Le russe Globaltrans se développe dans le fret... qui tourne au ralenti

Le premier transporteur russe privé effectue un placement secondaire sur le LSE (London Stock Exchange) pour financer son expansion alors que le secteur du fret connaît en Russie une libéralisation tarifaire et un développement plutôt chaotique.
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En dépit des nombreux obstacles dressés par l'ancien monopole ferroviaire d'Etat RJD, le transporteur ferroviaire privé russe Globaltrans réussit un parcours s honorable dans un contexte difficile. Lundi, il a toutefois annoncé son intention de placer pour 400 millions de dollars de certificats de dépôt globaux (GDR) à un prix unitaire entre 16 et 17,5 dollars. L'actionnaire principal, Transportation Investments Holding Limited (TIHL), qui détient 50,1 % du capital, envisage un placement supplémentaire en option de 50 millions de dollars. Ce qui représente environ 13 % de son capital. A l'issue de l'opération, le flottant attendu devrait s'élever aux alentours de 48 %, contre 35,31 % actuellement.

Globaltrans, qui représente 7 % du volume de fret transporté en Russie (1,17 milliard de dollars de chiffre d'affaires en 2011, en hausse de 30 %), justifie cette opération par son désir d'acquérir de nouvelles capacités de transports (wagons de fret) et pour financer sa récente acquisition de la société de fret ferroviaire MIT, acquise pour 540 millions de dollars et qui possède 8.256 wagons. La flotte totale de Globaltrans s'élevera à 64.000 wagons à la fin août 2012. "C'est une bonne nouvelle pour le titre Globaltrans, puisqu'avec 48 % de flottant, sa liquidité va significativement augmenter. TIHL et la holding Envesta (détenue par le président de Globaltrans Alexander Eliseev, et le PDG, Sergey Maltsev) vont ensemble conserver la majorité du capital à l'issue de l'opération", note Alex Kazbegi, analyste à la banque Renaissance Capital.

De bonnes performances financières

Alex Kazbegi souligne la bonne performance financière du groupe sur le premier trimestre 2012 avec une marge nette de 50,3 %, des revenus par action en hausse de 33 % en glissement annuel. En 2011, le transporteur a dégagé 317,2 millions de dollars de bénéficesen croissance de 40 % (225,9 millions en 2010). Alex Kazbegi prédit un grand intérêt des investisseurs pour le placement secondaire à Londres, où Globaltrans est coté depuis 2008. Plus réservé, l'expert Andreï Chenk trouve "étonnant d'effectuer un placement précisément maintenant, sans attendre une amélioration de la conjoncture des marchés financiers" et subodore un besoin de financement rapide pour couvrir l'acquisition de MIT en mai.

D'une façon générale, Globaltrans possède l'une des flottes les plus modernes du pays et suit une politique d'acquisition des plus agressives. Ce qui provoque la jalousie de l'ancien monopole ferroviaire d'Etat RJD. Ce dernier, handicapé par une flotte vieillissante, fait pression sur les compagnies de fret privées (et particulièrement sur Globaltrans) pour qu'elles lui louent des wagons. Et n'hésite pas pour cela à utiliser deux méthodes : en leur bloquant l'accès au réseau ferroviaire (RJD reste opérateur du réseau) et en exigeant des expéditeurs qu'ils cessent de passer par les compagnies de fret privées.

10 km/h de vitesse en moyenne pour le transport de fret

Les services de RJD suscitent une indignation croissante de la part du monde des affaires russe à cause de la saturation croissante des lignes. Les exportateurs de métaux, de produits pétroliers ou agricoles se plaignent régulièrement des problèmes de livraison auprès du gouvernement. Les compensations versées par RJD à ses clients fret ont même triplé entre 2010 et 2011. La compagnie publique a dû payer 177 millions d'euros en raison principalement de délais de livraison dépassés.

La vitesse moyenne du fret transporté par RJD est tombée en 2011 à 10,3 km/h, "soit six fois plus lente qu'en Chine, et plus lente encore qu'un cycliste". Mais tant que RJD reste opérateur des voies ferrées, Globaltrans et ses concurrents privés resteront tributaires des problèmes du réseau. Le gouvernement russe prévoit de privatiser 25 % de RJD en 2013 au plus tard, et espère lever ainsi 17 milliards d'euros. Mais le PDG de RJD, Vladimir Iakounine, freine des quatre fers et fait dire que la part privatisée ne vaudrait en fait que 6,4 milliards d'euros...

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Commentaire 1
à écrit le 10/07/2012 à 8:32
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Ce sont les vaches ou les ours qui ralentissent les trains ?

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