Eolien offshore : Vattenfall à son tour en ordre de marche pour Dunkerque

Par Dominique Pialot  |   |  824  mots
Avec 11 parcs en exploitation dans 5 pays et 2 en construction, Vattenfall, détenu à 100% par l'Etat suédois, prétend au rang de 2e acteur mondial dans l'éolien offshore derrière le leader danois Ørsted (ex-Dong). Ci-dessus, son parc d'éoliennes de la mer d'Ormonde (en mer d'Irlande, Royaume-Uni), opérationnel depuis septembre 2012, affiche une capacité de 150 MW, et constitue le premier déploiement commercial de l'éolienne la plus puissante au monde, la 5MW de REpower. (Crédits : Ben Barden / Vattenfall)
Le suédois, l’un des énergéticiens pré-sélectionnés pour le site de Dunkerque dans le cadre du troisième round organisé par la France pour ses parcs éoliens en mer, annonce son alliance avec la Caisse des dépôts et le développeur allemand WPD au sein du projet Eliade.

Avec ses parcs attribués en 2012 et 2014, dont pas un n'a de chance de voir le jour avant 2020 ou 2021 et ses tarifs de près de 200 euros du mégawattheure (MW) accordés à l'époque - alors qu'aujourd'hui se montent des projets sans aucune subvention -, la France fait piètre figure en matière d'éolien offshore. Elle n'en attire pas moins de nombreux acteurs, aussi bien les Français qui ont essuyé les plâtres des premiers rounds, que des étrangers - pour certains déjà très actifs dans les eaux européennes.

Pour le projet de Dunkerque, entre 250 MW et 750 MW qui devraient être attribués au second semestre de cette année et voir le jour en 2022, l'État a pré-sélectionné en mai dernier pas moins de 10 concurrents : EDF EN (allié à la filiale de l'allemand RWE, Innogy), Engie (avec EDPR, déjà son partenaire au Tréport et à Yeu/Noirmoutier), Iberdrola (associé à RES et Iberdrola au sein d'Ailes Marines, lauréat de Saint-Brieuc), mais aussi Incontrol France, le canadien Boralex (allié au belge CMI5i Pastor), les belges Deme Concessions Wind, Parkwind, filiale du groupe Colruyt et Elicio, le norvégien Statoil et le suédois Vattenfall.

Détenu à 100% par l'État suédois, Vatenfall est le 2e acteur mondial

Ce dernier, qui avec 11 parcs en exploitation dans 5 pays et 2 en construction, prétend au rang de deuxième acteur mondial dans l'éolien offshore derrière le leader danois Ørsted (ex-Dong Ernergy), vient à son tour d'annoncer une alliance avec la Caisse des Dépôts et le producteur allemand d'électricité WPD.

Sa maison mère, fondée en 1909, est le sixième énergéticien d'Europe. Détenu à 100% par l'État suédois, il a fourni en 2017 une production de 127,3 TWH, dont 52% de nucléaire, près de 36% d'hydraulique, près de 26% d'énergies fossiles et 7,6 GW d'éolien, terrestre et marin, produits par 1.000 éoliennes.

« Cela a pris du temps pour trouver les bons partenaires et former une véritable équipe », reconnaît Grunnar Groebler, à la tête de la division « Wind » qui regroupe les activités éoliennes terrestres et maritimes du groupe et englobe également une activité « solaire et batteries » qui prévoit 100 millions d'euros d'investissements dans les deux prochaines années.

« Nous couvrons l'intégralité du cycle de l'offshore y compris le démantèlement, mais nos partenaires nous apportent leur expertise respective en matière de développement de l'éolien offshore en France [pour CDC, déjà impliqué dans d'autres projets des rounds 1 et 2 et WPD pour le round 1] et de connaissance du site [pour WPD, qui a fait des études des sites de Dunkerque et d'Oléron]. »

La France, un marché particulièrement attractif

Outre ces compétences complémentaires et son expérience ancienne dans le métier, le suédois mise sur sa capacité à proposer des coûts de développement parmi les plus bas du marché.

« Nous avons été lauréats du premier appel d'offres remporté sous la barre des 50 euros le mégawattheure euros au Danemark et avons récemment déposé une offre pour un projet sans subvention aux Pays-Bas, rappelle Grunnar Groebler. Mais ces projets ne sont pas comparables avec celui de Dunkerque, qui présente un profil de risque différent », précise-t-il aussitôt.

Ce qui n'empêche pas le dirigeant de se montrer très positif sur le marché français.

« La France est un marché attractif pour l'éolien offshore pour plusieurs raisons : d'abord pour ses ressources en vent et ses fonds marins, notamment dans le Nord du pays. Mais aussi parce que le gouvernement s'est fixé des objectifs très ambitieux, et s'est montré très ouvert dans le dialogue concurrentiel qui s'est ouvert depuis la phase de pré-sélection.»

Dans le cadre de sa programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), actuellement en cours de discussion pour la période 2023/2028, la France vise 3 GW d'éolien offshore posé d'ici à 2023 et 3 GW additionnels ensuite, auxquels s'ajoutent 2 GW d'éolien flottant d'ici à 2023.

Pour Dunkerque, le document final devrait être soumis aux candidats pour une soumission au second semestre de cette année.

Le prix, critère essentiel pour départager les projets

« Nous n'avons pas encore vu le document final et n'avons donc pas pris la décision définitive de participer à l'appel d'offres lors du second semestre 2018, précise Grunnar Groebler. Mais nous avons compris que le critère de prix serait le plus important et à ce stade nous n'avons pas de raison de penser qu'il pourrait en être autrement, au profit de critères plus qualitatifs, notamment environnementaux ou sociaux. »

Outre le prix, l'optimisation de l'occupation de la zone et la prise en compte des enjeux environnementaux seront les principaux critères selon lesquels les offres seront jugées.

Tout l'inverse des deux premiers rounds, dans lesquels le contenu local des projets pesait autant que le prix stricto sensu...