Mobilité connectée : Acome déroule ses câbles

Invisibles pour les yeux, ils sont pourtant les composants les plus couteux des nouvelles générations de véhicules électriques et connectés. Plusieurs kilomètres de fils et de câbles serpentent entre les organes de ces objets communicants que sont devenues nos voitures. Forte de sa double spécialité dans les télécoms et l’automobile, la coopérative normande Acome accélère sur ce marché en croissance.
Avec sa double compétence dans l'automobile et les télécoms, Acome peut espérer tailler sa route dans la mobilité connecté
Avec sa double compétence dans l'automobile et les télécoms, Acome peut espérer tailler sa route dans la mobilité connecté (Crédits : Alessandro Bianchi)

Nos aînés, lorsqu'ils s'offraient une voiture, rêvaient à des jantes aluminium ou à des vitres teintées. Leurs descendants achètent des data center montés sur quatre roues dans lesquels les faisceaux électriques et électroniques pèsent plus lourd (et coûtent plus cher) que la carrosserie qui les abrite.
La Model S de Tesla renferme ainsi un écheveau complexe de trois kilomètres de câbles par où circulent l'énergie et la data... là où un véhicule thermique classique se contente d'un peu plus d'un kilomètre de faisceaux.

Au cœur du processus de transformation des constructeurs, cette rupture majeure ouvre aussi des perspectives engageantes à la plus grande coopérative de France. Spécialisée dans la fourniture de câbles de transmission de données pour les télécoms et de câbles de puissance pour l'automobile, Acome table sur un doublement de son chiffre d'affaires, à un horizon de dix ans, dans la mobilité connectée.

« Comme elle se situe au carrefour de nos deux savoir-faire, imaginez le champ d'action qui s'ouvre à nous avec les véhicules électriques et intelligents qui représenteront demain un tiers du parc mondial », s'enflamme Jacques de Heere, son PDG.

Des usines et de la matière grises

Pour « accrocher ce marché naissant », la SCOP a investi plusieurs dizaines de millions d'euros ces dernières années. Elle a agrandi son site historique de Mortain dans la Manche ainsi que son usine de Wuhan et renforcé ses centres de recherche. A la clef, la mise au point d'un nouveau modèle de câble de puissance en polyéthylène présenté comme plus économe, plus résistant et plus recyclable que les faisceaux en silicone qui équipent nos voitures. « Le silicone coûte cher et vieillit mal quand il zigzague à l'intérieur du véhicule entre le moteur et la batterie située à l'arrière. Il a tendance à craqueler », rappelle t-on chez Acome.

Commercialisé sous la marque Ultra Flex, ce nouveau produit est en phase d'essai terminale chez des constructeurs allemands, français et chinois. Reste à les convaincre de franchir le pas. « L'industrie automobile est assez conservatrice, en tout cas prudente, mais je reste très optimiste » assure Jacques de Heere. Renault, notamment, aurait manifesté des marques d'intérêt pour équiper la Kwid électrique, une citadine réservée au marché chinois.

"Un héritage du monde des télécoms"

Du côté de la transmission de données, la coopérative, qui se flatte d'être la première au monde à avoir développé un câble 10 gigabits éthernet, se prévaut aussi d'un temps d'avance dans le high speed data qui constituera la norme dans la voiture communicante de demain. « Nous ne sommes que trois ou quatre sociétés dans le monde à maîtriser ce savoir-faire, c'est notre héritage du monde des télécoms », assure son PDG.

Parmi les défis à relever, la réduction des perturbations électromagnétiques entre les composants, la bête noire des constructeurs qui redoutent par-dessus tout que des équipements critiques, comme le régulateur de vitesse ou l'assistance au freinage d'urgence, viennent à se neutraliser. Imaginons alors lorsque des millions de lignes de codes seront embarqués.

On le voit, la mobilité autonome et connectée ne signe pas la mort du câble, au contraire. Un signal électrisant pour le groupe normand dont le chiffre d'affaires (de 534 millions d'euros en 2019) a enregistré une baisse de près de 100 millions d'euros en 2020 "sans  être assortie d'aucun licenciement ni l'an dernier, ni cette année", tient à préciser sa direction.

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Commentaire 1
à écrit le 11/02/2021 à 19:31
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