de ses compétiteurs, lui donne un avantage précieux pour capter une part significative de la croissance du secteur.

Et elle mise plus encore sur sa capacité à « intégrer ces capacités renouvelables dans des solutions plus complexes » alliant production d'énergie, stockage - pour lequel le gaz est important - ou effacement, qui en facilitent l'intégration aux réseaux.

Décarbonation et négawatts

Car les énergies renouvelables ne sont à ses yeux que le premier étage de la fusée. C'est ce qui a semblé le plus évident dans la foulée de la COP21, mais depuis, il y a eu une prise de conscience de la volonté d'aller plus loin, notamment en décarbonant, au-delà de la seule électricité, les réseaux de chaud et de froid et la mobilité. Ou encore en développant des capacités de production de négawatts. Autrement dit, des baisses de la consommation d'énergie, à service rendu équivalent, qui libèrent pour les clients d'Engie des capacités d'investissement dans leur cœur de métier.

C'est sur l'ensemble de ces leviers qu'Engie entend asseoir sa croissance future. Sans oublier ses grands projets d'infrastructures et leur développement à l'étranger. Notamment au Chili et au Brésil, où le groupe reconnaît être potentiellement intéressé par une prise de participation dans le réseau de gazoducs de la compagnie pétrolière nationale Petrobras.