Les grands patrons ont déjà gagné plus que le salarié moyen en une année

Par Laszlo Perelstein  |   |  560  mots
La rémunération du patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a fait l'objet de plusieurs polémiques au cours de l'année.
Il suffit de moins de trois jours aux dirigeants des 120 plus grandes entreprises françaises (SBF 120) pour toucher près de 30.000 euros. L'an passé, leur rémunération a été en moyenne 132 fois plus importante que celle de leurs salariés.

S'ils sont aussi bien rémunérés que l'année dernière, les patrons des 120 plus grandes entreprises de l'Hexagone (SBF 120) ont théoriquement déjà touché plus que le salaire annuel moyen en France. C'est même le cas depuis le 3 janvier, selon un calcul de La Tribune s'inspirant d'une étude du think tank britannique High Pay Centre.

Pour arriver à ce résultat, le calcul est simple. Avec une rémunération moyenne record en 2015 de 3,5 millions d'euros (+20% sur un an, selon les chiffres du rapport annuel de la société de conseils Proxinvest ), les patrons du SBF 120 ont "palpé" 9.589 euros par jour (3.500.000 euros / 365 jours). Dans le privé, le salaire net moyen atteignait 2.200 euros par mois en 2013 (-0,3% sur un an, en euros constants) selon les derniers chiffres en date de l'Insee. Cela fait donc 26.400 euros par an (en considérant douze mois) ou 72,3 euros par jour.

Il suffit donc de 2 jours et 18 heures (en divisant 26.400, le salaire net moyen annuel, par 9.589, la rémunération moyenne quotidienne des patrons du SBF 120, on obtient 2,75) en moyenne à un patron d'une des plus grandes entreprises françaises pour gagner théoriquement plus qu'un salarié au cours d'une année, ce qui nous place le 3 janvier à 18h. À la fin de l'année, les grands patrons auront en moyenne gagné 132 fois plus qu'un salarié.

La question de la répartition des revenus

À titre de comparaison, les patrons du FTSE 100 touchent en moyenne 129 fois plus que leurs employés, selon le High Pay Centre, qui milite pour une meilleure répartition des revenus et a baptisé cette année le 4 janvier le "Fat Cat Wednesday 2017".

"Fat Cat Wednesday est un rappel important du problème persistant de l'écart salarial injuste au Royaume-Uni. Nous espérons que le gouvernement reconnaîtra la nécessité de réformes plus poussées dans les pratiques salariales pour combler cette lacune", souligne dans le communiqué le directeur du think tank, Stefan Stern.

L'écart de rémunération patron/employé est régulièrement dénoncé par les politiques et les médias. Et chaque année ou presque, un grand patron fait l'objet d'une polémique tant sa rémunération semble astronomique, d'autant plus si on la compare à ce que touche ses ouvriers, comme cela a été le cas cette année pour, entre autres, les dirigeants de Renault, Carlos Ghosn, et PSA, Carlos Tavares. Pour éviter ce genre de situation, la loi française offre désormais un réel contrôle aux actionnaires grâce au "say on pay" rendu obligatoire et non plus consultatif comme cela était le cas avant. Il n'existe toutefois aucune norme forçant à publier l'écart salarial maximum dans l'entreprise.

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En la matière, l'Hexagone devrait s'inspirer des États-Unis, où le gendarme de la Bourse (SEC) a décidé d'imposer la transparence totale aux entreprises cotées en les forçant à publier dans leur rapport annuel le ratio entre la rémunération des PDG et le revenu médian de leurs employés. Instaurée en 2015, la mesure entre vigueur cette année et devrait donner lieu à des débats houleux sur l'inégalité salariale, d'autant plus avec le nouveau président américain Donald Trump, qui se veut défendeur des cols bleus.