La France et neuf autres pays européens plaident pour le nucléaire

Par latribune.fr  |   |  641  mots
Pour la France, cette tribune est l'occasion de mettre en avant son choix de miser sur le nucléaire. (Crédits : Reuters)
Alors que les prix de l'énergie explosent, l'Union européenne a besoin du nucléaire. C'est du moins ce qu'affirment dans une tribune dix Etats membres - dont la France - qui souhaitent remettre l'atome en avant dans le mix énergétique et défendent pour cela sa place dans la taxonomie des énergies vertes, actuellement en débat en Europe. Néanmoins, d'autres pays membres y voient une technologie risquée.

Alors que la flambée des prix de l'énergie en Europe se propage à grande vitesse, dix Etats membres de l'Union européenne, dont la France, plaident en faveur du nucléaire. Ils ont en effet publié dimanche une tribune soutenant cette énergie, soulignant qu'elle a un rôle à jouer contre le réchauffement climatique.

Ainsi, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher ont signé ce texte qui met également en avant le fait que le nucléaire "contribue de manière décisive à l'indépendance de nos sources de production d'énergie et d'électricité".

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Un texte qui divise les Vingt-Sept

Ce texte a également été signé par la Roumanie, la République tchèque, la Finlande, la Slovaquie, la Croatie, la Slovénie, la Bulgarie, la Pologne et la Hongrie. Les signataires affirment que l'énergie nucléaire "protège les consommateurs européens de la volatilité des prix", alors que les tarifs du gaz sont en forte hausse depuis plusieurs mois. En France par exemple, les prix réglementés ont déjà bondi de 57% depuis le début de l'année, et devraient augmenter à nouveau de 10% en novembre, puis de 20% en décembre et "peut-être encore au début 2022".

Face à cela, le gouvernement a même mis en place "bouclier tarifaire" qui consiste à bloquer le tarif réglementé du gaz jusqu'au printemps. Concrètement, son niveau n'évoluera plus jusqu'à une chute des cours mondiaux attendue en mars ou avril. Néanmoins, cette mesure de lissage ne s'appliquera pas à tous les foyers français, et inquiète les fournisseurs non-concernés.

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Ainsi, face aux problématiques rencontrées avec l'énergie actuellement, les pays considèrent "absolument indispensable que l'énergie nucléaire soit incluse dans le cadre de la taxonomie européenne avant la fin de cette année", c'est-à-dire dans la liste des énergies considérées comme vertueuses à la fois pour le climat et l'environnement que la Commission doit proposer dans les prochains mois. Cette classification ouvrira l'accès à la finance verte et donnera un avantage compétitif aux filières reconnues.

Cette tribune intervient donc dans un contexte de montée du prix de l'énergie mais aussi d'un intense lobbying des pays pro-nucléaire en vue de cette classification. L'intégration, ou non, de cette source d'énergie dans ce classement agite, en effet, les sphères politiques et industrielles depuis plusieurs semaines.

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C'est que le sujet du nucléaire divise les Vingt-Sept. Si la France, la Pologne et la République tchèque défendent l'atome, des pays comme l'Allemagne et l'Autriche y sont farouchement opposés, à l'instar de nombreuses ONG qui y voient une technologie risquée. Mais les signataires de la tribune développent un autre argument : l'industrie nucléaire pourrait "générer près d'un million d'emplois très qualifiés en Europe", selon eux.

Pour la France, cette tribune est l'occasion de mettre en avant son choix de miser sur le nucléaire, sujet à de nombreux débats, la veille du dévoilement par Emmanuel Macron du plan d'investissement de plusieurs dizaines de milliards d'euros "France 2030", où cette industrie devrait figurer en bonne place. Le chef de l'Etat devrait en effet soutenir à cette occasion le financement de petits réacteurs nucléaires - des SMR (« Small Modular Reactor ») - pour épauler les centrales existantes.

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(Avec AFP)