La décarbonation de l’électricité européenne fait une pause

Par Dominique Pialot  |   |  481  mots
Les sécheresse espagnoles de 2017 ont fait baisser la production d'hydroélectricité. (Crédits : Pixabay)
Comme chaque année depuis 2001, PwC analyse l’intensité en CO2 de l’électricité produite en Europe. La baisse constante observée depuis 16 ans se ralentit en 2017, notamment en raison de sécheresses ayant porté atteinte à la production hydraulique.

Les émissions de CO2 du panel de 23 électriciens européens, représentant 50% des émissions européennes liées à la production d'électricité, que PwC analyse depuis 2001, ont diminué en 2017. Mais cette baisse (- 3,8%) est quasiment proportionnelle à celle de leur production (- 4,4%). Autrement dit, l'intensité carbone de l'électricité européenne, qui a diminué de 21% en 16 ans, soit de - 1,4% en moyenne annuelle, est restée stable en 2017, à 290 kgCO2/MWh.

En revanche, sur la base de ce panel, l'intensité carbone de l'économie européenne s'est améliorée en 2017. En effet, le PIB a crû de + 2,4% alors que le facteur carbone baissait de 1,7%.

26% de l'électricité européen produite à partir de charbon

La baisse du charbon - en diminution de 8% à 26% du mix - a été partiellement compensée par une hausse du gaz - 22% du mix électrique. Pour la première fois, la part des renouvelables a légèrement diminué à 21,4%. En cause : une baisse de la production hydraulique liée à des sécheresses survenues notamment en Espagne.

Si l'hydroélectricité représente la première des sources renouvelables (derrière le nucléaire, le charbon et le gaz), sa production semble plus dépendante des conditions météorologiques que les autres renouvelables telles que l'éolien (3% du mix) ou la biomasse et le solaire (4% à eux deux).

Surtout, face à des baisses de cette production, les électriciens compensent essentiellement par du gaz, voire du charbon. Entre autres conséquences, le réchauffement climatique risque de multiplier les épisodes de sécheresse et de nuire à la production hydraulique.

Cinq électriciens européens ont un mix plus décarboné qu'EDF

EDF joue un rôle à part dans la production européenne. Premier producteur d'électricité (avec 31% de la production du panel, trois fois plus que le numéro deux, RWE) issue à 75% du nucléaire, 7% de l'hydraulique et moins de 10% d'autres renouvelables, l'opérateur français influence fortement les résultats. Ainsi, malgré le retrait des Allemands et la baisse de production côtés belge et français en raison de l'indisponibilité programmée de certaines centrales, le nucléaire reste la première source de production d'électricité en Europe. Cette forte proportion de nucléaire a pour effet d'abaisser l'intensité carbone de l'électricité européenne. Sans EDF, celle-ci serait non pas de 290 mais de 387 kg CO2/MWh.

Pour autant, EDF ne figure pas parmi les cinq champions bas-carbone du panel, dont les premières places sont trustées par les scandinaves : le norvégien Stadtkraft, spécialisé dans les renouvelables ; le finlandais Fortnum ; l'autrichien Verbund, champion de l'hydroélectricité ; l'allemand E.ON, qui a cédé ses activités fossiles, et le finlandais PVO. Leur intensité carbone se situe entre 13 et 70 kg de CO2 par MWh, quand le français se situe à 72 kg CO2/MWh. Et ses émissions ont augmenté en 2017 alors même que sa production diminuait en volume.