Climat : les entreprises mobilisées à la veille du One Planet Summit

Depuis la COP21, les entreprises ont changé de braquet dans leurs actions en faveur du climat. A l'occasion du One Planet Summit, elles s'apprêtent à prendre de nouveaux engagements.
Dominique Pialot
Deux ans après l'Accord de Paris, les entreprises sont plus mobilisées que jamais.

Il y a deux ans, à la veille de la COP 21, 39 entreprises représentant un chiffre d'affaires de 1.200 milliards d'euros et 4,4 millions d'emplois dans le monde avaient pris des engagements, parfois ambitieux, en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Cet effort, inédit lors des précédentes conférences climat organisées sous l'égide de l'ONU, correspondait à un montant total d'investissements de 170 milliards d'euros entre 2016 et 2020, dont au moins 45 milliards d'euros dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et d'autres technologies bas carbone, et 80 milliards d'euros en financements de projets «contribuant à la lutte contre le changement climatique».

Solvay, dont le patron, Jean-Pierre Clamadieu, était alors président de la Commission du Développement Durable du MEDEF, mais aussi Avril, Carrefour, Orange, Publicis, Schneider Electric, Scor, Saint-Gobain, Total, BNP Paribas, Danone, EDF, JCDecaux, Kering, La Poste, Michelin, la RATP ou encore Valeo figuraient parmi les signataires.

Demain lundi 11 décembre, à la veille du One Planet Summit voulu par Emmanuel Macron, elles vont rendre compte de leurs avancées dans le cadre du "French business climate pledge" organisé par le Medef.

Le collège des directeurs du développement durable (C3D) est l'un des réseaux partenaires de cet événement. Sa présidente Hélène Valade témoigne des progrès qu'elle a observés en deux ans au sein des entreprises adhérentes du C3D.

Le catalyseur de la COP21

« La COP21 a clairement été un catalyseur du passage à l'acte pour les dirigeants d'entreprises  et le déclencheur d'une mise en œuvre solide des stratégies climat dans les processus mêmes des entreprises » affirme-t-elle.

Comme l'a également montré une récente étude du CDP,

« Les stratégies climat sont désormais présentées au Conseil d'administration dans une grande majorité des entreprises, et les directions du développement durable se rapprochent des directions de la stratégie ou de l'innovation. »

Le chimiste Solvay, par exemple, s'investit dans la fabrication de matériaux plus facilement recyclables, qui entrent dans la fabrication de pneus ou de batteries  de véhicules électriques plus performants, ou encore de composites légers pour les avionneurs. Mais ça n'est pas tout. Dans l'Illinois, le groupe français a noué un partenariat avec une centrale solaire de 70 GW, dont il s'est engagé à racheter la production (sous forme de certificats RECS - Renewable Energy Certificate System) pour les 15 prochaines années.

« Cela nous permet de verdir notre mix énergétique, témoigne Pascal Chalvon, le directeur du développement durable. Mais aussi de garantir à certains clients que les matériaux qu'ils nous achètent ont été fabriqués à partir d'énergie renouvelable. C'est ce qu'Apple nous a demandé. Nous avons trouvé des solutions pour des usines implantées dans 13 pays différents. Nous sommes en cours de réflexion avec une vingtaine d'autres clients. »

Pour Hélène Valade, cet exemple illustre « une nouvelle maturité des relations entre clients et fournisseurs. »

Apprendre à fonctionner différemment

« Si nous voulons respecter l'accord de Paris, les entreprises doivent apprendre à fonctionner différemment, notamment en multipliant les partenariats, ajoute la directrice du développement durable de Suez.

« De façon générale, nous travaillons de plus en plus fréquemment avec d'autres entreprises pour co-construire des solutions qui n'existent pas encore. C'est ce que nous faisons par exemple avec Nespresso, pour viabiliser une filière de recyclage des capsules d'aluminium. »

Autre exemple : c'est en partenariat avec Bouygues, associé à Cap Gemini et EDF, que Suez a remporté l'appel d'offres de la métropole de Dijon pour un contrat de conception, réalisation, exploitation et maintenance (CREM). « Dans le cadre d'un partenariat mondial avec Bouygues, nous allons continuer de proposer ce type de solutions ailleurs en France et à l'international », précise Hélène Valade.

En interne,  Suez a considérablement élargi sa palette d'offres en économie circulaire, notamment sur le recyclage des plastiques, la valorisation énergétique des boues de stations d'épuration ou encore la mise sur le marché de matières premières secondaires.

Par ailleurs,  comme plus de 500 entreprises dans le monde et bientôt 1200 (chiffres publiés dans le dernier rapport de CDP), Suez utilise un prix interne du carbone. « Fixé à 30 euros/tonne de CO2, il nous sert d'aide à la décision pour nos investissements et nos programmes de R&D. »

Cent chefs d'entreprises françaises dont Systèmes U, Nature & Découvertes, Nespresso France, Leclerc ou encore Yves Rocher ont par ailleurs publié le 8 décembre dans le monde une tribune appelant à

« Aller plus vite en matière de transition énergétique, dans la mise en œuvre d'un plan de transports décarbonés, pour sauvegarder la biodiversité, sur la question de notre alimentation et de nos pratiques agricoles, dans l'appréhension des questions de santé environnementale. »

Ils ont également affirmé que

« La France a tout pour réussir cette transition, tout pour entraîner le monde dans cette transition et a tout intérêt à devenir le champion de cette transition. »

De nombreux engagements émis par des entreprises françaises ou étrangères, mais aussi par des acteurs financiers publics et privés, sont attendus dans les deux prochains jours.

Dominique Pialot

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Commentaires 5
à écrit le 11/12/2017 à 21:15
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Qui évoquera la note n°6 du CAE? Beaucoup de mise en scène pour pas grand chose.

à écrit le 11/12/2017 à 12:24
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FRENCH Bla bla .

à écrit le 11/12/2017 à 11:34
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Voilà un site de l'UE intéressant pour voir la pollution de l'air en direct: http://airindex.eea.europa.eu/#_blank Curieusement ce n'est pas l'Allemagne qui pollue le plus...

à écrit le 10/12/2017 à 17:45
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Pour l'instant, la seule solution favorable consiste à appliquer la note n°6 du CAE. Qui le comprendra avant notre déclin économique, sans compter le climat.

à écrit le 10/12/2017 à 17:30
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La France a tous les atouts pour réussir cette transition, mais encore une fois, c'est l'Allemagne qui prend les devants en matière de tracteurs électriques, et réussi en plus ! http://www.automobile-propre.com/fendt-e100-vario-tracteur-electrique/ ...

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