Des vendeurs d'Alibaba accusés de gonfler leurs transactions

Par Marina Torre  |   |  474  mots
Jack Ma, le patron d'Alibaba n'est plus "l'homme le plus riche de Chine" mais se classe tout de même 33e fortune mondiale dans le classement de Forbes.
Le groupe chinois d'e-commerce connaît de nouvelles secousses en Bourse, notamment après des révélations concernant des fraudes pratiquées par certains vendeurs sur ses places de marchés. Le groupe rétorque que ses outils de surveillance lui permettent de détecter les auteurs de ces manipulations et d'afficher des chiffres justes.

L'image d'Alibaba prend un nouveau un coup. Des vendeurs présents sur les plateformes Tmall et Taobao du géant chinois de l'e-commerce gonflent leurs volumes de ventes afin de remonter dans les pages de recherches, selon le Wall Street Journal.

Opération "balayage"

Une technique baptisée "brushing" (littéralement, "balayage") consiste à payer de faux clients au prix de revient des produits plus une prime afin qu'ils commandent ces derniers. Des colis vides ou remplis d'objets factices leur sont ensuite envoyés. Ils remplissent ensuite de faux avis vantant les mérites de ces produits. Certains poussent le raffinement jusqu'à imiter le comportement parfois erratique des vrais acheteurs en ligne qui naviguent de page en page avant de formuler un choix puis de payer. Le marchand en profite et voit sa note remonter dans les classements, ce qui est censé lui permettre d'accroître la notoriété de sa marque, donc ses ventes.

Recrutés via des forums en ligne, ces acheteurs fictifs - principalement des étudiants, des femmes au foyer ou des employés travaillant la nuit, selon le WSJ - gagneraient entre 50 et 200 yuans par jour (7 à 28 euros) grâce à ce stratagème. Certains seraient même réunis en groupe, formés et dirigés par des "professionnels".

Ces pratiques, considérées comme de la fausse publicité, sont interdites en Chine, comme aux États-Unis où l'entreprise est cotée.

"Systèmes sophistiqués"

De son côté, dans un courriel à La Tribune, le groupe déclare que ses "résultats d'exploitation sont nettoyés". Un porte-parole du groupe dit s'en assurer grâce à "des systèmes de surveillance sophistiquée et des outils technologiques permettant d'identifier et de suivre les transactions fictives et le trafic qu'elles génèrent".

Reste que, à Wall Street, l'action Alibaba a pâti de ces révélations, tout comme de l'interdiction du site à Taïwan. Le cours s'affichait en baisse de 2,88% à 81,2 dollars lors de la clôture mardi.

D'autres déboires

Un mois plus tôt, l'entreprise était également sous le feu des projecteurs pour un autre sujet. Le gendarme boursier américain a en effet demandé des comptes au groupe fondé par Jack Ma à propos d'une rencontre organisée avec l'Administration d'État pour l'industrie et le commerce avant son introduction en Bourse et qui n'aurait pas été dévoilée à temps.

Cette réunion portait sur la contrefaçon, sujet qui avait valu une mauvaise note à Alibaba de la part de cette administration. Depuis, la situation semble s'être apaisée entre les autorités chinoises et le champion du commerce. Mais cela n'a pas empêché qu'une procédure en nom collectif soit lancée à l'encontre de ce dernier.

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Pour aller plus loin:

>> Contrefaçon : la bataille des colosses de l'e-commerce chinois pour leur réputation