"La France peut devenir leader en matière d'innovation environnementale" Marie-Vorgan Le Barzic, Numa

Par Propos recueillis par Giulietta Gamberini  |   |  714  mots
"Le startups qui oeuvrent pour l'environnement sont non seulement de plus en plus nombreuses, mais aussi de plus en plus efficaces, et leurs centres d'intérêts convergent de plus en plus avec ceux des grands groupes", analyse Marie-Vorgan Le Barzic .
Parmi les nombreux side events du One Planet Summit(*) qui se tient demain à Paris, la Station F accueille aujourd'hui Tech For Planet, dédié aux startups. Marie-Vorgan Le Barzic, à la tête du réseau mondial de l'innovation Numa, qui organise l'événement, explique à La Tribune son sens.

LA TRIBUNE - Pourquoi dans le cadre du One Planet Summit(*) avez-vous voulu organiser un événement consacré aux startups, Tech for Planet ?

MARIE-VORGAN LE BARZIC - A Numa, nous sommes convaincus depuis longtemps que, si le développement technologique ne peut pas être arrêté et est fondamentalement bon pour l'humanité, il ne peut pas être poursuivi au détriment de la planète. Nous connaissons l'impact dramatique que peuvent avoir le stockage et l'utilisation des big data... Notre sens de responsabilité nous impose donc d'accompagner les startups qui œuvrent pour l'environnement.

Sont-elles nombreuses ?

Nous constatons qu'elles sont non seulement de plus en plus nombreuses, mais aussi de plus en plus efficaces, et que leurs centres d'intérêts convergent de plus en plus avec ceux des grands groupes. Cela est par exemple très évident dans le cadre de notre programme consacré aux villes, Data City. Le constat est très proche de celui que l'on peut formuler en matière d'égalité entre femmes et hommes : le vivier existe, il faut maintenant lui permettre de grandir.

Quels seraient à votre sens les meilleurs leviers ?

Avoir conscience de l'existence de ces solutions en est déjà un. Mais il faut aussi accepter de se placer dans une logique d'itération favorisant l'expérimentation, en renonçant à chercher la solution parfaite. Le développement de partenariats entre l'ensemble des acteurs, à savoir les villes, les acteurs industriels et les startups, est aussi indispensable pour permettre à ces dernières de grandir.

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Quid du financement, au centre du One Planet Summit(*) ?

Parler de financement de l'innovation environnementale impose d'aborder deux sujets. Le premier est celui de comment apporter aux startups du secteur des moyens dédiés : des annonces importantes seront faites en ce sens par nos partenaires dans le cadre de Tech For Planet. Le deuxième implique de se demander comment se détourner des projets qui avancent au détriment de la planète. La clé est d'intégrer de nouveaux indicateurs qui permettent d'orienter les efforts dans une perspective de plus long terme, en arrêtant d'opposer performance économique et planétaire, par exemple dans le cadre d'allocations de fonds. Nos échanges avec la présidence de la République ont montré que nous sommes d'accord sur ce point. Et des partenaires tels que BNP Paribas, qui s'est retiré des projet d'extraction dans le gaz de schiste, se sont déjà lancés dans cette voie. Cette approche, nouvelle, est indispensable, puisque les échéances critiques pour la survie de nos écosystèmes se rapprochent dramatiquement : elles se situent désormais à l'horizon 2020.

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Les pouvoirs publics sont-ils assez engagés en ce sens ?

Les villes le sont déjà beaucoup. En France notamment, nombre d'entre elles mettent en place des expérimentations à très grande échelle visant à résorber les problèmes liés à l'urbanisation. En tant qu'Etat, la France commence aussi à prendre des mesures, et le signal lancé par Emmanuel Macron via le One Planet Summit, mettant l'accent sur la finance, produira probablement des effets. Les startups attendent toutefois encore une réglementation universelle, fiscale et financière, qui favoriserait la mise en oeuvre de leurs solutions.

L'effort des villes et de l'Etat français donne-t-il ses fruits en termes de perfomance des startups de l'Hexagone ?

Aujourd'hui, on ne peut pas affirmer que la France soit leader en matière d'innovation environnementale. Mais nous pouvons décider de le devenir, car tout converge chez nous : compétences en matière d'intelligence artificielle, présence de grands groupes spécialisés dans la gestion des ressources, engagement des pouvoirs publics. Nous avons les moyens de créer un hub européen, voire français, sur ce marché qui vaut déjà des dizaines de milliards d'euros.

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(*) Le "One Planet Summit", co-organisé par la France, l'ONU et la Banque mondiale, se déroulera le mardi 12 décembre 2017 sur l'Île Seguin, à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. En parallèle de ce sommet, se déroulent d'autres événements (side events) organisés le 10, 11 et 13 décembre.