Rafale : un deal avec Qatar Airways au détriment d'Air France ? Non, dit Hollande

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Dans un communiqué, le syndicat national de pilotes de ligne d'Air France (SNPL), s'inquiète de la "mort à terme" de l'ensemble du secteur si de nouvelles lignes aériennes sont attribuées à Qatar Airways.
Depuis Doha, où il assistait à la signature du contrat de vente de 24 avions de combat Rafale, le président de la République a déclaré qu'il n'y avait eu aucune contrepartie. Des discussions avec le Qatar concernant le nombre de lignes aériennes ouvertes sont néanmoins engagées depuis plusieurs mois.

Quelles contreparties pour la vente de 24 Rafale au Qatar ? Aucune d'après François Hollande mais ce n'est pas ce que rapporte Le Monde, selon qui le Qatar avait posé comme condition l'obtention de droits de trafic supplémentaires vers la France pour sa compagnie aérienne, Qatar Airways. Sur son site internet, le journal écrit que "les avions de Qatar Airways, qui desservent déjà Paris, pourront désormais atterrir à Lyon et à Nice, vraisemblablement trois fois par semaine".

Lors d'un point presse à Doha ce lundi 4 mai, le chef de l'État, venu assister à la signature du contrat de vente entre Dassault Aviation et l'émirat, a tenu à clarifier la situation :

"Ce contrat n'a pas fait l'objet de négociations sur d'autres sujets que l'avion Rafale et des matériels qui doivent l'équiper."

Des discussions en cours avec le Qatar

Le chef de l'État a toutefois rappelé qu'il y avait "des discussions engagées depuis plusieurs mois, non seulement avec le Qatar mais avec d'autres pays, pour que nos aéroports puissent avoir encore davantage d'offres".

"Il est assez légitime qu'il y ait des discussions et des négociations pour qu'un certain nombre de lignes aériennes puissent être ouvertes en faveur de pays qui permettent aussi d'acheminer un grand nombre de touristes et nul doute que les villes de Nice et de Lyon sont particulièrement demandeuses de ce type d'attribution", a-t-il ajouté.

Nice et Lyon sont respectivement les troisième et quatrième aéroports les plus fréquentés de France, après Paris-Charles-de-Gaulle et Paris-Orly. Mi-avril, le Sénat a approuvé la privatisation de ces deux aéroports, dans le cadre du projet de loi Macron .

Sujet polémique récurrent

Dans un communiqué, le syndicat national de pilotes de ligne d'Air France (SNPL), s'inquiète de la "mort à terme" de l'ensemble du secteur si de nouvelles lignes aériennes sont attribuées à Qatar Airways. De fait, la polémique survient dans un contexte tendu pour Air France, repassé dans le rouge en 2014 et qui mise depuis 2013 sur une montée en gamme, segment sur lequel opère justement Qatar Airways. Le PDG du groupe français a par ailleurs critiqué samedi 2 mai les "subventions indirectes" dont bénéficient, selon lui, les compagnies aériennes du Golfe qui versent très peu de redevances aéroportuaires dans leurs pays.

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Lors de la visite du cheikh Tamin ben Hamad Al-Thani en juin 2014, le débat sur l'attribution de nouveaux vols en France de Qatar Airways avait déjà été relancé. L'attribution de nouvelles autorisations de vols à des compagnies du Golfe est toujours un sujet polémique en France. Car elle met en scène des acteurs dont les intérêts sont divergents. Ceux d'Air France d'un côté, vent debout contre les compagnies du Golfe, accusées de venir piller le marché européen, et de l'autre, ceux des différents acteurs de l'économie qui ne veulent pas que ce sujet pollue leurs affaires avec les pays du Golfe, notamment les industriels de l'aéronautique et de la défense, en particulier Airbus.

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Officiellement, lier les droits de trafic aérien entre deux pays aux affaires commerciales est interdit par la convention de Chicago, qui régit le transport aérien. Seuls les flux de passagers qui voyagent entre les deux pays concernés doivent être pris en compte. Mais dans les faits, il en est tout autre. Au regard de la puissance économique et diplomatique des États du Golfe, la direction générale de l'aviation civile (DGAC) a le plus souvent négocié ces derniers années avec un mandat ayant fait l'objet d'un arbitrage au plus haut niveau de l'exécutif, après plusieurs réunions interministérielles agitées.