Quand adopter un arbre devient rentable

Par Giulietta Gamberini  |   |  518  mots
"Un arbre prend de la valeur dans le temps", souligne Téophane Le Méné, l'un des fondateurs de l'entreprise. Eco Tree promet d'ailleurs un rendement compris entre 2% et 4% par an, à 10 ou 30 ans, selon le type d'espèce et son âge au moment de l'investissement.
La startup Eco Tree propose d'acheter un arbre et de bénéficier des recettes de la vente du bois. La formule séduit les entreprises mais également nombre de particuliers qui participent ainsi au reboisement des forêts françaises.

Récompenser la conscience écologique des entreprises comme des particuliers, au lieu de simplement sanctionner les comportements polluants, et ainsi leur permettre de contribuer à la préservation du patrimoine forestier français. Telle est la philosophie d'Eco Tree, startup lancée il y a juste un an à côté de Brest par cinq Bretons amis d'enfance. Se revendiquant comme un acteur l'économie sociale et solidaire et solidaire "au sens large", elle propose à tout un chacun d'acheter et devenir propriétaire d'un arbre, et de bénéficier intégralement des produits de son bois dès lors qu'il sera mûr pour la coupe.

"Un arbre prend de la valeur dans le temps", souligne Téophane Le Méné, l'un des fondateurs de l'entreprise. Eco Tree promet d'ailleurs un rendement compris entre 2% et 4% par an, à 10 ou 30 ans, selon le type d'espèce et son âge au moment de l'investissement. Situés sur des parcelles appartenant à Eco Tree, les arbres sont proposés à un prix compris entre 15 et 29 euros.

 Des performances environnementales tracées

"Les entreprises apprécient cette approche, qui renverse la logique traditionnelle. Alors que jusqu'à présent les politiques de responsabilité sociale et environnementale (RSE) constituaient essentiellement un poste de coûts et éventuellement une source de greenwashing, elles ont à présent la possibilité de gagner de l'argent en accomplissant un geste positif et concret", explique Théophane Le Méné. "Elles apprécient également de pouvoir en mesurer les bénéfices": Eco Tree permet à chaque investisseur de géolocaliser "son" arbre et de suivre ses performances en termes d'absorption de CO2.

Parmi les sociétés s'étant déjà lancées dans la démarche, Aviva, la SNCF, Axa Banque... Mais alors qu'Eco Tree avaient initialement prévu tirer 70% de ses recettes du B2B, l'engouement des particuliers l'a désormais poussée à revoir son modèle à 50/50. "Nos quelque 400 nouveaux clients particuliers mensuels investissent globalement plus que les 3 ou 4 entreprises qui s'engagent", observe Théophane Le Méné, pour qui l'écart est aussi dû aux temps longs de signature des grands groupes.

Une acquisition permanente de parcelles

En 2016, Eco Tree, qui se rémunère grâce à la marge réalisée sur le prix de l'arbre vendu,  a enregistré un chiffre d'affaires de 160.000 euros, et compte atteindre 800.000 euros en 2017. "Même si nous nous inscrivons dans une démarche de développement durable, il nous faut du volume pour survivre", observe Théophane Le Méné. L'entreprise, qui en plus des cinq co-fondateurs a déjà recruté deux personnes, compte d'ailleurs embaucher encore environ cinq salariés. Elle est aussi en acquisition permanente de parcelles, s'intéressant notamment à celles qui, les moins bien exploitées, coûtent le moins cher et ont le plus besoin d'être revalorisées.

A cette fin, elle espère profiter des aides du Fonds stratégique et de la forêt du bois, que le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a promis d'augmenter en 2017. Et compte sur un nouvel apport de l'ordre d'un million d'euros cette année par un fonds d'investissement.