Jet Airways, l'arme d'Air France-KLM pour contrer Emirates en Inde

Air France-KLM et la compagnie indienne Jet Airways ont signé ce mercredi un accord commercial d'envergure dans le but de reprendre la main sur le marché entre l'Europe et l'Inde sur lequel les compagnies du Golfe ont réussi à se tailler une part significative.
Cet accord permettra de muscler fortement une offre de vols directs dits de point-à-point entre les principaux aéroports de correspondance de chacun des trois partenaires (Paris, Amsterdam, Bombay, New Delhi, Bangalore et Chennai), et de relier ces derniers à une multitude de villes européennes et indiennes.

Reprendre du terrain face aux compagnies du Golfe entre l'Inde et l'Europe et notamment Emirates, souvent qualifié de première compagnie indienne en raison de la puissance de son réseau sur cette partie du globe : c'est l'objectif d'Air France-KLM en signant un nouvel accord de partenariat avec la compagnie indienne Jet Airways, l'une des plus importantes d'Inde. Après la mise en place de plusieurs accords de partage code entre Air France et KLM d'un côté et Jet Airways de l'autre, les trois compagnies renforcent aujourd'hui leur partenariat commercial avec la signature ce mercredi, à Bombay, d'un accord d'envergure entre l'Inde et l'Europe à la fois sur le transport de passagers que sur les marchandises.

La vraie fausse "JV" qui ne dit pas son nom

Celui-ci permet de partager les coûts et les recettes sur un plan de vol commun, d'harmoniser les horaires de vol, d'optimiser les forces commerciales ou encore de signer des accords communs avec les clients corporate (les entreprises). Il s'agit du plus haut degré de coopération commerciale dans le transport aérien. Une sorte de fusion virtuelle entre plusieurs entreprises sur une partie de leur réseau. Même s'il ne comporte pas de participations capitalistiques, ce type de partenariat est improprement appelé dans le transport aérien « joint-venture », alors qu'en pratique, il n'y a pas de "coentreprise". Les dirigeants d'Air France-KLM et de Jet Airways se sont bien gardés d'employer le jargon du secteur et ont préféré parler de « partenariat renforcé ».

Cet accord permettra de muscler fortement une offre de vols directs dits de point-à-point entre les principaux aéroports de correspondance de chacun des trois partenaires (Paris, Amsterdam, Bombay, New Delhi, Bangalore et Chennai), et de relier ces derniers à une multitude de villes européennes et indiennes. Ainsi, Air France et KLM pourront commercialiser 44 destinations indiennes tandis que Jet Airways pourra faire de même pour 106 destinations européennes. Air France-KLM trouve là le moyen de prendre pied à moindre coût sur un marché en pleine croissance, appelé à devenir le troisième marché domestique d'ici moins de 20 ans derrière la Chine et les Etats-Unis.

"Air France, KLM et Jet Airways transportent 1,2 million de passagers par an. Nous devrions en transporter 1,7 million d'ici à 2020", a expliqué le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac.

Vols directs contre vols avec escale

Les trois partenaires comptent sur cette offre de vols directs renforcée pour reprendre des parts de marché sur les compagnies du Golfe, aujourd'hui prépondérantes sur cet axe, grâce à leurs hubs idéalement situés entre l'Europe et l'Inde. "Une concurrence très forte qui fait pression sur les tarifs" a admis Franck Terner, le directeur général d'Air France.

"Il y a moins de vols directs entre l'Europe et l'Inde qu'entre les pays du Golfe et l'Inde. C'est pour cela qu'il nous faut augmenter les vols directs", fait remarquer Pieter Elbers, le directeur général de KLM.

Selon Naresh Goyal, le Président fondateur de Jet Airways, le trafic entre l'Inde et le Golfe représente 7 millions de passagers par an, contre 5 millions sur les lignes entre l'Inde et l'Europe (hors Royaume-Uni qui compte deux millions de passagers).

"Nos parts de marché sur l'Inde ne sont que de 5 à 6% alors qu'elles s'élèvent sur d'autres comme le Brésil ou le Japon à 15-20%. Notre ambition est d'atteindre ce niveau sur l'Inde également et d'être le numéro un sur cet axe", a déclaré Pieter Elbers.

Aujourd'hui, selon certaines sources, Emirates doit détenir près de 13% du marché, devant Lufthansa avec 10%.

Le coup de poignard de Jet Airways à Etihad

Pour Jet Airways, une telle stratégie peut apparaître comme surprenante. Elle va en effet à l'encontre de celle mise en place par son premier actionnaire, la compagnie d'Abu Dhabi Etihad Airways, dont l'objectif en prenant 25% du capital de Jet Airways il y a quelques années, était de faire transiter le trafic indien à destination de l'Europe par Abu Dhabi. Deux parties du réseau de Jet Airways seront donc en concurrence, même s'il est clair que la compagnie indienne va pousser les ventes sur offre avec Air France-KLM. Une attitude qui traduit le manque d'influence d'Etihad au sein de Jet Airways, malgré l'apport financier apporté en 2013 quand la compagnie indienne était en difficulté financière. A aucun moment Etihad n'est intervenu dans les négociations entre Air France-KLM et Jet Airways.

Si Naresh Goyal justifie notamment son alliance avec Air France-KLM par la préférence des passagers pour les vols sans escale, il sait qu'elle lui ouvre également les portes du marché américain. Cet accord s'étend en effet aux vols transatlantiques de la « JV » entre Air France, KLM et Delta. Des passerelles sont prévues pour la clientèle très nombreuse voyageant entre l'Inde et l'Amérique du Nord. Une bonne partie du trafic entre l'Inde et l'Europe se rend en effet aux Etats-Unis.

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Commentaire 1
à écrit le 29/11/2017 à 17:00
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"Une bonne partie du trafic entre l'Inde et les Etats-Unis se rend en effet aux Etats-Unis" Ca c'est sûr, je dirais même 100%...Pour une conclusion, c'est une conclusion !! Une petite relecture s'impose SVP

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