Réduire le nombre de documents imprimés, trier les déchets, favoriser la mobilité propre des salariés: autant de gestes que les entreprises adoptent progressivement afin de diminuer leur empreinte écologique. Mais peu d'entre elles connaissent l'impact de leurs échanges de données informatiques, malgré l'importance de leur poids: les data d'une entreprise de 100 personnes qui envoient en moyenne 33 e-mails par jour impliquent en un an la même émission de gaz à effet de serre que 22 allers-retours en avion entre Paris et New York.
Ces données sont en effet stockées par des data centers, dont la consommation énergétique est très élevée: en moyenne, au mètre carré, presque 37 fois plus que celle d'une maison (5,15 MWh au mètre carré contre 0,14). Les centres de stockage eux-mêmes reconnaissent d'ailleurs que l'énergie représente le poste le plus onéreux de leurs gestion, pesant pour 49% de leurs charges, révèle une étude publiée cette semaine et réalisée par la société de services en efficacité énergétique ENR'CERT pour l'Association technique énergie environnement (ATEE), avec le concours de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
9% de la consommation électrique française due aux data centers
Au niveau de l'ensemble de la France, cela implique une croissance exponentielle de la consommation globale. D'une part, le volume de données numérique échangées augmente à un rythme vertigineux: de 40% par an, selon le baromètre réalisé par le groupe d'études IDC pour EMC Corporation en 2012. De l'autre, les prix du foncier combinés avec ceux de l'électricité facilitent l'installation de data centers en France, dont l'âge moyen est de 12 ans et qui représentent désormais 9% de la consommation électrique française.
Pourtant, alors que leur efficacité énergétique joue donc un rôle majeur dans la transition écologique, la marge de progression possible est encore significative, dénonce ENR'CERT, qui pour son étude a interrogé 87 data centers: le Power usage effectivness (PUE, indicateur international d'efficacité énergétique indiquant le rendement énergétique de ces centres)- moyen du parc français se situe à 1,8, alors que le niveau optimal est égal à 1, démontrant une forte marge de progression possible.
Un univers encore inexploré par les opérations d'efficacité énergétiques standardisées
L'étude retrace alors les principales sources de consommation, pour en tirer des fiches d'opérations standardisées censées permettre aux acteurs du secteur d'obtenir des aides financières pour l'optimisation énergétique de leurs sites. "Ce parc est encore inexploré par les opérations d'efficacité énergétiques standardisées", regrette en effet ENR'CERT, qui a déjà valorisé de premières opérations spécifiques (permettant d'obtenir des primes financières pour des travaux d'économie d'énergie non référencés) d'un data center du Groupe Crédit Agricole.
Les premières portent notamment sur la récupération de chaleur sur système de production de froid, l'étude ayant montré que le refroidissement des serveurs représente en moyenne 40% de la consommation énergétique d'un data center. De nouvelles fiches porteront sur le confinement allées froides/allées chaudes, puisque aujourd'hui seulement 15 % des Data Centers construits avant 2010 sont confinés. "Il existe des opérations possibles pour améliorer significativement les performances énergétiques des data centers", souligne ENR'CERT, qui mise donc sur les certificats d'économie d'énergie en tant que levier de financement potentiel supplémentaire pour ces projets.
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