Ordinateurs en soute : Juniac (IATA) dénonce les distorsions commerciales

Ce mardi, devant le Conseil des relations internationales de Montréal (Corim) à Montréal, le président de l'IATA a qualifié d'inacceptable la décision de Washington et de Londres de refuser les ordinateurs et tablettes en cabine sur les avions au départ de 10 pays au Moyen-Orient.
Fabrice Gliszczynski

Du temps où il occupait les fonctions de PDG d'Air France-KLM il y a encore un an, il  est peu probable qu'Alexandre de Juniac, aujourd'hui président de l'association internationale du transport aérien (IATA), ait pu penser qu'il serait amené à défendre un jour les compagnies du Golfe en dénonçant des "mesures de distorsion commerciale" à leur encontre, alors qu'il a si souvent dénoncé les "distorsions de concurrence" que les aides directes ou indirectes dont elles bénéficient de leur Etat-actionnaire créaient sur le marché.

Mais aujourd'hui à la tête de la puissante IATA, Alexandre de Juniac se doit, d'une manière générale, de ne pas prendre partie en faveur de certaines compagnies et de défendre au contraire l'ensemble des membres de l'IATA et le transport aérien. C'est ce qu'il a fait ce mardi en dénonçant l'interdiction depuis des ordinateurs en cabine imposée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sur les vols en provenance de 10 aéroports de 8 pays au Moyen-Orient, dont ceux de Dubai et d'Abu Dhabi aux Emirats arabes unis et Doha, les hubs respectifs d'Emirates, Etihad Airways et Qatar Airways. Des mesures justifiées par Washington par des risques d'attentats à l'explosif dissimulé dans ces appareils.

 Impact commercial

"Les mesures actuelles sont une solution inacceptable à long terme, quelles que soient les menaces qu'elles tentent de conjurer", a déclaré Alexandre de Juniac, devant le Conseil des relations internationales de Montréal (Corim) à Montréal, en s'interrogeant sur la pertinence de ces mesures car le passage aux portiques de sécurité permet de détecter les produits pouvant entrer dans la composition d'explosifs. "Même à court terme, il est bien difficile de comprendre leur efficacité. Et elles créent des distorsions commerciales importantes", a-t-il estimé.

"Ce n'est pas une question de coûts" pour les compagnies ou les aéroports de mettre en oeuvre de telles mesures de sécurité. Mais, a-t-il estimé "nous pouvons en attendre un impact significatif sur le plan commercial" pour les compagnies visées avec des passagers qui préféreront passer par d'autres aéroports.

 "Nous appelons les gouvernements à travailler avec l'industrie pour trouver une manière d'assurer la sécurité des vols sans priver les passagers de leurs appareils électroniques personnels", a demandé Alexandre de Juniac.

La directive américaine affecte les vols de neuf compagnies aériennes en provenance de dix aéroports internationaux de pays arabes et de Turquie.

10 pays touchés

Les huit pays dont les compagnies et les aéroports sont concernés sont tous alliés ou partenaires des Etats-Unis: Turquie, Jordanie, Egypte, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Emirats arabes unis et Maroc.

L'interdiction britannique concerne des avions à destination ou en provenance de Turquie, du Liban, de la Jordanie, d'Egypte, de Tunisie et d'Arabie saoudite.

 "L'industrie s'est rapidement organisée pour mettre en place ces nouvelles exigences. Cela a été un défi", a encore noté Alexandre de Juniac.

La mise en soute des ordinateurs portables ou autres équipements électroniques en très grand nombre posent un risque supplémentaire en raison de leurs batteries au lithium-ion, a estimé en substance Alexandre de Juniac.

L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) avait il y a an an interdit le transport en soutes de batteries lithium-ion à la demande des compagnies aériennes et des associations de pilotes pour des raisons de sécurité.

Fabrice Gliszczynski

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