Air France : quand les autres compagnies dénoncent l'attitude des grèvistes

Par Tiphaine Honoré  |   |  397  mots
La concurrence du low cost à laquelle font face ces entreprises françaises, accompagnée d'une conjoncture morose, fragilisent Air France et ses consœurs.
Face au durcissement du conflit qui perturbe fortement "le pavillon français", les autres compagnies aériennes s'inquiètent de ses conséquences pour l'économie du secteur. Elles interpellent le syndicat principal des pilotes dans une lettre ouverte.

"Le jusqu'au-boutisme apporte un discrédit profond et ravageur à la profession de pilote et plus largement à nos métiers et nos entreprises, mais aussi à notre capacité collective à créer de nouveaux emplois". Ces mots ne sont pas ceux d'un homme politique ou d'un responsable d'Air France, mais de ses concurrents.

Alors que la grève entre dans sa deuxième semaine, les dirigeants de la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM), de Corsair International, de XL Airways, d'Aigle Azur et d'Air Caraïbes ont publié une lettre ouverte sur le site du journal Le Monde. Ils appellent les pilotes d'Air France à mesurer les conséquences de leur mouvement pour le secteur entier.

"Une menace pour l'emploi"

Avec déjà près de 100 millions d'euros perdus depuis le début du conflit, la compagnie fait face à une situation compromettante pour sa santé financière, en remettant en cause son retour aux bénéfices cette année.

Mais l'impact irait au delà de la seule compagnie Air France. Dans la lettre, les autres compagnies aériennes françaises s'alarment :

"L'attrition du pavillon français avec à la clef une baisse de l'emploi, présent et futur, menace clairement nos compagnies, nos métiers, l'avenir de nos enfants, alors que plus d'un millier de pilotes français sont en recherche d'emploi".

Une conjoncture difficile

La concurrence du low cost à laquelle font face ces entreprises françaises, accompagnée d'une conjoncture morose, fragilisent Air France et ses consœurs. Son PDG Alexandre de Juniac l'expliquait déjà au moment de lancer son plan de réduction des coûts "Transform 2015". Bien qu'il espérait début 2014, dans une interview à La Tribune, passer de la phase de redressement à celle du développement d'ici la fin de l'année.

Avec un tel mouvement social, inégalé depuis 1998, la donne a changé a-t-il prévenu vendredi dernier :

"Ce qui se joue, c'est l'avenir d'Air France. Après avoir fait un plan de restructuration très dur (...), on est en train de sortir la tête de l'eau. Avec cette grève, on compromet les fruits de notre redressement".

Une analyse partagée par ses confrères français qui concluent leur lettre à l'adresse des grévistes du syndicat SNPL :

"La profession de pilote que vous exercez, exige rigueur, discipline, responsabilité et sang froid. [...] Elle n'autorise pas les comportements qui la dévaluent".