Tourisme fluvial : Les Canalous misent sur le bateau électrique ou à hydrogène

Après un incendie en octobre 2020, l’entreprise familiale, située à Digoin en Bourgogne, Les Canalous, premier constructeur loueur de bateaux habitables en France, s’est relevée de ses cendres et reprend un rythme de croisière pour répondre à la demande croissante de slow tourisme. Un nouveau départ qui inclut l’innovation et l’écologie.
(Crédits : Amandine IBLED)

30.000 personnes naviguent chaque année sur les bateaux construits et loués par l'entreprise Les Canalous, le premier constructeur-loueur de bateaux habitables en France. Chaque exercice, ce sont environ 5.000 bateaux loués avec en moyenne 6 personnes à bord. C'est d'abord une histoire de famille qui a commencé en 1981 par le grand-père de l'actuel dirigeant, René Carignant, ébéniste et passionné de bateau. À l'époque les canaux étaient délaissés par la marine marchande et le tourisme fluvial était peu développé. Aujourd'hui, c'est devenu une filière à fort potentiel grâce au tourisme.

C'est pourquoi, Alfred Carignant, petit-fils du fondateur et actuel dirigeant, a décidé d'investir deux millions d'euros pour reconstruire l'atelier détruit par un incendie accidentel en octobre 2020. Ce dernier est plus performant en termes de productivité et permet une diversification de la production avec des lignes mixtes : une dédiée à la construction de bateaux et l'autre à la construction de logements insolites. Le chantier est capable de fabriquer un bateau de 12 places par mois environ. De la fabrication de la coque jusqu'aux agencements intérieurs en bois ou polyester.

Alfred Carignant, petit-fils du fondateur et actuel dirigeant des Canalous

Un bateau 100% électrique

« Notre produit est intrinsèquement lié à l'environnement. Il nous paraît évident que nous devons verdir notre flotte », souligne Alfred Carignant. En 2019, l'entreprise a conçu une péniche 100% électrique, aussi bien pour le fonctionnement des appareils à bord que pour la motorisation. Le bateau est équipé d'un pack de batterie lithium-ion pour une autonomie de six heures de navigation « silencieuse » à 8 km/h. Un groupe électrogène de 18 kW permet de recharger les batteries lithium et les batteries de servitude si l'énergie est trop basse. Seul souci de l'électrique : sa dépendance aux infrastructures.

Pour l'instant, ce bateau peut naviguer en autonomie sur une journée mais au-delà il faudra trouver des points de recharges. Les Canalous mènent un projet d'expérimentation en Alsace au sein d'un cluster d'entreprise, en partenariat avec un autre constructeur, EDF et Voies Navigables de France. Objectif : équiper les abords des canaux pour 2025. « Créer ses propres bornes coûtent cher mais l'ensemble des acteurs ont une vraie volonté d'avancer plus vite. Nous allons prioriser les zones de développement en commençant par l'Alsace puis les bords de Saône, plutôt du Nord au Sud », confie Alfred Carignant.

La base nautique des Canalous à Digoin en Bourgogne

Vers un bateau à hydrogène ?

Pour s'affranchir de cette dépendance aux infrastructures, une autre alternative est envisagée par l'entreprise familiale : le bateau à hydrogène. Un prototype est en cours de fabrication en partenariat avec Europe Technologie, spécialisée dans cette énergie.

L'idée est de réussir à stocker une autonomie d'une semaine sur le bateau afin de ne pas subir la contrainte de la recharge. « Le tourisme fluvial est l'un des seuls où la liberté est encore totale. Vous pouvez vous amarrez n'importe où dans la nature. C'est pour cela qu'il est important de garder cette expérience client dans nos produits et éviter des étapes de dix heures pour recharger les batteries », explique Alfred Carignant.

L'objectif de l'entreprise n'est pas de produire de l'hydrogène mais bien de construire un moteur qui fonctionne avec des piles à combustibles. « L'idée serait de disposer d'un groupe électrogène sur une de nos bases de départ pour ravitailler les bateaux entre deux locations », précise Alfred Carignant. Dans un premier temps, le chef d'entreprise espère rapidement livrer une version de bateau naviguant à la journée afin de valider cette solution hydrogène, pour ensuite la transformer en version habitable naviguant à la semaine, d'ici la fin d'année.

« Nous ne savons pas si l'hydrogène sera la solution définitive mais nous souhaitons être à la pointe pour avancer le plus vite sur le verdissement de la flotte », confie Alfred Carignant. « L'enjeu réside dans la construction de nouveaux bateaux mais aussi dans le retrofit de la flotte existante », poursuit-il. Soit, le remplacement des moteurs thermiques qui fonctionnent actuellement au diesel par des moteurs hybrides, électriques à batteries ou à hydrogène (pile à combustible) afin d'éliminer les émissions nocives.

Toutefois, l'un des principaux freins de l'hydrogène est son coût, très élevé à cause de la difficulté de son approvisionnement. « Une autre alternative pourrait être de revenir au tout électrique, en bénéficiant des batteries de l'automobile en seconde vie », lance Alfred Carignant. Bateaux électriques ou à hydrogène ? L'entreprise familiale ne se ferme aucune porte.

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