Le projet de loi énergie climat laisse les Français sceptiques

Par Dominique Pialot  |   |  524  mots
Le laboratoire de Roche-Posay a opté pour le biopropane dans le cadre de son plan neutralité carbone. (Crédits : Primagaz)
La « petite loi énergie », qui vient d'être votée à l’Assemblée nationale avant d'être examinée au Sénat à partir du 16 juillet, laisse les Français dubitatifs.

Selon une enquête Ifop sur "la transition énergétique dans les territoires" réalisée en mars et juin 2019 pour Primagaz auprès des Français, notamment des populations rurales, 40% d'entre eux seulement jugent atteignables les objectifs de la loi, en particulier la division par six des émissions de gaz à effet de serre françaises entre 1990 et 2050. Ils sont 14% à penser qu'ils ne seront pas atteints, et 46% croient qu'ils ne le seront "probablement pas".

Mais cette perception dépend beaucoup de l'âge. Les 18-24 ans se montrent en effet plus optimistes, puisqu'ils sont 54% à penser que cette ambition est à notre portée. Cette proportion passe à 41% pour les 25 et 34 ans et à 39 % après 35 ans.

Doutes sur la sortie du fioul dans les 10 ans

Primagaz s'est penché en particulier sur les propriétaires  de chaudières au fioul (essentiellement ruraux, puisque 27.000 communes rurales ne sont pas raccordées au réseau de gaz de ville), dont le gouvernement a promis la disparition dans les 10 ans et qui constituent une cible privilégiée pour ce fournisseur de propane et notamment de biopropane. Sur ce sujet, si 74% des Français interrogés approuvent l'objectif d'en sortir, 57% ne pensent pas qu'on y parvienne dans le délai annoncé, un pourcentage qui grimpe à 66% dans les communes rurales et 75% chez les utilisateurs de fioul en particulier.

Le prix, premier critère de choix

Autre enseignement de ce sondage : l'écologie n'est que le 5e critère (sur 6) selon lequel les Français choisissent l'énergie de leur logement, loin derrière le coût. Paradoxalement, le fioul est l'énergie jugée la plus chère à l'usage (alors que, en réalité, c'est l'électricité) et celle qui donne globalement le moins satisfaction.

Plus d'un tiers des Français n'ont jamais entendu parler du biogaz

Constatant que 36% des personnes interrogées n'ont jamais entendu parler du biogaz, Primagaz en conclut qu'il doit se livrer à plus de pédagogie, notamment pour faire connaître le biopropane. Ce combustible, produit à partir d'huiles industrielles recyclées et d'huiles végétales, émet cinq fois moins de CO2 que le fioul, aucune particule fine, et peut être utilisé dans toutes les chaudières à propane.

Primagaz veut passer au 100% biopropane en 2040

Pour une maison de 120 mètres carrés consommant en moyenne 1,2 tonne de carburant par an, remplacer le fioul par du propane revient à 2 euros de plus par mois, 13 euros s'il s'agit de biopropane. Au-delà, le nouveau directeur général de Primagaz, Mathieu Lassalle, tout en se félicitant des aides publiques pour l'acquisition de nouvelles chaudières et des offres du marché qui permettent le plus souvent d'offrir la cuve aux nouveaux clients, plaide pour que l'Etat ajuste la taxation des différentes énergies en fonction de leurs émissions réelles, ce qui n'est aujourd'hui pas le cas.

Primagaz est aujourd'hui le seul acteur du marché à distribuer du biopropane, auquel il veut se convertir à 100% d'ici à 2040. Il le vend aux particuliers depuis mars 2018 sous la forme de bouteilles de 6 kilos, les Bio Twiny, ainsi qu'à des industriels tels que La Roche-Posay (groupe L'Oréal), qui entend, grâce à cela notamment, atteindre la neutralité carbone.