Solaire flottant : la vague atteint la France

Par Dominique Pialot  |   |  575  mots
A Piolenc (Vaucluse), Akuo a développé la première centrale commerciale de solaire flottant. (Crédits : DR)
Posés sur l’eau, les panneaux photovoltaïques flottants évitent les conflits d’usage des sols. Évalué à 400 GW dans le monde, leur potentiel est surtout important en Asie, mais les projets se développent également en Europe. En France, Akuo Energy vient d’inaugurer une centrale de 17 MW dans le Vaucluse.

Le rapport sur le climat et l'usage des sols que le GIEC doit rendre public ce 8 août va une nouvelle fois mettre en évidence la nécessité d'opérer des arbitrages. Encore émergent, le solaire flottant est l'une des technologies permettant de limiter ces conflits d'usage en valorisant des étendues d'eau, notamment retenues de barrages ou lacs artificiels.

Ciel et Terre en est l'un des spécialistes. Cette PME française a développé pas moins de 125 fermes solaires flottantes, dont une grande majorité au Japon, pays dont la géographie contraint particulièrement l'usage des sols. La plus grande ferme du genre est aujourd'hui prévue en Corée du Sud, pour une puissance de 2,1 GWc (gigawattcrête). Un projet pharaonique si on le compare à la capacité aujourd'hui installée dans le monde, qui s'élève à 1,1 GW, ou à l'un des plus importants parcs actuellement en chantier : 1,3 million de panneaux et une puissance de 330 MWc en Australie, ou encore un projet d'une puissance de 648 MWc qui devrait recouvrir une surface de 10 km² en Inde...

Trois passages devant le régulateur français

En France, le producteur d'électricité renouvelable Akuo Energy vient d'inaugurer à Piolenc (Vaucluse) une installation de 17.000 panneaux solaires sur un plan d'eau de 17 hectares, d'une puissance de 17 MW, qui commencera à produire en septembre. Initialement développé par Ciel et Terre, ce projet, le premier de nature commerciale construit en France, a nécessité pas moins de trois passages devant la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Ajoutée aux éoliennes déjà installées, cette ferme solaire va permettre à cette commune de 5.000 habitants de devenir positive en énergie, c'est-à-dire qu'elle produira plus d'électricité qu'elle n'en consomme. Akuo prépare des projets similaires en Occitanie et dans le Grand Est notamment.

Le solaire flottant est jusqu'à présent essentiellement exploité sur des étendues d'eau artificielles où il contribue à améliorer le rendement en faisant baisser la température et à limiter l'évaporation d'eau. Grâce à un coût d'installation légèrement inférieur à celui des panneaux au sol ou sur les toitures, leur rentabilité peut être supérieure à celle des fermes solaires traditionnelles. En revanche, certains s'interrogent sur les risques d'eutrophisation et l'impact sur la faune.

Premiers projets en mer

Alors qu'on ne comptait encore en 2014 que 10 MW de puissance installée, une étude de la Banque mondiale intitulée « When the sun meets water » évalue à 400 GW le potentiel de cette catégorie de solaire flottant, soit l'équivalent de la puissance solaire installée au sol dans le monde à la fin de l'année 2017.

Mais de nouveaux projets commencent à apparaître en mer. Si les Maldives ou Singapour ont d'ores et déjà développé de petits parcs solaires offshore, c'est dans le golfe persique et en Mer du Nord que se préparent les projets les plus ambitieux. Ainsi, à Dubai, l'autorité en charge de l'eau et de l'électricité a lancé un appel à projets pour étudier, développer et construire de telles fermes. Plus près de nous, le consortium belge regroupant notamment DEME, Tractebel (filiale d'Engie), le groupe Jan De Nul et l'Université de Gand, a annoncé son projet de ferme solaire offshore construite en association avec de l'éolien offshore ou de l'aquaculture.

Reste à savoir si le coût d'installation puis de maintenance d'une ferme en pleine mer, exposée à la houle et à la salinité, permettra à cette technologie d'être rapidement compétitive...