Brétigny : un rapport pointe du doigt un "état de délabrement" et "une centaine de défauts"

Par latribune.fr  |   |  573  mots
À ce jour, 117 personnes se sont constituées parties civiles. Ni la SNCF ni Réseau ferré de France (RFF) n'ont encore eu connaissance des expertises. (Photo : Reuters)
Un an après le déraillement du train Paris-Limoges Intercités n°3657 alors qu'il entrait dans la gare de Brétigny-sur-Orge, un rapport d'experts, rendu public par le parquet d'Evry lundi, met en cause l'entretien du matériel ferroviaire dans le secteur. Le président de la SNCF attend d'avoir le rapport entre les mains pour se prononcer.

Un "déficit dans la qualité de la maintenance". Voilà de quoi résulte l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), qui a fait sept morts le 12 juillet 2013, selon les conclusions d'un rapport d'experts rendues publiques lundi par le procureur de la République d'Evry.

D'après Eric Lallement, les experts désignés par la justice ont rendu des conclusions "sévères", relevant "une centaine de défauts", "visibles" et "critiques", sur l'aiguillage incriminé, "qui ne sont pas la conséquence de l'accident".

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Aucun acte malveillant

Les ingénieurs ont notamment pointé une "maintenance inadaptée" et un "état de délabrement" sur le secteur de Brétigny. La gare de Brétigny "était connue des services de la SNCF comme une zone à risque", selon eux.

"Toutes les investigations menées ont conduit à écarter formellement l'hypothèse d'un acte de malveillance", a également souligné le procureur lors d'une conférence de presse.

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Le train Paris-Limoges Intercités n°3657 a déraillé le 12 juillet 2013 à 17h11, quelques instants avant d'entrer en gare de Brétigny-sur-Orge, tuant sept personnes et faisant des dizaines de blessés. À ce jour, 117 personnes se sont constituées parties civiles, a précisé Eric Lallement, affirmant que ni la SNCF ni Réseau ferré de France (RFF) n'avaient encore eu connaissance des expertises.

Des économies "au détriment du service public" 

Après la diffusion des conclusions du rapport, la CGT, premier syndicat de cheminots, a dénoncé "une recherche d'économies effrénée" à la SNCF, de même que SUD-Rail. Le syndicat estime dans un communiqué que ces économies se font "au détriment du service public, de la sécurité des circulations des biens et des personnes".

"Si les termes paraissent excessifs et tendent à généraliser un état de dégradation de l'infrastructure ferroviaire, nous sommes bien face à la réalité de certains choix exercés par les gouvernements successifs et relayés par la direction de la SNCF."

De son côté, l'Unsa-Cheminots, deuxième syndicat et partie civile, se dit "indignée par la divulgation d'éléments partiels du rapport d'expertise, orientés pour mettre en cause les compétences métiers et la conscience professionnelle des salariés de la SNCF chargés de la maintenance de l'Infrastructure".

SNCF et RFF se prononceront quand ils auront le rapport entre les mains

"Nous ne contestons en rien ce qu'a dit le procureur de la République pour une raison simple: il a en mains des rapports que nous n'avons pas", a indiqué le président de la SNCF Guillaume Pepy, lors d'une conférence de presse commune avec RFF.

Dans un dossier de presse, la SNCF et RFF estiment que le rapport rendu par les deux experts mandatés par la justice, auquel ils n'ont pas eu accès, "semble prolonger les premières conclusions du BEA-TT", le Bureau d'enquête sur les accidents de transport terrestre, qui, dans son rapport d'étape rendu en janvier, avait déjà mis en cause les règles de maintenance de la SNCF

"À aucun moment nous ne sommes dans le déni", a également précisé Guillaume Pepy, faisant référence à la responsabilité dans cet accident que la SNCF a reconnu le jour même.

Article publié à 16h30, mis à jour à 19h00.