L’hydrogène veut jouer un rôle dans la transition énergétique française

Par Dominique Pialot  |   |  601  mots
Les transports représentent le premier levier de développement pour l'hydrogène.
Alors que s’ouvre le salon HyVolution qui lui est dédié, les acteurs de l’hydrogène français s’appuient sur une étude réalisée avec le cabinet McKinsey pour rappeler comment l'hydrogène peut favoriser le développement des énergies renouvelables et décarboner l’économie nationale. À condition d’investir dès aujourd’hui dans le cadre d’un plan national promis par le gouvernement.

C'est une contribution que l'Afhypac, une association qui regroupe une centaine d'acteurs de l'hydrogène en France (grands groupes, PME, startups, instituts de recherche, pôles de compétitivité, syndicats d'énergie, collectivités territoriales et association
s), entend bien verser au débat sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) actuellement en cours. En ouverture du salon HyVolution qui se tient les 4 et 5 avril au Parc Floral de Paris, la filière française rend publique une étude réalisée avec le soutien du cabinet McKinsey, selon laquelle l'hydrogène pourrait représenter en 2050 20% de la demande française en énergie, et alimenter 18% de la flotte de véhicules en circulation.

Stocker l'énergie intermittente et décarboner l'économie

Il s'agit ici bien sûr d'hydrogène "vert", fabriqué par électrolyse de l'eau à partir d'énergies renouvelables. Celui-ci présente deux atouts essentiels : favoriser le développement de ces énergies renouvelables en offrant une solution de stockage sous forme de gaz qui pallie leur intermittence et en verdissant ainsi progressivement le gaz commercialisé en France ; et décarboner de nombreux pans de l'économie en verdissant les usages finaux de l'énergie utilisée : dans les transports, le chauffage et l'électricité des particuliers (que l'hydrogène pourrait fournir à hauteur de 12%), et même les process industriels.

D'après l'étude de l'Afhypac, à l'horizon 2050, ce sont 35 térawattheures (TWh) produits à partir de sources intermittentes qui pourraient être stockées sous forme de gaz vert, soit 8% de la production d'énergie nationale.

La mobilité représente le principal vecteur de développement de l'hydrogène, avec des projections anticipant 10.000 véhicules alimentés de la sorte en 2023 et 200.000 en 2028. Les modes de transport lourds, tels que bus et camions, sont également concernés. Ce sont même les segments de marchés qui devraient adopter la technologie le plus rapidement.

Remplacer l'hydrogène industriel d'origine fossile

Dans sa note sur l'hydrogène remise à jour, l'Ademe précise que le stockage hydrogène, en complétant un stockage de plus court terme fourni par des batteries, offre de nouvelles perspectives pour l'autoconsommation à l'échelle d'un bâtiment, d'un îlot ou d'un village.

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie rappelle également que l'industrie dans son ensemble utilise aujourd'hui quelque 900.000 tonnes d'hydrogène par an. Sa fabrication à partir d'énergies fossiles représente 7,5% des émissions françaises.

Selon les calculs de McKinsey, l'hydrogène vert pourrait représenter 10% de la consommation d'énergie par l'industrie en 2050. Associé à du CO2 capté en sortie de sites industriels, il permettrait de fabriquer du méthanol, de l'acier et des produits chimiques de façon complètement décarbonée.

Investir 8 milliards dans les 10 prochaines années

Cerise sur le gâteau : ce développement massif de l'hydrogène représenterait un chiffre d'affaires de 40 milliards et permettrait la création de 150.000 emplois.

Mais tout cela a un prix, que l'étude évalue à 8 milliards d'euros d'ici à 2028. Soit 800 millions par an, ou 2,5% du PIB. Cela permettrait tout à la fois de faire baisser les coûts de technologies aujourd'hui encore jugées non compétitives, et de positionner la filière française sur la scène internationale, avec des perspectives d'exportations de 6 à 7 milliards d'euros par an.

Mais c'est dès maintenant qu'il faut changer de braquet. Les industriels se disent d'ailleurs prêts à tripler leurs investissements  « si les conditions sont réunies ». Un message adressé au gouvernement qui doit prochainement présenter le grand plan national décrétant cette accélération dans une filière longtemps délaissée.