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Quand l'eau de la Seine rafraîchit Paris

Très énergivore, l’air conditionné produit autant de froid que de pollution. Des alternatives écologiques et économiques existent : à Paris, l’eau de la Seine alimente un système de climatisation innovant.
À Paris, La Seine peut être une alternative à la pollution de l'air conditionné
À Paris, La Seine peut être une alternative à la pollution de l'air conditionné (Crédits : Enedis)

Quel Parisien n'a jamais cherché un peu de fraîcheur dans les salles du musée du Louvre ou des grands magasins en période de forte chaleur ? Le confort thermique de ces bâtiments a une origine commune : la Seine. Le fleuve alimente un réseau de froid qui s'illustre comme étant le plus performant d'Europe en matière d'efficacité environnementale et énergétique.

Le système, mis en service en 2002 par la filiale d'Engie Climespace, fonctionne par pompage de l'eau de la Seine vers des centrales de production de froid. Le mécanisme pourrait être assimilé à celui d'un grand réfrigérateur : les machines prélèvent l'eau de la Seine et la refroidissent à deux degrés Celsius avant de la réinjecter dans le réseau via des pompes.

Chaque collecteur d'eau dispose d'une capacité de débit d'un mètre cube par seconde, soit l'équivalent de deux piscines olympiques par heure. Le système emprunte en partie le réseau des égouts de Paris et se compose de deux canalisations : l'une qui transporte l'eau froide vers les clients et l'autre servant de retour à l'eau réchauffée vers les centrales. Ce circuit fermé permet de réaliser 50% d'économies sur la facture d'électricité.

En hiver, les machines fonctionnent au ralenti puisque l'eau gelée de la Seine se retrouve à la température idéale pour générer de l'air frais. C'est ce que l'on appelle le « free cooling ». Au final, le réseau froid génère 90% de fluide frigorifique en moins qu'un système de climatisation individuel. Un gaz à effet de serre jusqu'à 10 000 fois plus puissant que le Co².

550 clients, du musée aux bureaux

Pour une ville comme Paris, génératrice de chaleur comme tous les grands centres urbains, le raccordement au réseau froid permet de bénéficier de divers avantages par rapport aux systèmes autonomes de climatisation. À savoir : gain de place, confort auditif, efficacité énergétique et sécurité dans son fonctionnement puisque, contrairement aux tours de refroidissement, ce système supprime le risque de dissémination bactérienne.

Le réseau compte actuellement neuf centrales dans la capitale sur un périmètre de 70 kilomètres, dont une centrale mère située dans le quartier des Halles. Un point stratégique par son caractère central et proche de la Seine. Il permet de fournir de l'air frais à 550 clients, dont les musées nationaux, les palaces, les grands hôtels, les bâtiments publics et les bureaux. Au total, cinq millions de mètres carrés sont refroidis par ce système qui est intégré à la structure des bâtiments de façon invisible.

En France, treize réseaux de froid desservent actuellement l'équivalent de 80 000 logements à Paris, Grenoble, Lyon, Bordeaux et Montpellier. Et ce type d'initiative fait déjà des émules hors des frontières hexagonales : Londres, Barcelone et Lisbonne investissent aussi dans cette technologie.

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Commentaire 1
à écrit le 16/08/2017 à 10:51
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Et la climatisation solaire ? L’idéal, même si c'est un peu complexe à mettre en œuvre, est de générer du froid à partir du chaud, à savoir à partir du rayonnement solaire.

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