Retour sur le CES 2019 : économiser l'eau pour réduire la consommation d'énergie

Par Dominique Pialot  |   |  694  mots
Inman propose des douches économes : plus besoin, par exemple, de faire couler l'eau pour obtenir la bonne température, une appli prévient l'utilisateur une fois celle-ci atteinte... (Crédits : Inman)
Douches connectées, lave-vaisselle hypersobre ou détecteur de fuites révolutionnaire... le CES 2019 comptait autant d'innovations pour éviter de gaspiller l'eau que de solutions d'efficacité énergétique stricto sensu.

Concernant le smart home, la douche intelligente se tenait en bonne place dans les travées de Las Vegas. Il faut dire qu'un foyer de quatre personnes consacre en moyenne 280 litres d'eau par jour à sa toilette. Deux startups françaises, l'aixoise Smart Embed et l'alsacienne Inman, se sont chacune fixé pour objectif de faire baisser le volume d'eau consommé pour la toilette et, par la même occasion, l'énergie utilisée pour chauffer cette eau.

"eddo.drop", le dispositif de SmartEmbed, qui se positionne entre le mitigeur et le flexible de n'importe quel modèle de douche, permet, grâce à une commande connectée en wi-fi ou Bluetooth, de contrôler et de limiter la durée de douche via l'appli mobile ou par commande vocale. Ce système se décline également pour les douches collectives des campings ou salles de sport, assorti d'un bracelet permettant de filtrer les utilisateurs.

Inman propose d'obtenir dès la première goutte une eau à la bonne température, ce qui éviterait ainsi de la faire couler jusqu'à ce qu'elle cesse d'être glacée, comme c'est souvent nécessaire en hiver. L'eau est stockée en attendant de chauffer, et le consommateur prévenu via son appli quand la bonne température est atteinte. Régulé par défaut pour favoriser les économies d'eau, le débit, comme d'autres réglages, reste personnalisable. Relativement onéreux, ce système pourrait d'abord être distribué dans les hôtels ou les hôpitaux.

Les deux modèles sont bien entendu équipés de détecteurs de présence pour réduire encore le gaspillage.

Quant à l'américain Heatworks, son système de chauffage instantané à base d'électrodes en graphite, qui utilise la conductivité de l'eau, offre une chaudière hyperperformante - qui ne fonctionne que lorsque l'on s'en sert -, un lave-vaisselle ne consommant presque rien ou encore une carafe baptisée Duo, contenant à la fois de l'eau fraîche et de l'eau chaude dans deux compartiments séparés.

Un million de tonnes de Co² économisées chaque année

Mais, avant de limiter la consommation pour les usages du quotidien, encore faut-il faire la chasse aux fuites sur les réseaux. La housse connectée du français Protecto, détentrice d'un brevet d'invention français et européen déposé en 2017, protège les compteurs et les isole du froid. Quant à la valve intelligente Spy Can Compact, de Blue Whale, originaire des Hauts-de-France et très offensif à l'international, elle permet de suivre la consommation en eau d'un site tertiaire ou industriel et signale fuites et anomalies. « Le choix d'un protocole de communication GSM, entièrement bidirectionnel, rend possible le déploiement du système dans tous les pays », précise son fondateur, Thierry Sartorius.

Créée il y a trois ans, Blue Whale a déjà vendu 1.500 de ses produits dans plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient, ainsi qu'au Mexique, aux Antilles, à La Réunion, bientôt au Chili. Au Maroc, elle est utilisée pour piloter des fontaines publiques. « Nous anticipons entre 10.000 et 15.000 ventes en 2019 », avance le fondateur, qui évoque la signature probable de deux contrats avec deux groupes du CAC 40. Comme SmartEmbed et Heatworks, Blue Whale a été distingué parmi les Climate Change Innovators.

Citant les chiffres du dossier qu'il a renseignés dans ce cadre, Thierry Sartorius rappelle que, sur la base d'une consommation mondiale estimée à 100.000 millions de mètres cubes par an, d'économies de 20% à 30 % chez les professionnels et de 15% à 20 % chez les particuliers, la généralisation du Spy Can Compact permettrait d'économiser pas moins de 20.000 millions de mètres cubes par an.

Selon une étude menée par Eau de Paris, l'énergie nécessaire à la production, la distribution, le traitement et le transport de l'eau, ajoutée aux produits de traitement, correspond à une moyenne de 54,1 grammes de CO2 par mètre cube. Autrement dit, si elle équipait tous les radiateurs du monde, son invention pourrait éviter l'émission d'un million de tonnes de CO2 par an. Une démonstration qui rappelle que l'eau, c'est aussi de l'énergie, et donc des gaz à effet de serre...