Privatisation : la FDJ sera valorisée plus de 3 milliards d'euros

Par Delphine Cuny  |   |  633  mots
(Crédits : Benoit Tessier)
Bruno Le Maire a dévoilé la fourchette du prix de l'introduction en Bourse de la Française des Jeux (FDJ), dont le coup d'envoi est donné ce jeudi: entre 16,50 et 19,90 euros par action. L'opérateur sera valorisé entre 3,15 et 3,8 milliards d'euros d'après le prospectus AMF.

[Article mis à jour le 7/11 à 8h]

Les jeux ne sont pas faits mais le coup d'envoi est donné. L'introduction en Bourse de la Française des Jeux (FDJ) se fera dans une fourchette de prix fixée entre 16,50 et 19,90 euros, a annoncé ce mercredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans un entretien au Parisien. L'Etat, qui détient actuellement 72% du capital de la FDJ, compte en conserver 20% au terme de l'opération et donc en céder 52%.

La présidente directrice générale de la FDJ, Stéphane Pallez, avait indiqué que le gouvernement comptait retirer de l'opération "plus d'un milliard d'euros". D'après le prospectus d'introduction approuvé par l'Autorité des marchés financiers (AMF), mis en ligne ce mercredi soir, l'opérateur de jeux, quatrième loterie mondiale et numéro deux européenne, sera valorisé entre 3,15 et 3,8 milliards d'euros et l'Etat pourrait engranger entre 1,2 et 1,7 milliard d'euros (en cas de fixation du prix en haut de fourchette et d'exercice intégral de l'option de surallocation).

La souscription sera ouverte dès ce jeudi 7 novembre jusqu'au 19 novembre à 20 heures pour les particuliers. Jusqu'à un tiers des actions mises en Bourse seront réservés aux petits porteurs, avec un seuil minimum de souscription de 200 euros. Les particuliers bénéficieront d'une action gratuite pour 10 actions achetées si celles-ci sont conservées 18 mois et d'une décote de 2% sur le prix de l'action.

"Pour les Français, c'est l'occasion de diversifier leurs placements, à un moment où les taux sont bas et où les livrets A et les comptes épargne rapportent peu. Placer son argent dans les entreprises françaises comme la FDJ est un bon moyen pour avoir un meilleur rendement" déclare le ministre dans cet entretien.

Pas de passage sous pavillon étranger

Si tout placement en action est par définition risqué, il considère le risque "mesuré" car du fait de la "croissance dynamique" de la FDJ et des "chiffres de la consommation de jeux en France sont en augmentation régulière". L'opérateur de jeux d'argent et de paris sportifs en ligne a enregistré une croissance des mises de 5% en moyenne sur les 25 dernières années.

Le ministre affirme que l'opération a suscité l'intérêt de nombreux investisseurs privés, sans les citer. Stéphane Pallez avait évoqué de grands gestionnaires d'actifs, des compagnies d'assurance et des fonds d'investissement de long terme.

"Au cas où un autre actionnaire souhaiterait acquérir plus de 10% de l'entreprise, il devra obtenir l'agrément de l'Etat. Il n'est pas question que la FDJ passe sous contrôle étranger" assure-t-il.

La première cotation aura lieu le jeudi 21 novembre. Il s'agira de la plus importante introduction en Bourse en France depuis la mise en Bourse début octobre du spécialiste français de l'emballage en verre Verallia (ex-Saint-Gobain) qui a levé 963 millions d'euros. BNP Paribas, Citigroup, Goldman Sachs et Société Générale agissent
en qualité de coordinateurs globaux, chefs de file et teneurs de livre associés du placement global (auprès des investisseurs institutionnels), Crédit Agricole CIB, HSBC France et Natixis pour l'offre à prix ouvert (personnes physiques).

La mise en Bourse de la FDJ intervient dans un contexte compliqué pour les introductions en Europe, les investisseurs restant fébriles dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, sur fond de Brexit et de bataille commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.

L'opération pourrait ouvrir la voie à d'autres privatisations, notamment celle d'ADP (Aéroports de Paris) elle aussi prévue dans le cadre de la loi Pacte mais suspendue aux résultats d'un référendum d'initiative partagée. Le produit de ces cessions a vocation à alimenter un fonds pour l'innovation doté de 10 milliards d'euros et à participer au désendettement de l'Etat.