Le sauvetage d’Areva par l’Etat est engagé

Par Dominique Pialot  |   |  529  mots
L'Etat a enclenché le 12 juillet l'augmentation de capital de 5 milliards d'euros qui doit sauver Areva
L’Etat a souscrit une première augmentation de capital de 2 milliards d’euros d’Areva SA. mercredi 12 juillet, qui sera suivie d'une seconde souscription de 2,5 milliards supplémentaires d’ici au 31 juillet.

Ce n'est rien de dire que la recapitalisation d'Areva par l'Etat, quelques semaines après l'injection de 3 milliards d'euros dans EDF, passe mal en cette période de disette budgétaire.

« (...) il est inacceptable dans le cas d'Areva que de tels débordements aient pu avoir lieu, une gestion aussi indigente des deniers publics est absolument inacceptable", a déclaré mercredi 12 juillet le ministre de l'Economie et des Finances devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, dénonçant "la manière dont cette entreprise publique a été gérée et le coût que ça représente pour les finances publiques".

Bruno Lemaire a précisé à cette occasion que les besoins d'Areva étaient "supérieurs à l'intégralité des économies que le ministre des Comptes publics doit trouver en 2017 pour nous ramener sous les 3% (de déficit public par rapport au PIB)".

Levée des conditions suspensives

Ce même 12 juillet, suite à la levée de plusieurs conditions suspensives lors de conseils d'administration d'Edf et d'Areva, l'Etat souscrivait à une première augmentation de capital de 2 milliards d'euros d'Areva SA ; Cette structure abrite les actifs à risque, notamment l'EPR finlandais OL3 dont l'entrée en service, maintes fois retardée, doit se faire en 2018, et ses contentieux ainsi que les risques liés aux anomalies détectées dans l'usine du Creusot où ont été fabriqués la cuve et le couvercle des EPR de Flamanville et de Taishan.

D'autres conditions suspensives imposées en février dernier par les actionnaires d'Areva ont été levées depuis, qu'il s'agisse de l'accord de Bruxelles pour la reprise d'Areva NP par EDF ou de l'avis favorable de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la cuve et le couvercle de l'EPR de Flamanville, accordé le 28 juin dernier.

Dans le cadre de cette opération, 1 milliard d'euros prêtés par l'Etat à l'entreprise depuis début 2016 seront transformés en fonds propres.

Entrée d'investisseurs japonais au capital

D'ici au 31 juillet, l'Etat souscrira également  l'augmentation de capital de 2,5 milliards d'euros du nouvel Areva baptisé NewCo, dont les activités sont recentrées sur le cycle du combustible (mines et traitement de l'uranium).

A ces 4,5 milliards apportés par l'Etat viendront s'ajouter - après cession de New NP, l'activité réacteurs abritée dans l'ex. Areva NP - 500 millions d'euros. Ce montant correspond aux prises de participation de 5% chacun des Japonais Mistubishy Heavy Industry (MHI) et Japan Nuclear Fuel Limited (JNFL).

« La réalisation de ces augmentations de capital qui représente une mobilisation financière exceptionnelle de l'État, est un élément majeur et la dernière étape du plan de refondation de la filière nucléaire française engagé en 2015, avant la réalisation définitive de la cession du contrôle exclusif de New Areva NP à EDF », a souligné Bruno Le Maire dans un communiqué.

A l'issue de cette augmentation de capital effectuée au prix de 4,5 euros par action, l'Etat détiendra 92,22% d'Areva SA et 91,69% des droites de vote.

Bruno Le Maire a précisé à cette occasion que l'Etat « renouvelle sa confiance aux dirigeants et salariés d'Areva pour mener à bien cette ultime étape ».